C’est une nouvelle ère, à la limite une révolution qui s’annonce dans le monde de l’artisanat au Sénégal. Les artisans qui se contentaient de rester dans leurs ateliers pour attendre le client et prendre la commande, vont rompre bientôt avec cette vieille méthode non productive. En novembre dernier, ils étaient 50 artisans (des menuisiers ébénistes et métalliques) à bénéficier d’une formation sur la digitalisation qui leur permet de pouvoir augmenter tout ce qui va dans le sens de la productivité et de la créativité. «Ils ont été formés sur des outils comme le Tchat Vpt, Darlin qui leur permettent de faire des design de manière numérique de tout leur art, et aussi sur Whats’App business qui leur permet d’avoir des catalogues numériques et être visibles sur What’App», a expliqué Emmanuelle Young Hing, présidente du cabinet de consultation de conseils d’accompagnement Inov Up. Ce cabinet a été sélectionné par le Pnud pour pouvoir coacher avec eux tout le programme.

Cette initiative, mise en œuvre par le Pnud, en partenariat avec la 3Fpt et l’université d’Aost pour voir dans quelle perspective renforcer le capital humain, a permis aussi de créer la plateforme Market place qui s’appelle Sunu Artisan.
«Cette plateforme permet d’exposer leurs produits sur un site internet marchand afin de pouvoir capter de nouvelles clientèles. Elle permet aussi à n’importe qui de pouvoir se connecter à n’importe qu’elle heure et faire des commandes», a dit Mamadou Diouf, directeur administratif et financier du 3Fpt. D’après lui, l’heure du digital a sonné et les clients n’ont plus le temps d’aller vers les ateliers. Il faut donc s’adapter à ces réalités. Le directeur administratif et financier du 3Fpt estime que les artisans n’auront plus à attendre leurs clients dans leurs ateliers. «Maintenant, c’est l’inverse. Ils produisent leurs œuvres, les exposent sur le site et partant de là, n’importe quel acheteur potentiel peut se connecter et faire une commande et entrer en contact directement avec l’artisan. Cela leur permet de gagner en volume en termes de chiffres d’affaires et aussi en termes de gain de temps, parce qu’ils ne sont plus dans une situation d’attente. Ils sont plus pro actifs. Ils créent et mettent sur le site, et là ils entrent en action avec le futur client potentiel», a-t-il souligné.

Et c’est dans ce sens que le 3Fpt a accompagné ces artisans dans la mise en place d’un site marchand et de la plateforme Market place.

Laquelle plateforme, indique Emmanuelle Houng Hing, sera accessible à tous. Et mieux, elle va leur permettre d’avoir des boutiques sénégalaises en ligne et avoir une visibilité au niveau international.

Invités à sortir de leur confort, les artisans, qui ont travaillé sur le design, ont montré à la face du monde toute la palette de leurs talents de créateurs à travers une exposition. Des résultats acquis grâce à l’appui financier du 3Fpt qui a pris en charge le volet de la formation à hauteur de 90% et du Pnud qui a pu mobiliser et mettre 75 mille dollars pour tester, expérimenter et voir comment il peut impacter et relever la productivité de ces artisans.

Mody Atouman Diop, le team leader de l’unité croissance inclusive développement durable au bureau Sénégal du Pnud, promet qu’ils vont essayer de voir comment généraliser cette initiative sur l’étendue du Sénégal et aussi tirer des leçons pour pouvoir ajuster les programmes de formation professionnelle. «Aujourd’hui, nous sommes tous d’accord que les difficultés résident au niveau du taux de chômage, mais également que ceux qui sont dans l’entrepreneuriat, dans l’artisanat n’arrivent pas à vivre décemment de leur métier», a-t-il indiqué. D’après lui, «le Pnud accorde une importance particulière à tout ce qui est programme d’entrepreneuriat, programme d’innovation pour accompagner le gouvernement du Sénégal dans cette perspective d’autonomisation des acteurs économiques».
Par Justin GOMIS – justin@lequotidien.sn