MICR’OUVERT… El Hadj Seydi, président d’honneur du Mouvement «Karbon-14» : «Cette statue vient corriger une injustice faite à Cheikh Anta»

Président d’honneur du Mouvement «Karbon-14», qui regroupe les étudiants héritiers et sympathisants du Professeur Cheikh Anta Diop, El Hadj Seydi salue la satisfaction de leur doléance, une place et une statue pour le parrain de l’Ucad.
Qu’est-ce que cela vous fait de voir une statue de Cheikh Anta Diop devant l’université qui porte son nom ?
Permettez-moi avant de revenir sur mes impressions sur l’érection de cette place et de la statue du Pr Cheikh Anta Diop, de faire un petit rappel de la genèse et des objectifs du Mouvement, Karbone 14, «Je suis Cheikh Anta Diop». C’est un mouvement qui regroupe les étudiants héritiers et sympathisants du Professeur Cheikh Anta Diop. Il est né dans un contexte où la pensée du Pr Cheikh Anta Diop est délaissée. Face à cette situation, Karbone-14 s’est fixé comme objectif principal la réhabilitation et la promotion de la production intellectuelle du grand Professeur. En mars 2019, nous avons initié la marche «5000 étudiants marchent pour Cheikh Anta Diop», pour exiger l’érection d’un mémorial Cheikh Anta Diop à l’Ucad, entre autres. Ça a toujours été une vieille doléance pour nous. Dans nos revendications à chaque anniversaire de CAD depuis 2017, nous avons toujours réclamé la place Cheikh Anta Diop et l’érection d’un monument. Donc ça vient à son heure, cette statue qui est l’œuvre du directeur qui a compris quand il est arrivé que nous devons rendre hommage de façon pharaonique au professeur Cheikh Anta Diop. Les hommages qui devaient lui être rendus, l’université ne lui a jamais rendu ces hommages. Cheikh Anta Diop a été toujours été délaissé, oublié. Ce qui est révoltant surtout, c’était de voir à chacun de ses anniversaires quand on demandait aux étudiants de l’Ucad qui était leur parrain, ils n’étaient pas en mesure de répondre. Donc nous «Cheikh Antaïstes du Mouvement karbon-14», nous ne pouvons que nous réjouir de la place et de l’érection de la statue Cheikh Anta Diop qui, au-delà d’être hautement symbolique, est la renaissance incarnée du professeur à travers la connaissance. Par cette statue, les étudiants de l’Ucad pourront mettre un visage sur le nom de leur parrain. Cette statue vient corriger une injustice qui faisait que cheikh Anta était absent partout à l’Ucad. Voilà pourquoi nous félicitons le directeur Abdoulaye Saïdou Sow, (Ndlr nommé ministre de l’Urbanisme, du logement, et de l’hygiène publique en remplaçant de Abdou Karim Fofana) qui est un panafricain. Parce qu’en le faisant, il n’a fait qu’exprimer une idée panafricaniste.
Certains craignent qu’elle ne soit déboulonnée un jour par des étudiants ?
Il faut reconnaître que la statue est implantée à une place névralgique, stratégique qui fait souvent office de théâtre d’affrontements entre les Forces de l’ordre et les étudiants. De ce fait, nous avons une petite crainte à ce niveau. Nos frères et amis étudiants sont imprévisibles mais doués de raison. Nous restons positifs et nous ne pensons à aucun moment qu’on en arrive à une situation de désacralisation de la statue qui a été bien accueillie par la communauté universitaire. Cependant nous sommes en train de prendre les devants pour éviter l’irréparable. Les jours à venir nous comptons aller vers de vastes assises avec tous les acteurs pour que cette place et sa statue soient érigées en zone protégée, patrimoine de l’Ucad. Le déboulonnement de certaines statues qui rappelle le passé colonial ou le racisme n’a rien à voir avec la statue du professeur qui exprime la renaissance et le génie africain.
Quel appel lancez-vous aux étudiants ?
Le message du Mouvement Karbone 14 à l’endroit des étudiants est un message de paix, de responsabilité, de respect et de compréhension de tous et de toutes pour conserver et valoriser la mémoire collective à travers cette statue. Au-delà des étudiants, les autorités universitaires, l’Etat, les forces de l’ordre doivent coopérer et s’impliquer dans la protection de cette place en faisant de sorte que les étudiants n’aient pas besoin pour des questions de bourses et autres, de descendre dans la rue.