Microfinance – Situation des institutions : Activité morose pour les Sfd
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L’activité des institutions de microfinance, au 3ème trimestre 2024, est marquée par une évolution négative des principaux indicateurs, malgré l’accroissement des fonds propres et l’augmentation du nombre de membres et clients.Par Dialigué FAYE –
Une évolution négative des indicateurs-clés des institutions de microfinance. Au 3e trimestre, le montant des emprunts des Systèmes financiers décentralisés (Sfd), par exemple, «s’est établi à 143, 5 milliards de francs Cfa contre 162, 8 milliards de francs Cfa au trimestre précédent, soit une baisse de 11, 9%. Cette situation, consécutive à la régression des emprunts à terme de 13, 1%, est particulièrement favorisée par les emprunts des Sfd de type sociétés commerciales qui ont enregistré une baisse de 10, 2%. Comparativement à la même période de l’année 2023, les financements reçus par les Sfd ont progressé de 9%, correspondant à une augmentation de 11, 8 milliards de francs Cfa», selon la dernière note de la Direction de la réglementation et de supervision des Sfd.
Baisse de l’encours des dépôts des clients
Pour ce qui concerne l’encours des dépôts, il a aussi connu un repli de 1, 6% par rapport au trimestre précédent en se situant à 565, 6 milliards de francs Cfa. Cette situation, d’après la Drs/Sfd, «est consécutive aux régressions respectives de 1, 5% des dépôts à vue et de 7, 7% des autres dépôts, contrairement aux dépôts à terme qui ont affiché une progression d’1% sur la période sous revue. Sur une base annuelle, les dépôts ont augmenté de 48 milliards de francs Cfa, soit une croissance de 9, 3% sur la période.
Les dépôts des hommes et des femmes représentant, respectivement, 51% et 27% de l’encours total, ont crû de 0, 7% et 1, 3%, pour ressortir à 289, 5 milliards de francs Cfa et à 150, 4 milliards de francs au 3ème trimestre de 2024. Quant aux personnes morales, concentrant 22% de l’encours total, leurs dépôts ont enregistré une régression de 9, 3% pour s’établir à 125, 6 milliards de francs Cfa à la fin du 3ème trimestre 2024.
Sur le plan macroéconomique, l’encours total des dépôts, au 3ème trimestre 2024, correspond à 3, 7% du Pib et à 6, 3% des dépôts bancaires, soit un repli de 0,1 point de pourcentage par rapport au trimestre précédent. S’agissant des dépôts à vue qui correspondent à 1, 7% du Pib, il est noté une stagnation de sa part par rapport au Pib sur la période sous revue. Quant aux dépôts à terme, ils ont représenté 1, 4% du Pib et leur part du Pib est ressortie invariable sur la période».
Une baisse des financements alloués
La production de crédits n’est épargnée par cette morosité. A preuve, mentionne la Drs, «au 3e trimestre 2024, le montant des crédits octroyés a enregistré une baisse de 4, 4% par rapport au trimestre précédent, pour s’établir à 189, 6 milliards de francs Cfa. En effet, 149 790 crédits ont été accordés au troisième trimestre, faisant ressortir le montant moyen des financements à 1 265 635 francs Cfa. Cette situation est favorisée par la diminution des financements accordés aux femmes estimée à 3% et aux personnes morales, 18,5%, contrairement à ceux destinés aux hommes, 1,2.
Tenant compte du type de Sfd, cette régression des financements est observée chez les Imcec affiliées qui ont connu un recul d’1% et les sociétés commerciales, 3, 7% contre une hausse de 5, 5% des crédits distribués par les Imcec non affiliées. En comparaison à la même période de l’année précédente, la production de crédit annuelle a augmenté de 7, 6%, soit un surplus de 13, 3 milliards de francs Cfa».
Une baisse de l’encours de crédits auprès des membres ou clients
S’agissant de l’encours de crédit, il «s’est établi à 746, 5 milliards de francs Cfa au 3ème trimestre 2024, après une baisse de 4, 2% par rapport au trimestre précédent. Cette situation découle des dépréciations respectives des financements accordés aux hommes de 11, 3% et aux personnes morales, 15, 5%, contrairement à ceux des femmes qui ont enregistré une hausse de 30, 2%. Sur une base annuelle, l’encours de crédit des Sfd a connu une croissance de 12, 2%, soit une augmentation de 81, 3 milliards de francs Cfa.
L’encours des crédits sains, au terme du 3ème trimestre 2024, est ressorti à 690, 1 milliards de francs Cfa, soit une décroissance de 5, 1% par rapport au trimestre précédent. Cette situation résulte des baisses respectives des crédits sains à court terme de 10, 6%, moyen terme, 1, 5% et long terme, 2, 9%.
Sur le plan macroéconomique, le taux de financement de l’économie par les Sfd est ressorti à 4,8 % du Pib au 3e trimestre 2024. L’encours de crédit représente 9, 8% du crédit à l’économie, soit une régression de 0, 4 point de pourcentage sur la période».
Une dégradation continue de la qualité du portefeuille de crédits
Quid des crédits en souffrance ? Leur encours «est ressorti à 56, 4 milliards de francs Cfa, soit une hausse de 8, 1% par rapport au trimestre précédent et de 29, 9% sur une base annuelle. Ainsi, le taux de créance en souffrance a progressé de 0, 9 point de pourcentage pour ressortir à 7, 5%, se situant au-dessus de la norme réglementaire de 3%. Cette dégradation de la qualité du portefeuille est consécutive aux hausses des taux de crédit en souffrance chez les hommes et personnes morales au niveau des différents types de Sfd».
Hausse des fonds propres des Sfd
Toutefois, «les fonds propres des Sfd sont passés de 215, 8 milliards de francs Cfa au 2ème trimestre 2024 à 216, 3 milliards de francs Cfa au 3ème trimestre 2024, soit une hausse de 0, 2%. Cette situation découle des hausses respectives des fonds propres détenus par les sociétés commerciales d’1,4% et les Imcec non affiliées, 1, 2%.
En variation annuelle, les fonds propres des Sfd ont connu une croissance de 12, 5%, soit une augmentation de 24, 0 milliards de francs Cfa».
Le nombre de membres et clients a par ailleurs grimpé. Avec une hausse de 0, 5%, cet indicateur s’est établi à «4 450 303. Ce qui correspond à un taux d’inclusion financière du secteur de la microfinance de 20, 1%».
dialigue@lequotidien.sn