Même si l’approche sécuritaire est en bonne voie, selon le directeur du Centre des hautes études de défense et de sécurité (Cheds), il y a encore des actions à mener en amont, pour prévenir les menaces liées à l’exploitation aurifère dans les régions de Kédougou et Tambacounda. Alors que pour la Directrice régionale de l’Iss, il est véritablement l’heure d’investir dans les zones aurifères, pour «éviter le pire dans le sud-est du Sénégal».Par Ousmane SOW

– Que faire pour prévenir l’extrémisme violent dans le sud-est du Sénégal, riche en or ? «L’ap­proche sécuritaire est en bonne voie et les autorités du Sénégal mesurent leurs res­ponsabilités, quant à cette situation dans le sud-est de notre pays. Mais à côté de cette réponse sécuritaire, une ré­ponse structurée, mieux structurée sur le plan socio-économique, est en train d’être mise en œuvre», répond clairement le Général Mbaye Cissé, le directeur du Centre des hautes études de défense et de sécurité (Cheds), qui a présidé hier l’atelier de partage du rapport consacré à la prévention de l’extrémisme violent dans les zones aurifères.
Ce document, produit con­jointement par le Cheds et l’Institut d’études et de sécurité (Iss), vise à documenter les me­naces liées à l’exploitation aurifère. «Aujourd’hui, la prise en charge de la question sécuritaire n’est pas seulement une ré­ponse directe par les acteurs directs de la sécurité. Il y a des actions à mener en amont et ce que nous avons fait aujourd’hui (hier) participe de ces actions, c’est-à-dire analyser, anticiper», explique le directeur du Cheds.
Aujourd’hui, la présence physique ou la matérialisation des attaques des groupes terroristes n’est pas l’unique indice à prendre en compte, dans l’étude du phénomène. Selon Général Mbaye Cissé, des territoires peuvent être utilisés comme bases-arrière ou sources de financements d’activités terroristes. Comme à Tamba ou Kédougou. «C’est une dynamique globale qu’il faut appréhender et je pense que l’étude a permis aux équipes de Cheds et d’Iss, de faire le tour d’horizon et poser sur la table une panoplie de questions et de réponses aux autorités, acteurs de la Société civile, à tout ce qui sont concernés par la prévention de l’extrémisme violent et la prise en compte de toutes les menaces qui planent sur la sécurité humaine», espère-t-il.
En écho, Lori-Anne Théroux-Bénoni, Directrice régionale de l’Iss, affirme qu’il ne suffit pas seulement de mener des études sérieuses, ni de publier des rapports de qualité, pour régler les questions sécuritaires liées à l’exploitation aurifère. «C’est l’utilisation de nos travaux par les décideurs, qui constitue notre mesure de succès», précise-t-elle. Mme Lori-Anne Théroux-Bénoni espère une réglementation du secteur de l’orpaillage, pour amoindrir les risques. «J’ose espérer que les différentes pistes de solutions que nous avons proposées et dont nous avons débattu aujourd’hui (hier), seront utilisées par les décideurs présents et leurs partenaires techniques et financiers. Il est nécessaire que l’Etat du Sénégal continue d’adopter une approche préventive, holistique et intégrée. Une telle approche comprendrait l’accélération du processus devant mener à une formalisation de l’orpaillage, l’exploitation minière artisanale, mais aussi la réduction des déséquilibres sociaux, économiques et les dynamiques conflictuelles pour limiter les opportunités de recrutement, d’implantation et de financement des groupes extrémistes violents», enjoint Lori-Anne.
Face à la situation actuelle, la Directrice régionale de l’Iss insiste sur le renforcement des dispositifs sécuritaires en harmonie avec les besoins des populations, pour limiter certainement les trafics et les possibilités d’infiltration par le biais des mouvements migratoires massifs, engendrés par l’orpaillage. «Des réponses intégrées, conçues pour se renforcer mutuellement et générer des impacts à court, moyen et long terme, sont nécessaires pour éviter le pire dans le sud-est du Sénégal. Il n’est pas trop tard pour agir. Mais, les données ont montré qu’il est véritablement l’heure de le faire», presse Lori-Anne Théroux-Bénoni. A bon entendeur…
Stagiaire