Micro’ouvert – Babacar Faye, chef du département Content Factory de Orange : «Il faut un cadre légal pour la chronologie de sortie des œuvres»

Dans le cadre du Festival international du documentaire de Saint-Louis, la distribution et la diffusion ont été au cœur des discussions. Occasion pour le chef du département Content Factory de la Sonatel, Babacar Faye, d’appeler à la mise en place d’un cadre légal autour de la rentabilisation des productions audiovisuelles.Wido cherche aujourd’hui à enrichir son catalogue de productions. Quels sont les enjeux pour vous ?
Les enjeux, c’est d’avoir le meilleur du secteur. Nous avons mis en place cette application dans cet objectif-là et le meilleur, c’est en termes de qualité. Et qui dit qualité parle forcement de casting, d’image et de son, etc. Et l’enjeu, c’est d’accompagner la production culturelle locale et à travers cet accompagnement, leur offrir une fenêtre pour se développer, se retrouver dans ce qu’ils font. Ou en tout cas, dans ce que les acteurs font. Et c’est important pour nous parce que nous avons des réseaux de nouvelle génération qui sont des réseaux de qualité et qui permettent à nos abonnés d’appeler, d’envoyer des messages, de se connecter mais aussi de regarder et d’échanger des fichiers multimédia. C’est important pour nous de leur donner la possibilité de regarder des contenus, des œuvres audiovisuelles à travers ce réseau-là.
Vous avez déploré l’absence d’un cadre légal autour de la rentabilisation des productions audiovisuelles…
C’est important qu’il y ait un cadre légal pour la chronologie de sortie des œuvres. Ca permet aux producteurs, aux investisseurs de se retrouver dedans. Ca permet d’assurer un revenu optimal pour chaque étape de la diffusion et ce cadre-là, j’espère que les professionnels vont y réfléchir très vite. Parce que la production se développe de plus en plus et on a besoin de ce cadre-là pour que les investisseurs s’y retrouvent. Sinon, on est en train de mettre des coups d’épée dans l’eau.
Et Wido, dans ce cadre légal, s’inscrirait où ?
Wido s’inscrirait dans la Svod, c’est-à-dire de la Vod à l’abonnement. Ça vient totalement après la sortie en salle, après la Tv payante. Il y avait des supports physiques comme le Dvd ou le Blu ray qui permettaient d’avoir de l’exclusivité sur le contenu mais qui sont en train de disparaître. Mais aujourd’hui, après toutes ces étapes de Tvod, la location à l’acte, ça permet derrière de passer à la Tv payante, de la Svod et avant de faire de la Vod en gratuité comme YouTube. Mais il faut l’adapter à notre culture, à ce qu’on sait, à notre environnement. C’est important parce qu’on n’a pas forcément tous ces outils qui permettent de respecter la chronologie comme ça se fait ailleurs, mais qu’on l’adapte à la société locale.
Quelles sont vos ambitions pour votre plateforme ?
Pour Wido, l’ambition reste d’accompagner les meilleurs projets déjà en amont et de les diffuser et de les faire connaître à tous ceux qui sont férus de culture sur cette plateforme. On l’a lancé depuis 2019 et on prend un virage important depuis cette année et en 2022, vous verrez que cet élan sera beaucoup plus prononcé. C’est important pour nous d’avoir des projets et que les gens qui investissent dans ces projets s’y retrouvent pour avoir un canal leur permettant de développer encore plus leurs activités de productions, de réalisations et de s’y retrouver.
Est-ce que vous avez un modèle financier qui vous permet de refinancer les productions ?
Il n’y a pas de modèle financier fixe. Il faut juste trouver pour chaque œuvre, le bon modèle de distribution et de diffusion. Un film doit faire son parcours en salle sur la Svod, sur la Tv. Mais sur les séries par exemple, c’est différent. On sait que sur une application comme Wido, ça marche très bien. Sur la Tv aussi avant de passer à YouTube. Après, sur un modèle de partenariat, on peut aller sur la production, la coproduction pour réaliser l’œuvre et après, définir les modèles de diffusion et de commercialisation. Pour les contenus qui sont déjà sur YouTube, il est difficile de faire du chiffre d’affaires après sur d’autres canaux parce que c’est gratuit et que c’est accessible à tout le monde.
Il y a aussi le problème du paiement que les Sénégalais ont un peu de mal à accepter…
Absolument. Mais Wido répond à cette problématique parce que le paiement est démocratisé. Il se fait par crédit téléphonique, par Orange Money et d’autres moyens de paiement. Ca permet à tout le monde, en tout cas ceux qui sont dans les pays de présence de la Sonatel, de pouvoir accéder à ces moyens de paiement.
Et en termes de chiffre d’affaires, Wido représente quoi ?
Wido est en train de grandir on va dire. Et étape par étape, depuis 2019, nous avons des croissances positives à deux chiffres et qui nous permettent de développer l’activité. On n’a pas encore atteint une vitesse de croisière qui nous permet de dire que Wido a pu générer un chiffre d’affaires conséquent, mais on espère qu’en 2022, les porteurs de projets nous permettront d’y arriver et on leur fait un clin d’œil. Ils ont une plateforme pour rentabiliser leur production avant de passer en Tv et sur YouTube.
Propos recueillis par Mame Woury THIOUBOU
(mamewoury@lequotidien.sn)