Comment faire pour industrialiser le secteur de la mode ? C’est à cette question que le Festival international de la mode de Dakar (Fimodak) entend apporter une réponse les 6 et 7 janvier prochains. Si pour l’heure, aucune piste n’est évoquée pour l’atteinte de cet objectif, une chose est sure : un bureau de style (qui sera créé lors du festival) en est un préalable.

La mode sénégalaise sera sur son 31 demain et après-demain. Le Festival international de la mode de Dakar (Fimodak) ouvrira en effet ses portes pour sa première édition. L’objectif étant de promouvoir le consommé local en matière de prêt à porter. A cette occasion, un accent particulier sera mis sur le renforcement du niveau des acteurs à travers l’acquisition de connaissance académique et le professionnalisme. Outre l’aspect de la formation, le Fimodak, informent les organisateurs, va dans un premier temps, mettre en place un cadre d’échange entre créateurs, politiques et investisseurs et dans un second temps créer un bureau de style. Pour cela, un programme riche axé sur le thème du prêt-à-porter local est mis en place.
Des 28 stylistes venant d’un peu partout des quatre coins du monde, 10 vont montrer l’étendue de leur talent vendredi à 20 heures lors du premier défilé prévu au musée Théodore Monod de l’Ifan. Après le défilé, les festivités vont se poursuivre en boite de nuit.  Une All black party est prévue au Barramondi le même jour. Le lendemain samedi à 10 heures, un symposium dont le thème retenu est l’industrialisation de la mode en Afrique, tentera de faire l’état des lieux du secteur. Et des perspectives y seront dégagées en vue de jeter les bases d’une industrialisation du secteur. Le défilé final des 18 stylistes restants sera le point d’orgue du Fimodak. Cet évènement va aussi décerner des trophées aux icones de la mode qui ont tant apporté à ce secteur.
Si ce programme semble très alléchant et noble dans sa finalité, les autorités ne semblent pas trop s’y intéresser. «Nous avons envoyé des lettres aux autorités compétentes mais nous n’avons reçu aucune réponse», a expliqué en conférence de presse, l’initiateur. Abdou Lahad Guèye, informe qu’ «étant donné que le Fimodak en est juste à sa première édition, nous l’avons financé sur fonds propres en espérant faire nos preuves pour attirer à la prochaine édition plus de sponsors mais des partenaires nous ont rejoints». Abondant dans le même sens, la styliste et non moins costumière, Mame Fa Guèye Ba pense plutôt que c’est une chance de réaliser cette édition. Elle explique que si le Fimodak fait ses preuves cette année comme on le souhaite, il sera incontournable dans l’agenda culturel au point d’attirer «les grands créateurs» dans les prochaines éditions. Elle a aussi appelé à faire confiance à la jeunesse. C’est par ailleurs ce qui explique sa participation.

Mame Fa Guèye «découpe» tout
Profitant de la tribune que lui offre cette rencontre avec la presse, la costumière a en outre apporté un éclairage sur la polémique qui entoure l’origine du Wax et qui fait le buzz sur internet. «Le Wax est originaire de Hollande», a-t-elle affirmé tout en rappelant qu’elle ne croit pas à l’existence d’une mode africaine. «Je ne suis pas de ceux qui veulent confiner la mode. Car elle est universelle. Si on veut se faire un nom, il faut juste se former», a-t-elle expliqué. Avant de clore ses propos en invitant ses compères à «plus de sérieux». «J’étais membre de l’association des stylistes et je m’occupais de la trésorerie. Un beau jour on m’apprend qu’on a un nouveau trésorier sans m’informer. Ce n’est pas sérieux. Si on veut avancer on se doit d’être sérieux et professionnel», a-t-elle dé­non­cé. Mame Fa Guèye note également que l’actuel régime, notamment les autorités en charge de la culture ont «délaissé le secteur de la mode». «On mise tout sur le football et la lutte» et pourtant, explique-t-elle, à chaque fois qu’on échoue dans les études, le secteur de la mode est utilisé comme réceptacle pour ces jeunes.
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