Aminata Touré se dit toujours engagée à servir le Sénégal. Mais dans la coalition présidentielle ou dans l’opposition ? Son départ d’hier de la tête du Conseil économique, social et environnemental a marqué le fossé qui le sépare de Macky Sall.

Aminata Touré ne digère pas son limogeage du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Hier, elle a évité le nom du Président Macky Sall durant tout son discours d’adieu devant la presse et son staff. A part Dieu et ses collaborateurs au Cese, Mimi Touré, malgré une déclaration de plus de 9 minutes, n’a prononcé ni le nom du président de la République qui l’avait nommé, encore moins celui de son successeur à la tête du Cese, Idrissa Seck. D’ailleurs, elle n’a pas souhaité sacrifier à la traditionnelle cérémonie de passation de services, semble-t-il. D’autres sources confient qu’elle ne voulait pas se conformer à la directive du chef de l’Etat d’éviter tout folklore dans les cérémonies de passation. Quoi qu’il en soit, Aminata Touré a juste déposé ses rapports d’activités durant ses 16 mois aux commandes de cette institution consultative. Une attitude qui traduit un malaise dans la mouvance présidentielle au moment où des velléités de grincements de dents sont notées dans les rangs de l’Apr qui a vu de hauts responsables quitter le gouvernement lors du dernier remaniement ministériel. Après cet acte de défiance, l’avenir de l’ancienne Envoyée du chef de l’Etat s’écrit-il toujours à l’Apr et dans la mouvance présidentielle ? «Je vous donne rendez-vous, pour d’autres questions, en dehors d’ici (siège du Cese)», a balayé Mimi Touré. Avant d’ajouter : «Evidemment, nous aurons beaucoup de choses à discuter, pendant très longtemps. Mon engagement pour le Sénégal ne se perdra qu’avec mon dernier souffle. Tout a commencé pour moi au Sénégal et tout se terminera ici au Sénégal, notamment auprès de cette jeunesse qui a besoin d’un soutien venant de partout.»

«Je voudrais vous dire le plaisir que j’ai d’avoir servi la République depuis
8 ans»
Dans un style assez décontracté, Mimi Touré, masque au visage et entourée de ses collaborateurs, a semblé faire ses adieux à Macky Sall qu’elle accompagne dans l’exercice du pouvoir depuis 2012. Son bilan ne s’est donc pas limité au Cese. «Je voudrais vous dire le plaisir que j’ai d’avoir servi la République depuis 8 ans après avoir mené une carrière professionnelle. Aujour­d’hui, ma mission arrive à terme», dira-t-elle. L’acte d’hier est le troisième en 4 jours pour l’ancienne présidente du Cese, limogée la semaine dernière par le Président Macky Sall pour faire de la place à Idrissa Seck. Avant, Mimi a démenti les informations du journal Libération qui expliquait sa défenestration pour cause de «mauvaise gestion» sur fond de «malversation». Le deuxième est intervenu jeudi de la part de Aminata Touré qui a annoncé qu’elle n’allait pas procéder à une passation de services comme ce fut le cas d’ailleurs avec son prédécesseur, Aminata Tall. Par ailleurs, la responsable apériste de Kaolack a profité de son départ pour défendre le Cese, considéré dans un passé récent par son nouveau président Idrissa Seck, comme une institution budgétivore à supprimer. «Le Cese est une institution qui a toute sa pertinence dans l’architecture de l’Etat du Sénégal. C’est une institution consultative qui doit perdurer et nous avons, au cours de ces 16 mois, produit des rapports. Le dernier en date, c’étaient nos recommandations sur la gestion des conséquences du Covid-19», a-t-elle conclu.