Les autorités espagnoles ont arrêté, mardi, 16 personnes qui étaient à bord d’une embarcation ayant fait naufrage le 24 août. Ce jour-là, 70 migrants ont perdu la vie et 250 ont été secourus. Certaines des victimes, accusées de sorcellerie, auraient été jetées par-dessus bord.

La Police espagnole a arrêté, le mardi 2 septembre, 16 passagers d’une embarcation -aussi appelée «cayuco»- secourue au sud des îles Canaries le 24 août. Ce jour-là, plusieurs dizaines de personnes -70, selon les autorités- sont mortes dans le naufrage de l’embarcation. Deux-cent-cinquante-et-un migrants ont également été secourus.

Des sources impliquées dans l’enquête ont déclaré à l’agence de presse Efe que des arrestations ont été effectuées à la lumière des témoignages des survivants. Ils affirment que le «cayuco» est parti avec environ 300 personnes à bord -un chiffre que certains estiment même à 320. L’embarcation, partie du Sénégal, avait été repérée par un navire marchand le dimanche 24 août, à 429 km des îles Canaries, à l’ouest de Dakhla, au Maroc. C’est le Secours maritime espagnol qui, depuis Grande Canarie, a décidé d’envoyer un bateau pour porter secours au canot, étant donné que Rabat, qui partage la responsabilité du sauvetage dans ces eaux avec l’Espagne, avait signalé qu’il ne disposait pas de ressources nécessaires pour gérer cette urgence. Les migrants ont été déposés au port d’Arguineguin. Les 251 survivants ont confirmé à Efe qu’ils étaient restés dans l’océan pendant 11 jours, à la dérive, après la panne de leur moteur.

Jetés à la mer, accusés de sorcellerie
Dans ces circonstances, racontent les survivants, plusieurs dizaines de compagnons sont morts de faim et de soif, d’autres se sont jetés à la mer après avoir montré des signes de délire dus à la déshydratation. Selon des sources judiciaires espagnoles, certains des passagers ont aussi connu des morts violentes.

La police a récolté des témoignages selon lesquels des meurtres ont été commis lors de ce voyage : des passagers auraient été exécutés intentionnellement en mer, parce qu’accusés de sorcellerie. Les personnes auraient été jetées par-dessus bord.

En novembre 2024, un drame similaire avait eu lieu sur la route des Canaries.
Quatre migrants avaient été tués par les conducteurs d’une pirogue car ils les soupçonnaient d’être à l’origine d’une malédiction empêchant le canot d’avancer.

Ces quatre hommes, désignés comme des «vampires» par les pilotes, ont été battus puis jetés à l’eau ligotés, certains encore vivants. Une enquête avait été ouverte. Fin décembre, sept personnes, originaires du Sénégal, de Gambie et de Guinée-Bissau, avaient été interpellées à Las Raíces, le centre d’hébergement d’urgence de l’île de Tenerife, où ils séjournaient depuis leur arrivée.
La plupart du temps, les canots qui tentent la route des Canaries quittent les côtes mauritaniennes, gambiennes ou sénégalaises.

Leurs passagers, qui fuient la pauvreté et le chômage, embarquent clandestinement sur ces pirogues précaires, complètement inadaptées à de telles traversées. Selon les autorités espagnoles, 12 000 exilés sont arrivés aux Canaries depuis le début de l’année, contre 25 000 sur la même période l’année dernière (-52%).
Avec infosmigrants