Mise en œuvre efficace de la Zlecaf : Enda Cacid pour une alliance forte des parties prenantes

Le Centre africain pour le commerce international et le développement (Cacid), un think tank affilié au réseau d’Enda Tiers-Monde, a encore organisé, hier, un atelier multipartite sur la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Axée sur le thème : «Renforcer les alliances entre les parties prenantes pour une mise en œuvre efficace de la Zlecaf», la rencontre a réuni des représentants d’organisations de la Société civile, du secteur privé, d’institutions étatiques… «L’un des objectifs-clés de cet atelier est de sensibiliser le secteur privé sur l’opportunité que représente la Zlecaf, leur permettre d’étendre leurs activités au-delà des frontières nationales et d’accéder à de nouveaux marchés africains. Pour la Société civile, il s’agit de leur faire comprendre les enjeux du libre-échange et d’élaborer des plaidoyers destinés aux autorités. Quant aux représentants de l’Etat, ils vont partager leurs expériences par rapport aux négociations et les défis rencontrés», a déclaré Souleymane Barro. En effet, relève le Directeur exécutif du think tank, la Zlecaf peine à être pleinement mise en œuvre. Les retards sont notamment dus, selon lui, à la complexité de la nomenclature des accords et à l’absence d’un soutien suffisant au secteur privé. Pour remédier à ces obstacles, le Secrétariat de la Zlecaf basé au Ghana a lancé des instruments d’accompagnement tels que l’initiative «Guides du commerce». Cet outil aide le secteur privé à naviguer dans les règles de la Zone de libre-échange et à trouver des opportunités sur le marché africain. Par ailleurs, les «règles d’origine» ont été introduites pour garantir la provenance géographique des produits échangés. A ce jour, 96 produits ont été échangés dans le cadre de la Zlecaf, respectant à 90% ces règles.
Le directeur d’Enda Cacid a également souligné un autre défi majeur, à savoir les barrières non tarifaires qui continuent de freiner les échanges commerciaux. «Depuis 2003, 200 cas de telles barrières ont été identifiés, et 75% d’entre eux ont été résolus grâce aux mécanismes existants. Donc, l’intégration régionale et continentale demeure un enjeu stratégique pour le développement économique de l’Afrique.»
Bien que la mise en œuvre de la Zlecaf progresse, considère M. Barro, «des efforts continus de la part des Etats, du secteur privé et de la Société civile sont nécessaires pour surmonter les défis et maximiser les bénéfices de cet instrument commercial ambitieux».
Interrogé sur le départ du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la Cedeao, le Directeur exécutif du Cacid fait savoir que «la politique prend souvent le dessus sur tout, y compris le commerce». «L’Aes (l’Alliance des Etats du Sahel), c’est à l’échelle régionale, tandis que la Zlecaf, c’est à l’échelle continentale. Donc, ce qu’ils auront perdu au niveau de la Cedeao, ils pourront le retrouver au niveau de la Zone de libre-échange continentale, donc il n’y aura pas un manque à gagner», explique M. Barro.
Toutefois, précise-t-il, «quand ces trois pays quitteront la Cedeao, il y aura un effet immédiat, car cette zone est composée de 15 Etats. Si les trois Etats sortent, on va se retrouver avec 12 Etats. Donc, il y aura certainement une perte d’une partie du Pib de la Cedeao. La Cedeao va perdre également une partie de son territoire et une partie de sa population. Cet impact sera visible, parce que quand on parle d’intégration régionale, on réfléchit globalement, parce que l’intégration n’est rien d’autre que le fait que des pays acceptent de laisser une partie de leur souveraineté au profit de la communauté. Si aujourd’hui il y a un étranger qui veut investir dans la Cedeao, c’est sûr qu’il va étudier ces paramètres, car le marché va se rétrécir».
Par Alioune Badara CISS (Correspondant) – abciss@lequotidien.sn