Lorsqu’il y a un changement de régime, c’est normal que cela entraîne des changements de dénomination des ministères publics qui composent le gouvernement. Depuis que le Sénégal a pris son indépendance, les différents gouvernements qui se sont succédé ont procédé de la même manière, sans interruption remarquable. Aujourd’hui, le ministère en charge de la Santé, dénommé précédemment ministère de la Santé et de l’action sociale, a changé de dénomination. Il devient : ministère de la Santé et de l’hygiène publique.
En effet, ce changement n’est pas politiquement gratuit. En d’autres termes, ce n’est pas un simple changement de dénomination, ni d’identité nominative, mais c’est une dénomination qui porte, en partie, les intentions et la vision du Président Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko en matière de santé. Et il me semble, en théorie, que l’hygiène publique prend désormais une place importante, ce qui dénote un changement de cap, même mineur, qui mérite d’être souligné (amputation, non sans conséquences fâcheuses, pour les usagers moins nantis du secteur de la santé, de l’action sociale, au profit du ministère en charge de la Famille).

Aujourd’hui, ce changement de dénomination du ministère en charge de la Santé est intervenu dans un contexte, hors circonstances politiques, marqué par une hausse de la morbidité et de la mortalité liées aux maladies non transmissibles dans le monde. Selon l’Oms, l’infarctus du myocarde, les accidents vasculaires cérébraux, les cancers, le diabète et les affections respiratoires chroniques sont responsables de soixante-quatorze pour cent des décès dans le monde. Au Sénégal, selon le chef de la Division de la lutte contre les maladies non transmissibles, interrogé par l’Aps à Saint-Louis en juillet 2025, cinquante-trois pour cent des décès sont liés aux maladies non transmissibles.
Et pourquoi l’hygiène publique ? Pour mieux comprendre, c’est quoi l’hygiène ? Selon l’Oms, «l’hygiène est un ensemble de mesures, moyens et pratiques visant à prévenir les infections et l’apparition de maladies infectieuses».

Et l’hygiène publique ? «L’hygiène publique est une branche de l’hygiène qui suit les règles dictées par l’autorité publique, et qui a pour objet la prévention et la lutte contre les maladies dont les facteurs de risque sont liés à des environnements ou des comportements défavorables à la santé.»

Dans le sens de mieux comprendre, rappelons que la gestion des déchets, des eaux usées, la promotion de l’hygiène des mains et le maintien de systèmes d’eaux et d’assainissement font partie de l’hygiène publique, et cela contribue beaucoup, selon les spécialistes, à arrêter la propagation de maladies infectieuses.

En effet, ces éléments susvisés constituent, à vrai dire, des problèmes qui préoccupent les nouvelles autorités, autant sur le plan strictement politique que sur le plan de la préservation et du maintien de la santé des populations.
Par ailleurs, en analysant les différentes politiques de santé depuis l’alternance politique intervenue en l’an deux mille jusqu’à la date d’aujourd’hui, on observe qu’en théorie comme en pratique, le Président Abdoulaye Wade est le plus prolifique et le plus engagé dans la prévention. C’est sous son magistère que l’on a enregistré ces différentes dénominations du ministère en charge de la Santé ci-après :
Ministère de la Santé et de la prévention ;
Ministère de la Santé et de la prévention médicale ;
Ministère de la Santé, de la prévention et de l’hygiène publique ;
Ministère de la Santé, de l’hygiène et de la prévention ;
Etc. etc.
Justement, pour mieux comprendre, c’est quoi la prévention ? En 1948, l’Oms définit la prévention comme «l’ensemble des mesures visant à éviter ou à réduire le nombre et la gravité des maladies, des accidents et des handicaps». En théorie, prenant exemple sur ces différentes dénominations précitées du ministère en charge de la Santé sous le magistère du Président Abdoulaye Wade, on peut affirmer, sans risque de se tromper, qu’il est décidément le champion de la prévention, et sa vision sur la santé est claire et nette. Pour lui, «prévenir vaut mieux que guérir». En pratique, le Président Abdoulaye Wade a mis en place le programme Badienu gox, qui a pour but de promouvoir la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant.
Toujours dans le cadre de la mise en œuvre de sa politique de santé où la prévention est plus qu’importante et porte sa vision, il a créé le corps des préventionnistes déployés sur l’ensemble du territoire
national. En plus de ce programme susvisé, en droite ligne avec la prévention, le Président Abdoulaye Wade a lancé l’initiative «médecin sans blouse», qui confère au médecin, en plus de sa profession, le rôle, hors de son bureau, «d’éducateur pour la santé». Parmi tant de raisons évoquées pour étayer cette belle initiative : le temps de sensibilisation préventive insuffisant consacré au patient pendant la séance de consultation et les difficultés liées à l’accès.
Au finish, est-ce que les résultats escomptés de tous ces programmes ont été au rendez-vous ? That is the question ! La santé a un coût, qui n’est pas à la portée de tout le monde, en particulier les moins nantis d’entre nous. Alors que tous les spécialistes de santé publique et économistes de la santé s’accordent à dire que la prévention coûte moins cher que la prise en charge. Cela dit, admettons que la médecine a fait beaucoup de progrès. Elle a tellement fait de progrès qu’aujourd’hui, selon l’Oms, si des patients meurent de maladie, ce n’est pas parce que les médicaments n’existent pas, mais parce qu’ils n’ont pas les moyens de se soigner. Dans un pays comme le Sénégal où plus de trente-cinq pour cent de la population sont pauvres, la prévention est la vraie voie, la voie incontournable à suivre pour la préservation et le maintien de la santé des populations.
En résumé, ce que je crois : les programmes suivants méritent une nouvelle lecture pour améliorer la santé des populations :
-Le programme Badiénu gox ;
-L’initiative «Médecin sans blouse» ;
-Et le programme des journées de consultations médicales gratuites (je rappelle que la ministre de la Santé de la Côte d’Ivoire, en 2017, est venue au Sénégal pour s’inspirer de cette pratique).
Vive le Sénégal !
Vive la République !
Baba Gallé DIALLO
babadediana@gmail.com