Malgré les efforts consentis pour sortir les enfants de la rue, le Sénégal n’arrive toujours pas à juguler ce phénomène. «A chaque fois que le Sénégal fait un effort pour les sortir de la rue, ils reviennent», a reconnu hier Pr Adama Ndiaye, qui prenait part à la signature de la convention entre le gouvernement italien et le Haut-commissariat des Nations unies aux droits humains. Selon le directeur adjoint des Droits humains au ministère de la Justice, cette situation s’explique par la porosité des frontières. Mais, les autorités disent avoir tout tenté pour stopper le phénomène. «Le Sénégal a fait des efforts dans le retrait des enfants de la rue, à travers beaucoup de programmes consistant à récupérer les enfants de la rue comme «Aar Xaalé yi» et «Zéro enfants dans la rue»», a-t-il informé. Il rappelle que le Sénégal a renvoyé des enfants nigériens, il y a quelques mois. Mais, d’autres les ont remplacés dans la rue.
D’ailleurs, pour trouver une solution plus efficace, les pays de la sous-région, à savoir le Sénégal, le Mali, la Gambie, la Guinée-Bissau et la Guinée Conakry, se sont réunis l’année dernière à Banjul, où ils ont adopté une déclaration. D’après le procureur Adama Ndiaye, «ce phénomène de mobilité des enfants ne peut pas être combattu par un seul Etat. Il faut une synergie des actions entre les différents Etats pour pouvoir combattre ce phénomène. C’est la raison pour laquelle, l’année dernière, les ministres de la Femme, de l’enfant, de la famille et de la Justice de ces Etats se sont réunis à Banjul pour adopter une déclaration», a-t-il dit.
A en croire le directeur adjoint des Droits humains au ministère de la Justice, «si tous les Etats respectent les dispositions de cette déclaration, d’ici deux à trois ans, on pourra réussir à sortir les enfants de la rue». Il fonde son optimisme sur les actions menées dans ce sens par les pays de la sous-région. «Il y a un plan d’actions avec l’installation de centres d’accueil au niveau des frontières terrestres, maritimes. Il y a également le fait de redoubler d’efforts par rapport à la sécurité. Quand vous allez par exemple au niveau de la frontière sénégalo-gambienne, on constate que les gardes frontaliers ne sont pas formés dans ces domaines. Des fois, on voit des cars remplis de trente ou quarante enfants. On va former ces agents des frontières pour qu’ils puissent avoir des réflexes quand ils voient des voitures de ce genre, qu’ils puissent les arrêter et interpeller les autorités», promet-t-il. Selon lui, il y a une nécessité d’avoir des centres d’accueil au niveau des frontières qui permettront de recevoir ces enfants après leur interpellation, en attendant de les ramener chez eux. La mise en œuvre de cette déclaration n’attend que la signature du ministre pour être opérationnelle, ajoute-t-il.
Par Justin GOMIS – justin@lequotidien.sn