Directeur général régional par intérim des services de paiement externalisés pour l’Afrique francophone de Network International, Mohamed Elbelamachi Bio se déploie pour renforcer ainsi l’engagement de l’organisation à accélérer son expansion dans la région francophone. Il est également Directeur général pour le Maroc de la structure. Avec plus de 20 ans d’expérience dans le métier, notamment en Afrique du Nord, en Afrique subsaharienne francophone et au Moyen-Orient, il dissèque, dans cet entretien, l’importance des technologies numériques dans la transformation et la facilitation des accords commerciaux régionaux en Afrique.Quelle est l’importance des technologies numériques dans la transformation et la facilitation des accords commerciaux régionaux en Afrique ?

La croissance rapide des technologies numériques et leur adoption ont joué un rôle-clé dans la transformation des économies africaines. Elles ont transformé la manière dont les biens et services sont commandés, livrés et payés. La numérisation a contribué à réduire le coût du commerce international, facilitant les échanges entre producteurs, acheteurs et vendeurs de manière efficace, fiable et rapide. Elle a également créé des opportunités pour les entreprises, notamment les Pme, d’accéder facilement et rapidement à de nouveaux marchés ou produits, et d’accroître leur portée et leur visibilité. Les procédures douanières ont également été simplifiées grâce aux avancées technologiques, rendant les transactions facilement traçables et transparentes. En même temps que cela contribue à un commerce plus inclusif et plus libre sur le continent, elle facilite également l’intégration au commerce mondial.

Comment Network International utilise-t-il les solutions numériques pour améliorer l’efficacité et la transparence du commerce dans le cadre de l’Afcfta ?
Au niveau de Network International, nous contribuons à la réalisation des objectifs de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) en proposant des solutions de paiement numérique qui améliorent l’efficacité, la sécurité et la transparence des échanges transfrontaliers africains. Depuis plus de 30 ans, Network est à l’avant-garde du commerce numérique au Moyen-Orient et en Afrique. L’entreprise dessert actuellement plus de 40 marchés africains et traite plus de 300 milliards de dollars de paiements numériques.
Nos plateformes permettent des paiements en temps réel et sans espèces pour les droits de douane, les taxes et les services liés au commerce, réduisant ainsi les processus manuels et éliminant les retards souvent causés par la manipulation d’espèces. Nous intégrons également les systèmes gouvernementaux et douaniers pour assurer une traçabilité complète des transactions, contribuant ainsi à limiter les pertes de recettes et la fraude.
De plus, nous proposons aux commerçants des instruments de paiement sécurisés tels que des cartes virtuelles et des outils d’authentification, qui renforcent la confiance dans les transactions numériques. En connectant les banques, les gouvernements et les commerçants grâce à une infrastructure numérique interopérable, nous contribuons à créer un environnement commercial plus fluide et transparent, en phase avec les ambitions de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).

Comment vos outils numériques contribuent-ils à renforcer la sécurité des procédures douanières et à lutter contre la fraude commerciale sur les marchés africains ?
Au niveau de Network International, nous nous engageons à soutenir des environnements commerciaux sûrs et transparents en Afrique. Nos outils numériques permettent la numérisation des paiements de droits et taxes, réduisant ainsi le recours aux espèces et améliorant la transparence. La traçabilité de chaque transaction est ainsi garantie, aidant les gouvernements et les autorités douanières à minimiser les pertes de recettes et la corruption. De plus, nos plateformes offrent un suivi et des analyses des transactions en temps réel. Cela nous permet de détecter des tendances inhabituelles, de signaler des fraudes potentielles telles que la sous-facturation ou les paiements en double, et d’apporter aux autorités des informations pertinentes pour la prise de décision. Nous avons également investi massivement dans des technologies de paiement et d’identité sécurisées telles que l’authentification à deux facteurs et les solutions de cartes tokenisées. Ces solutions garantissent que seules les personnes vérifiées peuvent accéder aux paiements commerciaux et les traiter, renforçant ainsi la sécurité globale de l’écosystème.

Quels sont les défis numériques spécifiques auxquels les pays africains sont confrontés dans la mise en œuvre de l’Afcfta, et comment vos solutions innovantes les abordent-elles ?
L’un des principaux défis auxquels sont confrontés les pays africains dans la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) est l’absence d’infrastructures numériques harmonisées pour soutenir le commerce transfrontalier. De nombreux marchés s’appuient encore sur des systèmes papier fragmentés pour les douanes, les paiements et la documentation commerciale, ce qui engendre des inefficacités, des retards et des risques de fraude. Un autre problème est l’accès limité aux canaux de paiement numérique sécurisés, en particulier pour les Pme et les commerçants informels, essentiels à l’écosystème commercial africain. Sans systèmes de paiement transfrontaliers fiables et transparents, il devient difficile de développer les échanges commerciaux dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Au niveau de Network International, nous relevons ces défis en fournissant des plateformes de paiement numérique interopérables qui prennent en charge les transactions transfrontalières de manière sécurisée et conforme. Nos solutions permettent des paiements numériques en temps réel pour les droits de douane, les taxes et les services commerciaux, contribuant ainsi à réduire la dépendance aux espèces et à promouvoir la transparence.
Nous soutenons également l’inclusion financière en émettant des cartes de paiement virtuelles et physiques, permettant aux commerçants de toute taille de participer à l’économie formelle. De plus, nos outils de détection de fraude et d’analyse de données aident les gouvernements et les institutions financières à surveiller les flux commerciaux et à prévenir les irrégularités.

Comment l’Intelligence artificielle et d’autres technologies émergentes sont-elles intégrées dans vos solutions pour optimiser les processus de commerce transfrontalier ?
L’utilisation de l’Ia est essentielle à notre activité : elle limite l’intervention humaine et donc les erreurs, permet de gagner du temps et d’optimiser l’efficacité opérationnelle lors de la réalisation de projets, des tests ou de la certification de nouvelles solutions, et de l’optimisation des processus. Nous exploitons également pleinement l’Ia dans le domaine de l’analyse des fraudes : les outils de lutte contre la fraude basés sur l’Ia permettent de suivre et d’analyser d’importants volumes de données quasi instantanément, et ainsi détecter et limiter l’exposition à la fraude.

Pourriez-vous donner quelques exemples concrets où la numérisation a permis de réduire les délais de dédouanement et d’améliorer la fluidité du commerce intra-africain ?
Il est indéniable que la numérisation contribue véritablement à la simplification des échanges commerciaux dans de nombreuses régions d’Afrique. Par exemple, le Guichet unique électronique de la Côte d’Ivoire permet le traitement en ligne des documents douaniers et des paiements, réduisant ainsi considérablement les formalités administratives et les retards. L’Afrique de l’Est, par exemple, a vu des pays comme le Kenya et l’Ouganda intégrer des plateformes de paiement numérique à leurs systèmes de paiement et de banque mobiles, permettant ainsi aux commerçants de payer instantanément les droits de douane et de réduire les temps d’attente aux frontières.
En Afrique de l’Ouest, le Ghana a également adopté des plateformes numériques comme Ghana.gov, qui ont simplifié les paiements portuaires et accéléré le dédouanement. Des pays d’Afrique australe comme le Botswana et la Namibie exploitent les points de vente numériques et les paiements mobiles aux postes frontières pour réduire la dépendance aux espèces et désengorger les frontières.

Quelle vision numérique avez-vous de l’avenir de l’intégration commerciale en Afrique et comment Network International entend-il soutenir cette transformation numérique à long terme ?
Ma vision est de créer un écosystème commercial entièrement numérisé, fluide et inclusif en Afrique, où les entreprises de toute taille pourront déplacer des marchandises, effectuer des paiements et accéder efficacement aux services financiers transfrontaliers. Pour ce faire, les systèmes commerciaux doivent être interconnectés en temps réel et sécurisés. Chez Network International, nous nous considérons comme un acteur-clé de cette transformation. Nous investissons dans des plateformes de paiement numérique interopérables qui prennent en charge les transactions transfrontalières, les paiements douaniers en temps réel et l’intégration avec les systèmes gouvernementaux. Nous nous concentrons également sur l’inclusion financière en dotant les Pme et les commerçants informels d’outils numériques sécurisés tels que les cartes virtuelles et les solutions de paiement mobile, qui leur permettent de participer aux circuits commerciaux formels.

A long terme, nous souhaitons collaborer étroitement avec les gouvernements régionaux, les blocs commerciaux et les institutions financières afin de contribuer à la construction de l’infrastructure numérique nécessaire au soutien de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Notre rôle ne se limite pas à traiter les paiements, mais consiste à instaurer la confiance, la transparence et l’accès, afin que le commerce africain puisse se développer de manière durable, équitable et numériquement autonome.
Propos recueillis par Bocar SAKHO-bsakho@lequotidien.sn