Alea jacta est ! Les Législatives de 2017 sont maintenant derrière nous, tout au moins en principe.
Alors, et maintenant ? Quel avenir allons-nous devoir et pouvoir nous construire ensemble, en tirant si nous sommes raisonnables et responsables, une leçon de ce scrutin calamiteux et révélateur à plus d’un titre, des limites objectives de notre système politique actuel ?
Pour aborder la question, lancinante sans doute, pour beaucoup d’entre nos compatriotes, nous souhaiterions à l’entame de notre propos, citer un des continuateurs au XVIIIème siècle de Nicolas Machiavel, ce géopoliticien génial et florentin du XVIème siècle, le comte de Guibert, qui a eu à dire, s’adressant à son siècle, et nous le citons : «Les circonstances ne donnent pas aux hommes, le droit de resserrer à leur gré, les limites de leurs devoirs. Tant qu’on reste employé au service de l’Etat, on lui doit toutes ses facultés, et toutes, sans exception» (in Eloge de Catinat 1775).
Traduite en wolof, cette citation pourrait être dite : «Kougnou fal, warato meuna mom sa bop, bo dé gor.»
Ensuite, nous partirons de cette citation, pour aller vers le fond de la problématique du politicien sous nos cieux, c’est-à-dire, parler des facultés devant être légitimement attendues de nos parlementaires, hommes d’Etat putatifs, parmi d’autres.
Et aboutir, à une déclinaison en trois (03) points de ce que le Sénégalais lambda, en tant que citoyen alerte et vigilant, peut et devrait être en droit d’attendre de ses parlementaires, au-delà de leur classique contribution, à la production de nos lois et du contrôle supposé, de notre Exécutif.
L’observance, la promotion et la diffusion dans notre société, d’une éthique d’airain, quant aux affaires et services publics. Car chaque Sénégalais devrait da­vantage apprendre et pratiquer en tout temps et en tout lieu, le respect le plus scrupuleux, de tout ce dont il partage l’usage avec ses concitoyens. Parce que et hélas, dans les rues de nos villes actuelles, quand on observe ce qui s’y passe, en matière de chantiers anarchiques et interminables, de discipline ou plutôt d’indiscipline au volant, de dépôts sauvages d’ordures de toutes sortes, d’impolitesse agres­sive et de je-m’en-foutisme généralisé dans les transports collectifs notamment, et diverses occupations invraisemblables et ubuesques de l’espace public…etc. et j’en passe, il y a bien, au cas où nos parlementaires en auraient une conscience claire et responsable, encore beaucoup de pain rassis, les attendant sur la planche de leur mission.
Un contrôle effectif et efficient de l’utilisation de nos deniers publics, laquelle utilisation, est encore mal contrôlée ou pas contrôlée du tout, parce qu’incontrôlable. A cet égard, il serait souhaitable de donner à nos parlementaires, par une formation basique même sommaire, l’acquisition de quelques outils techniques, devant leur permettre d’évaluer à minima, en amont et en aval, toute utilisation de nos fonds publics par quelque acteur public que ce soit.
Et si chaque parlementaire pouvait disposer pour ce faire, d’une équipe même restreinte de collaborateurs, aptes à le seconder dans ce travail et sous son autorité, ce serait évidemment l’idéal. Mais les ressources budgétaires de notre Parlement le permettraient-elles ?
Pour ce troisième point, nous nous référerons à une réflexion faite sur le développement, par l’économiste français, François Perroux, qui disait ceci en 1976 : «Le développement, c’est la combinaison des changements mentaux et sociaux au sein d’une population, qui rend cette population apte à faire croître cumulativement et durablement son produit réel global.» Cette réflexion de Perroux met en exergue, non pas des milliards importés ou non en argent pour le développement, mais le caractère déterminant des mentalités et des comportements, dans tout processus de progrès économique et social durable, en toute société humaine.
Alors, quel rôle pour le parlementaire dans cette nécessaire transformation, des mentalités et comportements, pour un développement tant désiré par tous chez nous ?
Nous suggérerions à ce propos, que nos parlementaires subissent une formation permanente susceptible de les rendre pédagogiquement aptes à contribuer dans leurs localités, à la dissémination d’éléments discursifs et comportementaux, à même d’impacter efficacement leurs mandants dans la perspective perrouxienne du développement.
Et en conclusion, des écoles de partis sérieuses, ré-instituées, redynamisées ou créées, pourraient jouer un rôle déterminant dans la production sociale d’un parlementaire, bien en cohérence sur tous les plans, y compris celui de la consolidation du vivre ensemble national, avec les attentes légitimes du citoyen sénégalais.
A bon Sénégalais, salut !

Lat Déguéne THIARE