C’est avec un grand ouf de soulagement que l’on a reçu la décision du gouvernement de la République du Sénégal de ne pas donner feu vert pour le rapatriement des migrants sénégalais bloqués aux îles Canaries. La visite du président du gouvernement espagnol avait principalement pour but, malgré les grandes promesses d’investissement, la signature par Son Excellence Macky Sall des accords de rapatriement suspendus depuis 2018. Aujourd’hui, Pedro Sanchez, président du gouvernement espagnol, est acculé par le gouvernement local des îles Canaries qui sont déjà débordées par la gestion des flux de migrants. S’y ajoute la colère grandissante de la population. On parle désormais d’invasion.
Avec l’arrivée massive des migrants, Les centres d’accueil sont saturés. La Croix-Rouge et l’Association d’aide aux migrants n’en peuvent plus. Le gouvernement local crie sur tous les toits son ras-le-bol. Tout cela contribue à alimenter le discours raciste et xénophobe. Le Sénégal, après le Maroc, constitue la deuxième colonie la plus importante. Il n’est pas rare de voir des scènes de violences entre Sénégalais et Maghrébins. Certains hôteliers tentent d’aider le gouvernement local en relogeant certains migrants. Beaucoup dorment dans la rue. In fine, la situation est chaotique.
En suspendant la signature de ces accords signés depuis 2009, vous soulagez des mères de famille, des parents qui étaient tous gagnés par le stress de voir leurs fils rapatriés. Monsieur le Président, vous avez pris une décision très courageuse et l’ensemble des acteurs de l’émigration salue votre sens élevé de la responsabilité sur ce sujet. Vous avez du coup mis un terme à la désinformation et la diffusion de fausses nouvelles. Tous ceux qui soutiennent que Macky Sall avait ordonné le rapatriement des Sénégalais actuellement en situation irrégulière aux îles Canaries ont tout faux. La preuve, vous pouvez copier ce lien et utiliser le traducteur Google pour en avoir le cœur net (https : //elpais.com/espana/2021-04-09/senegal-se-resiste-a-garantizar-los-vuelos-de-repatriacion-de-migra).
Osons espérer, monsieur le Président, que vous ne lâcherez pas du lest !
Nous sommes en 2006. L’arrivée massive des embarcations de fortune sur les côtes espagnoles battait son plein. On se rappelle tous le fameux slogan «Barça ou barsakh» porté par des jeunes déterminés, au péril de leur vie, à atteindre les côtes espagnoles dans l’espoir de lendemains meilleurs. A cette époque, les deux gouvernements, espagnols et sénégalais, étaient désemparés. Il fallait vaille que vaille trouver une solution pour faire face à cette situation. C’est ainsi que le ministre de l’Intérieur sous l’ère Wade, Monsieur Ousmane Ngom, fit le déplacement à Madrid, dans la capitale espagnole.
Le fruit de cette visite est la récolte de 13 milliards de Cfa offerts par le gouvernement espagnol à celui du Sénégal pour freiner cette ruée vers l’Espagne. L’argent avait était donné en appui au fameux plan Reva, visant à retenir les jeunes dans leur terroir avec un projet agricole… La suite, nul besoin d’en épiloguer ici… Wade, créateur de milliardaires, est passé par-là. Certain que quelqu’un me rappellera que Son Excellence Macky Sall était dans l’équipe de Wade. Je ne suis pas amnésique. Ce rappel va me permettre de rebondir pour rappeler aussi au Président Sall les raisons pour lesquelles le peuple sénégalais a voté pour lui. Les Sénégalais ont porté leur espoir en votre modeste personne parce qu’ils ont voulu en finir avec ce train de vie dispendieux, onirique et «gabegique» de l’Etat.
Le peuple salue aussi les efforts que vous avez fournis pour faire bouger les choses dans le cadre du Plan Sénégal émergent, mais il reste beaucoup à faire. Oui, c’est connu partout dans le monde. Il revient au secteur privé de créer des emplois en appui avec l’Etat. Nous, du milieu de la migration, sommes en train de travailler d’arrache-pied pour conscientiser ces derniers qu’ils peuvent être des créateurs d’emplois au Sénégal.
Nous avons retenu la promesse de création de 65 mille emplois pour les jeunes dès le mois de mai. L’heure exige que vous joigniez l’acte à la parole pour prouver que vous avez bel et bien pu décrypter le message de la Nation par le biais de la jeunesse, suite aux événements du mois de mars sur l’affaire judiciaire Adji Sarr-Sonko. Moment ne saurait aussi être plus opportun pour que vous rappeliez à vos ministres l’urgence de descendre sur le terrain, d’être à l’écoute de la population et surtout de la jeunesse, de tenir un langage de vérité. On ne gouverne pas dans la désillusion.
Cette jeunesse en a marre d’être des numéros de statistique de la Der, du Fongip et j’en passe. Les politiques faites d’effets de manche, enveloppées de promesses mirifiques sans lendemain, doivent être des pratiques du passé.
Pour terminer, nous souhaitons bon vent au Programme d’ur­gence pour l’emploi et l’insertion socio-économique des jeunes.
Oumar FALL NGALLA
ngalze@hotmail.com
Madrid