De plus en plus d’artistes misent désormais sur le streaming, pour vivre de leur art. Mais encore faut-il en comprendre les règles du jeu. C’est tout l’intérêt de la master class tenue lors de la première journée du Dakar music expo, autour de la monétisation des produits artistiques.Par Ousmane SOW

– Rassembler les acteurs de la musique autour des différents thèmes et préoccupations des professionnels du continent, tel est l’enjeu principal de Dmx. Pour cette 3e édition, les réflexions tournent presque essentiellement autour de la monétisation de revenus économiques, parce qu’«ici on a cette perception que l’art et la culture, on ne peut pas vivre de ça. C’est tout à fait le contraire», rappelle Doudou Sarr, entrepreneur culturel et agent d’artiste de renom. Quelques artistes sénégalais ont suivi et apprécié cette master class. «Je trouve cette 3éme édition très intéressante parce que dès l’ouverture, on a fait une master class qui s’appesantit sur comment monétiser sa musique», s’est félicité Papa Aly Guèye, plus connu sous le sobriquet de Paco Pat Guetto, artiste rappeur, en même temps entrepreneur culturel et cofondateur de Guédiawaye hip-hop. Pour le hip-hop, ils produisent beaucoup, mais ils ne parviennent pas à fructifier leur production du fait d’un manque de connaissances approfondies sur ce qu’est la vente en streaming. Le constat est unanime chez les rappeurs. «Il faut que les artistes prennent leur devenir en mains et se soucient de l’aspect financier. Pour moi, les gens cherchent le buzz, mais ils ne cherchent pas la maille. Je préfère ne pas avoir le buzz et pouvoir payer mes factures à la fin du mois. Et c’est ce qui m’a amené ici, pour suivre les master class et avoir une connaissance approfondie sur ce qu’est la vente en streaming. Car je prépare un album qui ne tardera pas à sortir», révèle Paco. Pour sa part, Mc Mo, artiste rappeur et chargé de prospection à la Maison de la culture urbaine de Dakar (Mcu), tombé sous le charme des panélistes, confie que l’initiative est salutaire. «Je salue l’initiative. C’est très innovant. On a suivi un panel qui nous implique tous en tant qu’artistes, parce que ça parle de la monétisation de ce que l’on fait, que ça soit la musique ou les œuvres d’arts qu’on vend en ligne. Pour moi, c’est très important, du moment que tout est digitalisé. La vente support n’existe plus. C’est important d’assister à ce panel pour comprendre les enjeux et perspectives.»
Le modèle du streaming s’installe en tant que mode dominant d’écoute de la musique. Cette édition est la bienvenue pour Eve Crazy, artiste rappeuse de la Casamance et étudiante en administration culturelle à Sénégal talents Dakar campus, qui a suspendu ses cours pour assister à la conférence. «En tant qu’artiste, je trouve ça intéressant car il me reste beaucoup de choses à apprendre. Pour le streaming, je n’ai pas encore bénéficié des retombées vu qu’on ne comprend pas tout. On a tendance à prendre nos amis pour nous manager, alors qu’ils n’ont jamais appris le management et tout. Mais à partir d’aujourd’hui, je pense que je serai bien entourée, avec des gens professionnels à ce niveau», témoigne-t-elle.