Micro ouvert… Papisco, infirmier et chanteur, sur la gestion de la pandémie : «Ce n’est pas le Covid-19 qui tue nos malades…»

Il est actuellement sur deux fronts pour aider à vaincre la troisième vague du Covid-19. Papisco, infirmier et chanteur, nous parle des actes qu’il pose sur le terrain pour aider les populations à être hors de portée du virus depuis le poste de santé privé catholique Notre Dame du Sacré-Cœur de Gandigal, dans la commune de Malicounda, ou il est en poste.
Quelle est votre mission première entre le fait d’être infirmier et chanteur en cette période de pandémie sur fond de troisième vague avec son lot de morts ?
En tant qu’infirmier, chanteur et ambassadeur des agents de santé, la sensibilisation des masses reste ma mission première et mon combat. D‘où la sensibilisation individuelle de mes patients lors de mes séances de consultations et à travers les causeries que nous autres, personnels du poste de santé Notre Dame du Sacré-Cœur de Gandigal, faisons journellement pour nos patients.
Et la musique dans tout ça ?
En tant que porteur de voix, d’artiste-chanteur, ma mission est la conscientisation des populations. Mais j’ai composé une chanson pour encourager et remercier tous les agents de santé du monde entier. La chanson que j’ai et intitulée Chapeau aux Agents de la Santé doit entrer dans l’oreille du ministère de la Santé, dans l’optique de participer à l’élaboration d’un plan d’action pouvant améliorer considérablement le niveau de prise en charge du Covid-19 et changer parallèlement le fonctionnement du système sanitaire.
Il y a une bordée de critiques sur la gestion de la pandémie. Qu’en pensez-vous ?
Dans l’ensemble, le constat est que la gestion de la 3ème vague du Covid-19, qui enregistre journellement des lots de morts, n’est véritablement pas ce qu’elle devrait être. A mon avis, non seulement il manque considérablement l’appui financier et l’accompagnement de l’Etat vis-à-vis des structures sanitaires surtout privées, mais aussi on note un manque d’organisation notoire dans la gestion de cette 3ème vague du Covid-19. Ce que je dénonce, c’est le mauvais fonctionnement de notre système sanitaire. Ce qui me fait dire en toute tristesse qu’en réalité, ce n’est pas le Covid-19 qui tue nos malades mais c’est plutôt le mauvais fonctionnement de notre système sanitaire qui les tue. Une mauvaise gestion avec une multitude de manquements parmi lesquels la mauvaise communication sur la maladie, l’absence de dotation des structures sanitaires de matériels pour le respect des mesures barrières, l’absence de dotation de tests Covid-19 dans toutes les structures sanitaires publiques comme privées, la mauvaise Pec (prise en charge) des patients testés positifs au Covid-19. De la confirmation du diagnostic de la maladie jusqu’au devenir du malade en passant par le traitement proprement dit, le manque de communication dans la prise en charge des références de patients présentant des signes de la maladie ou autres jusqu’à l’insuffisance des centres de traitement Covid-19 et l’insuffisance de personnel soignant déployé pour la prise en charge spécifique de la maladie, le manque d’oxygène dans les structures publiques comme privées. La non implication des structures privées dans la prise en charge du Covid-19, les mauvaises conditions de vie du personnel soignant, les problèmes sont nombreux.
Recueillis par Amadou MBODJI – ambodji@lequotidien.sn