Traduite hier devant le juge des flagrants délits du Tribunal de grande instance de Dakar, la dame Fatou Cissé a été reconnue coupable du délit de mise en vente de produit impropre à la consommation. Elle a été condamnée à 3 mois assortis de sursis en plus d’une amende de 100 mille francs Cfa.
L’affaire du riz impropre à la consommation dans laquelle l’importateur Bocar Samba Dièye a été cité a refait surface hier devant le juge des flagrants délits du Tribunal de grande instance de Dakar. Mais ce n’est pas l’homme d’affaires lui-même qui a comparu. Il s’agit des prévenus Fatou Cissé et son frère Mor Dimbé Cissé qui ont répondu des délits de mise en vente de produits impropres à la consommation. Pour comprendre cette affaire, il faut remonter à la décision rendue par la Cour d’appel sur les 22 mille tonnes de riz saisies sur le célèbre commerçant. En effet, après la saisine de cette quantité, l’expertise avait certifié en premier lieu que le produit était propre à la consommation. Mais après une contre-expertise, les experts se sont rendu compte que le riz n’était pas propre à la bouffe.
Finalement, la Cour d’appel avait ordonné la reconduction du produit saisi en aliment de bétail. Alors, certains commerçants véreux ont trouvé un modus operandi pour tromper la vigilance des consommateurs et des contrôleurs en mettant le riz dans d’autres sacs. Malheureusement, les manœuvres frauduleuses de la prévenue Cissé ont pris fin grâce à la vigilance des hommes en tenue. Dans le courant de ce mois, la police de Yeumbeul interpellait en pleine circulation un charretier transportant du riz. Interrogé, le jeune homme, frère de la mise en cause, a balancé le nom de sa sœur. Les limiers nourrissaient des soupçons sur la qualité du riz à cause de l’emballage. Les résultats des analyses du commissaire aux enquêtes économiques, par ailleurs chef de Service départemental de commerce de Pikine, leur ont donné raison. Après vérification au laboratoire, Khadim Ndiaye a constaté que le riz contenait des «insectes vivants, visibles à l’œil nu». Conclusion, le produit est impropre à la consommation. Quel subterfuge la commerçante a usé pour vendre sa marchandise ? Fatou Cissé avait changé les sacs sur lesquels étaient estampillés «aliment de bétail» et avec comme emblème un bœuf. Pour tromper la vigilance des acheteurs, elle a utilisé d’autres sacs sur lesquels sont mentionnés «qualité supérieure». Interrogée à la barre sur ce fait, elle n’a pas trouvé mieux que de dire que les sacs contenant l’aliment de bétail ne sont pas de bonne qualité. Les 30 sacs sur les 80 qu’elle aurait acquis auprès d’un certain Abdoulaye Diaw et revendus au marché Ndiarème, la prévenue dit les avoir écoulés auprès d’éleveurs et non chez des personnes pour la consommation humaine. «La tromperie est bien caractérisée. Les faits sont graves. Il s’agit là d’un problème de santé publique», dira le procureur dans son réquisitoire. Il a requis une peine de 3 mois de prison ferme et une amende de 300 mille francs Cfa contre la dame. Et pour le cas de son frère, le ministère public a demandé la disqualification des faits en complicité de mise en vente de produit impropre à la consommation. Fatou Cissé a été condamnée finalement par le Tribunal à 3 mois assortis de sursis, plus une amende de 100 mille francs Cfa et le garçon, lui, a écopé de 3 mois assortis de sursis.
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