Macky Sall n’a pas respecté ses engagements, selon le Secrétaire général de Reporter sans frontières (Rsf). Christophe Deloire rappelle au président sénégalais, l’engagement souscrit en 2018, pour le forum de Paris sur la paix. En visite à la prison de Sébikhotane où est détenu le journaliste, M. Deloire promet que la mobilisation à l’international va s’accentuer si Pape Alé Niang n’est pas libéré.Par Alioune Badara NDIAYE
– Le Président Macky Sall a fait une infraction à l’engagement qu’il avait pris. C’est la lecture du Secrétaire général de Reporter sans frontières (Rsf), suite à l’arrestation le 6 novembre du journaliste Pape Alé Niang (PAN), présentement à la prison de Sébikhotane. «C’est assez désastreux pour le Sénégal qu’un journaliste se retrouve aujourd’hui en détention. Je me souviens que le président Macky Sall, lorsqu’il a pris ses fonctions (de président de la République), s’est engagé que pendant l’exercice de ses fonctions, aucun journaliste ne sera en détention», a tenu à rappeler Christophe Deloire, indiquant avoir lui aussi été témoin de cet engagement quelques années après. «C’est un engagement qu’il a souscrit également devant moi lorsque à Paris, pour le forum de Paris sur la paix, le 11 novembre 2018, il était là avec des chefs d’Etat et de gouvernement, pour lancer le partenariat sur la formation et la démocratie. On avait tenu à ce que le Sénégal fasse partie de ces premiers Etats et il avait renouvelé cet engagement», a-t-il insisté, notant que ledit engagement était important pour le Président Sall, mais plus encore pour le Sénégal. «Il a fait une infraction évidente et extrêmement regrettable à cet engagement et nous l’appelons solennellement aujourd’hui à mettre fin au plus vite à cette infraction à son propre engagement», s’est désolé le Secrétaire général de Rsf, souhaitant que le feuilleton connaisse son épilogue au plus tôt. «Ce que nous demandons de manière très claire, c’est que le journaliste Pape Alé Niang soit libéré immédiatement, dans les heures qui viennent, sans condition évidemment, et qu’il soit mis fin à cette procédure qui est une procédure qui ne correspond pas aux principes de la liberté de la presse», a décrété M. Deloire, assurant qu’au cas contraire, la mobilisation sur l’international va s’accentuer. «Si cette situation intolérable devait continuer, nous l’amplifierons et nous le porterons de manière plus forte sur le plan international. Il vaut mieux, à tout point de vue, qu’il soit mis fin au plus vite à cette situation parce que sinon, il y a un risque évident pour l’image du Sénégal, une responsabilité du Président devant les Sénégalais et puis il en va aussi de son héritage devant l’histoire», a-t-il fait comprendre.
Deloire, qui s’est exprimé à la sortie de la visite qu’il a rendue à PAN à la prison de Sébikhotane, a évoqué le statut de président en exercice de l’Union africaine (Ua) du président Sall, l’implantation à Dakar du Bureau Afrique de l’Ouest de Rsf, l’importance du pays dans la sous-région, comme éléments devant favoriser la liberté de la presse. «J’étais journaliste d’investigation, j’ai sorti des centaines de documents qui étaient classifiés et je n’ai jamais fait un jour dans un commissariat de police ou une prison. Ce devrait être la même chose au Sénégal», a soutenu l’ancien chargé du «secteur investigation» au service politique de l’hebdo français Le Point.
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