Le département de la Culture devient un «ministère plein» et l’ancien secrétaire général du gouvernement, Abdou Latif Coulibaly, hérite du portefeuille. Il devient le quatrième ministre de la culture sous la présidence Sall (il y a eu Youssou Ndour, Abdoul Aziz Mbaye et Mbagnick Ndiaye). Journaliste, essayiste et romancier, le nouveau ministre est un intrus qui fréquentait déjà la maison.

Le nouveau ministre de la Culture est un essayiste. Abdou Latif Coulibaly, on ne le présente plus au Sénégalais. L’homme a marqué les esprits avec de nombreux essais et brûlots. Journaliste d’investigation reconnu, ses enquêtes, reportages et autres articles font autorité dans le paysage médiatique au Sénégal. De lui, on peut citer : Le Sénégal à l’épreuve de la démocratie : enquête sur 50 ans de lutte et de complots au sein de l’élite socialiste, (1999), Wade, un opposant au pouvoir : l’alternance piégée ?, (2003), Affaire Me Sèye : un meurtre sur commande, (2005), Une démocratie prise en otage par ses élites : essai politique sur la pratique de la démocratie au Sénégal, (2006), Loterie nationale sénégalaise : chronique d’un pillage organisé, (2007), mais aussi Contes et mécomptes de l’Anoci, (2009) ou encore La République abîmée, (2011). L’enfant de Sokone qui a surtout été un éditorialiste réputé durant une vingtaine d’années au groupe de presse privé Sud Communi­cation peut également se targuer d’être un écrivain parce qu’il a publié en 2007 un roman : La Ressuscitée. Mais son profil d’auteur fait-il forcément de lui un culturel ?
Abdou Latif Coulibaly, connu pour son franc-parler et son courage intellectuel, a sous le magistère du Président Macky Sall d’abord été ministre-conseiller à la Présidence, puis ministre de la Promotion de la bonne gouvernance et porte-parole du deuxième gouvernement de Abdoul Mbaye, avant de devenir Secrétaire général du gouvernement à l’avènement de Maham­med Boun Abdallah Dionne à la Primature. Depuis hier, il a quitté ce poste pour hériter du département de la Culture. Le nouveau locataire du 12ème étage de l’immeuble Adja Fatou Nourou Diop n’est donc pas un inconnu du public. Il reste tout de même un intrus qui posera ses marques au moment où, comme l’a souligné le chef du gouvernement, cette station devient «un ministère plein». Le chef de l’Etat, fait savoir M. Dionne, veut redonner sa vraie dimension au secteur de la culture. Une décision qui sera certainement bien accueillie par les acteurs culturels. Ces derniers, en effet, se sont toujours plaints du fait que le ministère soit jumelé à d’autres secteurs différents de la culture. Sous Youssou Ndour, beaucoup n’ont pas apprécié le jumelage entre Culture et Tourisme, encore moins sous le ministre sortant où certains considéraient que Mbagnick Ndiaye faisait la part belle à la Culture au détriment de la Communication. Le Président Macky Sall, dans la formation du nouveau gouvernement, a, semble-t-il, tenu compte des doléances des acteurs.
Quid de la nomination de l’ancien directeur de l’Institut supérieur des sciences de l’information et de la communication de Dakar (Issic) et ancien directeur de publication de l’hebdomadaire La Gazette comme ministre de la Culture ? Chacun y va déjà de son commentaire et de ses analyses. Mais après tout, c’est à l’œuvre qu’on reconnaîtra l’artiste.

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