Monsieur le président de la République, je me permets de m’adresser à vous par ces mots qui vont suivre.
La majorité des Sénégalais vous ont porté, vous Bassirou Diomaye Diakhar Faye, à la plus haute marche du podium, le 24 mars 2024, parce que Ousmane Sonko avait souhaité que vous soyez à la tête de l’Etat et le Peuple avait répondu favorablement. Le Peuple souverain avait tranché. Le Peuple avait tranché parce qu’il y a des «Patriotes» qui ont cru au «Projet», parce qu’il y a des «Patriotes» qui ont sacrifié leur vie pour que vous accédiez au pouvoir, pour que leur rêve devienne une réalité : mettre fin à la gabegie et remettre le pays sur les rails.
Vous êtes le Président de tous les Sénégalais, personne ne peut le nier. Tous les Sénégalais, sans exception, ont les mêmes droits, quelle que soit leur origine ethnique ou régionale, quelle que soit leur obédience religieuse, mais vous devez gouverner avec les gens de confiance. En politique, la compétence n’est pas négligeable, mais ce qui est primordial c’est la confiance.
Donc, vous ne pouvez pas faire confiance aux personnes qui vous ont combattus, vous ne pouvez pas faire confiance aux personnes qui ont souhaité votre mort, oui votre mort physique. Vous, votre Premier ministre Ousmane Sonko et toutes les personnes qui ont osé s’opposer au tyran.
Les Sénégalais souhaitent la rupture. Oui, la majorité des citoyens sénégalais veulent voir un autre visage de notre grande Nation, mais pas à n’importe quel prix.
Nos compatriotes œuvrent pour un changement qualitatif. Et quand on parle de mutations, on ne cherche pas à plaire, on ne cherche pas à faire plaisir, mais on se fixe des objectifs à atteindre.
Monsieur le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, les «Patriotes», qui étaient prêts (et le sont toujours) à donner leur vie pour que le «Projet» réussisse, ont très mal dans leur chair. Vous avez un programme économique très ambitieux, mais si vous négligez l’aspect humain, si vous négligez la meilleure méthode pour panser les plaies qui sont encore béantes, vous risquez de créer un antagonisme entre vous et le reste de votre formation politique, et même avec vos électeurs.
Je suis l’un des Sénégalais qui leur demandent d’être patients, d’avoir foi au «Projet» et de vous faire confiance, mais l’allure où vont les choses, je commence à reconsidérer ma position par des nominations qui auraient pu être évitées.
En effet, il y a le cas de Monsieur Samba Ndiaye, et votre électorat n’a même pas le temps de digérer cela, voilà un autre cas beaucoup plus compliqué à gérer. Comment le ministre de la Communication a pu vous soumettre le cas de Madame Aoua Ly-Tall ? Ce n’est pas son implication dans l’ancien régime qui pose un problème, mais ses prises de position d’antan. Une personne œuvrant à remettre en cause l’unité nationale n’a pas sa place dans l’attelage étatique.
Les «Patriotes» n’ont pas encore fini de s’accommoder, ai-je dit, de la nomination de Samba Ndiaye Pca Hlm (ancien proche de Macky Sall, allié de surcroît de Pastef-Les patriotes) et voilà ce qui est convenu d’appeler le cas Aoua Bocar Ly-Tall qui vient polluer l’atmosphère.
En outre, ses propos sur les ondes d’une radio de la place ne sont pas élégants, ils frisent même la moquerie. Et ce n’est pas exagéré de dire qu’elle fait la nique aux personnes qui se sont indignées de sa nomination.
La nomination de cette dame au Cnra1 est de trop aux yeux de vos militants et de la majorité des Sénégalais qui ont voté pour vous.
Monsieur le président de la République, écouter votre base politique, ce n’est pas renoncer à votre mission de garant de l’unité nationale, avant d’être chef de l’Etat, vous apparteniez à une organisation politique, Pastef-Les patriotes, qui vous a soutenu bec et ongles jusqu’à la consécration suprême.
Monsieur le président de la République, ne soyez pas sourds à leurs cris de détresse, ils sont humiliés parce que ceux-là qui les insultaient sont promus et les regardent dans le blanc de l’œil.
Quand ils manifestent leur mécontentements à propos de certains de vos décrets qui les indisposent, ce n’est pas pour remettre en cause votre autorité, mais c’est parce que leur souffrance est grande et atroce.
Je ne me permets pas de vous demander d’être à leur place pour voir comment leur souffrance est grande, mais permettez-moi, Monsieur le président de la République, de vous prier de les regarder comment ils souffrent devant ces situations.
Monsieur le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, corriger une erreur n’est ni un signe de faiblesse ni une manière de remettre en cause votre autorité. Les patriotes, à mon avis, ne cherchent pas à vous affaiblir, vous Monsieur le président de la République, mais à consolider votre pouvoir.
Entourez-vous de personnes de confiance, la politique est avant tout une question de confiance et c’est ce que votre famille politique, Pastef-Les patriotes, vous demande, ni plus ni moins.
Je suis à l’aise, Monsieur le président de la République, en m’adressant à vous, car je ne suis qu’un sympathisant de Pastef-Les patriotes. Je ne suis pas de Pastef-Les patriotes, mais je suis un citoyen sénégalais ! Mon souhait et ma volonté sont que cette étoile qui s’est levée en 2014 puisse illuminer le Sénégal et l’Afrique entière.
Monsieur le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, vos militants ont besoin de reconnaissance, l’indifférence pourrait créer des effets de dégoût chez eux. Ne cherchez pas à plaire à tout le monde, c’est une mission impossible, mais cherchez à rendre service à toute la Nation.
Vous le savez autant que moi, il ne dépend pas de vous d’être aimé, mais il dépend de vous de marquer votre empreinte dans l’histoire politique de notre Nation.
Le Peuple sait que ce sont vos collaborateurs qui vous mettent dans des situations inconfortables, souvent difficiles à gérer, mais toute action humaine est toutefois perfectible. Donc, vous avez la possibilité de corriger ces erreurs.
Monsieur le président de la République, les «Patriotes» sont mécontents et ils le manifestent avec force. Les racines sont invisibles, mais c’est grâce à elles que l’arbre vit ; sans elles, il disparaît. C’est avec beaucoup de peine qu’ils crient leur ras-le-bol.
Monsieur le président de la République, encore une fois, je ne me permets pas de vous demander d’être à leur place, mais je vous dis seulement de les observer pour vous rendre compte de la douleur qui les habite, je vous prie tout simplement de les écouter pour sentir la peine et la douleur dans leur voix.
Et ce n’est pas excessif de vous dire que votre corps «pastéfien» est en train de s’autoflageller. Ce ne sont pas seulement les militants de Pastef-Les patriotes qui ont mal au plus profond d’eux-mêmes, toute personne ayant combattu le défunt régime est blessée dans sa chair.
Bassirou Diomaye Diakhar Faye, ne négligez pas la voix de votre Peuple ! «Diomaye moy Sonko/Sonko moy Diomaye» ! Si Diomaye est Sonko, alors Sonko, écoutez votre Peuple !
Je vous prie, Monsieur le président de la République, d’agréer l’expression de mes respectueuses salutations.
Oupa Diossine LOPPY
Ecrivain
Auteur de «Ousmane Sonko, diable ou messie ?
Paru en novembre 2024
1 Conseil national de régulation de l’audiovisuel