La mise en application du parrainage dans le Code électoral a été votée hier, en procédure d’urgence, à la majorité par l’Assemblée nationale.
Clap de fin ! Le parrainage est bien incorporé dans le corpus électoral. L’Assemblée nationale a voté hier à la majorité (111 pour et 14 contre) en procédure d’urgence le projet de loi portant révision du Code électoral relatif aux modalités pratiques du parrainage. Et comme le 19 avril dernier, les Forces de l’ordre ont quadrillé la Place Soweto. Les allées menant au centre-ville barricadées. Pourtant, l’opposition n’avait pas appelé à des manifestations mais les routes désertes en disent long sur la détermination du pouvoir à faire passer le parrainage. Même des pick-up étaient stationnés devant la mairie de Dakar. Seuls des hommes en tenue se pavanent. A l’intérieur de l’Hémicycle, les députés étalent leurs contradictions. Plus de 5 heures 25 minutes de débats. 72 orateurs. L’opposition tente sans succès d’ajourner les travaux. Me Madické Niang se prête deux fois aux questions préalables. Sans surprise, elles sont rejetées par la majorité Benno bokk yaakaar. En face, le ministre de l’Intérieur, bien engoncé dans son boubou blanc, tente de se débarrasser des souillures que lui colle l’opposition sur sa neutralité à organiser les élections.
D’emblée, Aly Ngouille Ndiaye précise qu’un électeur ne peut parrainer qu’un candidat ou une liste de candidat. Sur ce, il appelle à une sensibilisation sur les dispositions du projet de loi pour éviter des annulations suite à des doublons de signature. Pour le ministre, il est important d’informer les électeurs sur les sanctions prévues à l’article L. 88 du Code électoral qui dispose : «Toute personne qui se fait inscrire sous un faux nom ou une fausse qualité ou qui, en se faisant inscrire, a dissimulé une incapacité prévue par la loi, ou qui réclame et obtient une inscription sur deux ou plusieurs listes, sera punie d’un emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 10 mille à 100 mille francs Cfa.» Sur la collecte des parrains, le ministre fait savoir que les électeurs disposant de différentes signatures devront reproduire le modèle émis sur leur carte nationale d’identité pour ne pas invalider leur parrainage. «Pour ceux qui ne savent pas signer, il s’agira de reproduire la mention ‘’Ne sait pas signer’’ figurant sur leur carte nationale d’identité», dit-il.
Serigne Abdou Bara Dolli à Aly Ngouille Ndiaye : «Si on gagne en 2019, vous irez
en prison»
Ensuite, souligne M. Ndiaye, l’utilisation des moyens de contrôle électroniques va permettre d’effectuer une «vérification rapide et fiable des listes de candidature». A ce propos, le Conseil constitutionnel qui a toujours contrôlé le parrainage des candidats indépendants va déterminer les modalités de vérification et disposera de 33 jours pour procéder au contrôle de l’effectivité des différentes candidatures. Par ailleurs, la révision du Code électoral autorise aux militaires de parrainer. Cependant, la collecte ne doit pas s’effectuer dans leur cantonnement. De même, il ne peut être installé de bureau de vote dans les camps militaires. Des arguments loin de convaincre Serigne Abdou Mbacké Bara Dolli. Le député libéral doute de la neutralité du ministre de l’Intérieur dans l’organisation des élections. «Monsieur le ministre, vous avez fait perdre au Sénégal 1 200 milliards dans le dossier Arcelor Mittal. Donc, vous n’êtes pas digne de confiance pour organiser les élections. Si on gagne en 2019, vous ne passerez pas une minute chez vous, vous irez directement en prison», promet-il.
Djibril War : «Je vais tabasser un député en public. Barké Rassouloulahi !»
Déthié Fall s’inscrit dans le même champ de contestation. Fougueux, le lieutenant de Idrissa apostrophe Aly Ngouille Ndiaye : «Dites au Président Macky Sall que l’opposition ne veut pas que vous organisiez les élections !» C’en est trop pour Me Djibril War qui traite d’«indisciplinés» les députés de l’opposition. Excédé, le député apériste règles ses comptes : «Tous ces députés mal éduqués qui troublent nos travaux doivent être menottés et conduits comme des voyous en prison. L’immunité parlementaire ne couvre ni le flagrant délit ni les actions de délinquance. Je ne suis pas Hercule, mais comme ils veulent faire le ‘’buzz’’ devant leurs femmes et leurs enfants, je vais un jour tabasser un député en public. Je vous le jure que j’en suis capable et je le ferai. Barké Rassouloulahi !» Il est renforcé par l’intervention du ministre de l’Intérieur qui s’est amusé à donner une réponse aux allures de chahut. «Jusqu’à preuve du contraire, les prochaines élections, c’est moi qui vais les organiser», dit-il, un brin chambreur.
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