Mise en accusation d’anciens ministres : Le quintet perdant

Après les fonctionnaires et les fournisseurs, la deuxième vague de poursuites dans le cadre du Force Covid-19 arrive, avec la mise en accusation de 5 ministres par l’Assemblée pour leur traduction devant la Haute cour de justice. C’est l’un des héritages explosifs du régime Sall.Par Bocar SAKHO –
Les masques tombent avec les stratégies échafaudées par le Parquet pour retracer les fonds Covid-19 qui auraient été détournés. Avec la mise en accusation d’anciens ministres du régime Sall, c’est la deuxième vague d’arrestations qui s’annonce, après celle des fonctionnaires et des fournisseurs. Et le pic s’annonce très rapidement. Hier, la Conférence des présidents et le Bureau de l’Assemblée nationale se sont réunis, avec comme ordre du jour la mise en accusation, devant la Haute cour de justice, d’anciens ministres et la lettre du ministre de la Justice sur une demande de levée de l’immunité parlementaire des députés Ndèye Saly Diop Dieng et Moustapha Diop.
Conformément à l’article 52 du Règlement intérieur, le calendrier des travaux a été établi très clairement pour épuiser l’ordre du jour : la Commission ad hoc chargée d’examiner les dossiers est convoquée le vendredi 25 avril 2025 à 10h, puis une séance plénière de ratification des membres de la commission est prévue le lundi 28 avril 2025 à 10h. Enfin, une plénière de levée de l’immunité parlementaire des députés Moustapha Diop et Ndèye Saly Diop Dieng est prévue le vendredi 2 mai 2025 à 10h.
Dans la foulée, une réunion de la Commission des lois est aussi prévue le même jour pour la mise en accusation, devant la Haute cour de justice, d’anciens ministres sous Macky. Une plénière finale pour examen et décision est prévue le jeudi 8 mai 2025 à 10h pour envoyer, devant la Haute cour de justice, Moustapha Diop (ministre de l’Industrie), Mansour Faye (ministre du Développement communautaire), Aïssatou Sophie Gladima Siby (ministre des Mines et de la géologie), Ismaïla Madior Fall (ministre de la Justice), Ndèye Saly Diop Dieng (ministre de la Famille), visés par la procédure de mise en accusation.
Que dire ? C’est une liste très attendue, surtout que les différents Directeurs de l’administration générale et de l’équipement (Dage) de certains ministres cités, à l’exception de IMF, ont été inculpés par un juge d’instruction dans le cadre du Force Covid-19. Mme Ndèye Amy Loum, ex-Dage du ministère du Développement industriel, a été placée sous mandat de dépôt pour détournement présumé de deniers publics. Tout comme Mouhamadou Bamba Amar, chauffeur au ministère du Développement industriel et des Pme, et le comptable-matières Omar Ngalla Faye, qui a été placé sous bracelet électronique dans le cadre du même dossier de détournement de deniers publics sur l’affaire des 930 millions de F Cfa.
L’ex-Dage du ministère de la Famille, Djiby Diakhaté, a consigné 62 millions F Cfa et un titre de propriété expertisé à 26 millions F Cfa. Il s’agit d’un cautionnement solidaire, qui a permis à ses collaborateurs Ndongo Mbaye et Mamadou Guèye Dramé de recouvrer la liberté, après qu’ils ont été inculpés pour un détournement présumé de 88 millions F Cfa et faux et usage faux. Valsé entre différents retours de Parquet, Aliou Sow, ex-Dage du ministère du Développement communautaire, sera encore devant un magistrat-instructeur aujourd’hui pour compléter une caution de 125 millions F Cfa, avant de recouvrer la liberté à l’image des hommes d’affaires Moustapha Ndiaye et Rayan Hachem, qui ont consigné respectivement 700 millions et 1, 8 milliard F Cfa pour bénéficier d’une mise en liberté provisoire.
Il faut savoir que le Parquet général, qui a saisi le ministre de la Justice, pour ces mises en accusation, vise les délits présumés de détournement de deniers publics, escroquerie portant sur les deniers publics. Le Parquet de Dakar, qui a hérité de ce dossier, est en train d’éplucher 8 rapports qui concernent le ministère des Mines et de la géologie, le ministère de la Culture et de la communication, le ministère de la Jeunesse, le ministère des Sports, le ministère de la Santé, le ministère de la Femme, de la famille et de la protection de l’enfance, le ministère du Développement industriel et des Pmi, et le ministère du Développement communautaire.
Sur les 1000 milliards des fonds Covid-19 dont il est question, 628 milliards de Cfa étaient tirés du Trésor public, tandis que pour 372 milliards, il s’agissait de mesures de renonciations fiscales visant à permettre à des entreprises privées nationales de pouvoir supporter le choc de la perte de leurs activités économiques et de ne pas mettre la clé sous le paillasson durant la période du Covid-19.
Le Force Covid-19 devait permettre la mise en œuvre du Programme de résilience économique et sociale (Pres) en ses 4 axes, à savoir le soutien au secteur de la santé, le renforcement de la résilience de la population et de la cohésion sociale, la sauvegarde de la stabilité macroéconomique et financière, ainsi que la sécurisation de l’approvisionnement et de la distribution des denrées alimentaires, des médicaments et de l’énergie.
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