Avec l’avènement de la Couverture maladie universelle (Cmu), les acteurs culturels disposent d’une opportunité de se faire soigner en cas de besoin. Mais beaucoup d’entre eux ne remplissent pas les critères qui leur permettront d’en bénéficier. S’y ajoute, selon Babacar Diouf, que 50 des 100 millions promis par l’Etat n’ont toujours pas été dégagés.Comment fonctionne la mutuelle de santé des acteurs culturels ?

La mutuelle fonctionne dans quelques régions, dans d’autres ça tarde. A Dakar, ils ont commencé les prestations. Nous avions signé 116 conventions. Parce qu’à Dakar, nous avons identifié 123 postes et centres santé. En dehors des hôpitaux, on avait signé avec les postes et centres de santé. Mais quand ils ont voulu démarrer, certains centres ont eu des problèmes administratifs et il va falloir reprendre les conventions. Ça c’est un premier niveau. Le deuxième niveau, c’est qu’à Dakar, ils ne sont pas nombreux à s’être acquittés de leurs cotisations. Il est difficile de voir un acteur à jour de ses cotisations. Ce qui fait que ça tarde. Maintenant là où on a vraiment dépassé ce niveau, c’est à Ziguinchor, Fatick et Sédhiou. Thiès a commencé. Nous avons fini de signer les conventions et ils n’attendent que ceux qui sont à jour pour bénéficier des soins. On parle souvent de grands noms de la culture qui tombent malades et qui ont besoin de prise en charge. Or le modèle économique d’une mutuelle, d’autant plus quand celle-ci se fonde exclusivement sur la couverture maladie universelle pour un début, c’est de ne venir en soutien qu’à ses propres membres. Pour bénéficier des soins de la mutuelle, il faut être à jour de ses cotisations.

Comment expliquer que certains acteurs culturels ne puissent toujours pas bénéficier de la prestation de leur mutuelle de santé pour se faire prendre en charge médicalement ?
Certains ont aujourd’hui leur carnet simplement parce qu’ils ont été pris en charge par d’autres personnes. Au cours de manifestations, nous avons tout fait pour augmenter le nombre. Nous les avions enrôlés et certains ne sont jamais revenus. Et même, il y en a qui n’ont pas déposé leurs photos ou leur photocopie de carte d’identité encore moins celles des personnes prises en charge. Dans ces conditions, vous savez pertinemment que vous ne pouvez pas être bénéficiaire. Pour l’essentiel des artistes dont il est question, très souvent, vous si avez au quotidien une prise en charge, c’est parce que quand on vous paie sur votre salaire brut, il y a des retenues qui font que vous cotisez pour la prévoyance maladie. Mais ici les artistes sont payés d’une manière informelle, par prestation et ils viennent volontairement souscrire une adhésion à la mutuelle et c’est eux-mêmes qui viennent pour verser leurs cotisations. On a beau sensibiliser, communiquer mais la personne quand elle tombe malade, elle ne pourra pas être prise en compte.

Qu’est-ce qu’il faut pour changer la donne ?
Il faudrait qu’au Sénégal, on comprenne que pour mettre en place une mutuelle, ça repose sur le principe de l’entraide et de la solidarité. C’est-à-dire il y a un grand nombre qui verse une petite cotisation mais qui parviendra à prendre en charge dans le groupe ceux qui malheureusement seront malades. C’est le principe de la mutuelle. Mais ici, on est toujours dans la logique de gratuité. Et quand on est malade, avec l’émotion, on joue sur ce registre-là. C’est vrai qu’il nous est arrivé de venir en aide à pas mal d’acteurs. Mais nous ne pouvons pas faire une liste parce que de toute façon dans le domaine de la santé, il y a le secret professionnel. Mais même la semaine dernière, j’ai aidé un artiste de renom qui a dès le départ montré l’intention de participer mais n’est pas allé au bout de sa logique de prendre en charge les membres de sa famille. Si vous êtes souffrant et surtout si vous avez une maladie dont les soins sont coûteux, vous pouvez venir souscrire à la mutuelle.

Peut-on avoir une idée du nombre d’acteurs culturels enrôlés pour bénéficier des services de la mutuelle de santé ?
En décembre 2020, nous étions à 12 mille et quelques adhérents. Ce qui nous faisait 30 mille bénéficiaires. Parce que chaque adhérent a au moins deux personnes en charge. Mais certains vont jusqu’à cinq, six, d’autres vont au-delà même. Il faut le dire, c’est pratiquement pour cinq des quatorze régions du Sénégal. Tambacounda va très prochainement commencer les soins. En dehors de Tamba, les huit (8) autres régions sont à moins de 500 adhérents par région. Notre seuil minimal, c’est 500 adhérents. Ce qui fait au moins 1500 bénéficiaires pour que nous puissions commencer les prestations.

Qu’en est-il des 75 millions de nos francs de Youssou Ndour pour alimenter la mutuelle de santé des artistes ? Et on parle de supposé détournement des 100 millions de francs offerts par le président de la République pour ladite mutuelle ?
Pour les 75 millions franc Cfa de Youssou Ndour, il a remis ça depuis 2018. Pour les 100 millions de francs Cfa du président de la République, nous avons reçu les 50%.

Confirmez-vous qu’il n’y a pas eu de détour­ne­ment comme le pensent certains ?
Non ! Non ! Un détournement, c’est aller en accusation. On nous avait annoncé 100 millions, on a reçu les 50%.

Où se trouvent les autres les 50%?
Nous attendons encore les 50% .

Vous vous en limitez à cela ?
Parce que nous pensons que nous allons les recevoir.

Dans combien temps pen­­sez-vous recevoir le reliquat ?
Je ne sais pas.