Le Pdg du Club des investisseurs sénégalais (Cis) a bloqué une résolution de son Conseil d’administration qui désavouait la motion de soutien à Akilee. Cela a conduit à une contestation de son autorité et certains membres ont appelé à une Ag extraordinaire pour revoir le mode de gouvernance de l’association patronale.

Le journal Les Echos a mis à sa Une d’hier : «Motion de soutien à Akilee – Le Club des investisseurs éclate en 1 000 morceaux». On croirait que nos confrères sont dotés de l’art de la divination, à voir comment les choses se sont développées dans la journée de ce lundi 18 mai. Le président de la dernière-née des associations patronales du Sénégal, Babacar Ngom, s’est retrouvé mis sous la sellette par les membres de son Conseil d’administration.
Réuni en procédure d’urgence par visioconférence le dimanche 17 mai, le Conseil d’administration du Cis s’est penché sur le communiqué publié en son nom. Nombreux parmi les membres du Ca avaient cru que la motion de soutien, publiée sous forme de publicité dans certains journaux, avait été une initiative du directeur exécutif El Hadj Abdourahmane Diouf et de certains membres du Cis proches d’Akilee, et ils avaient demandé que l’instance suprême du Cis s’en détache et la désavoue publiquement. Le président Babacar Ngom a pris le contre-pied de ses pairs et tenté de résister à la pression, en tergiversant. Malheureu­sement pour lui, la majorité des membres a décidé d’adopter une résolution qui déclarait que «cette motion n’a pas fait l’objet d’un examen préalable par aucune des instances appropriées du Cis. En conséquence, cette motion n’engage en aucune façon le Cis».
Le Conseil d’administration a demandé que cette information soit portée à la connaissance du public, «avec une couverture au moins aussi large que celle ayant entouré la publication de la motion précitée».
Grande a été la surprise de ces membres du Ca du Cis de se rendre compte hier que le président de leur structure patronale a passé outre leur décision et décidé de ne pas publier, du moins dans l’immédiat, la résolution en question. Babacar Ngom a pris sur lui de ne pas désavouer publiquement son directeur exécutif, et de se dédire lui-même, car beaucoup de membres ont fini par comprendre que le communiqué envoyé par M. Diouf aux organes de presse l’avait été à son initiative.
Face à cette situation, les réactions ne se sont pas fait attendre. Certains membres du Conseil d’administration se sont mis d’accord pour poser de manière nette la question de la gestion du Club des investisseurs sénégalais et de sa gouvernance. Ils ont décidé de convoquer une Assemblée générale extraordinaire dans une quinzaine de jours, pour mettre tout à plat, à commencer par les comptes de la boîte. Plusieurs membres ont relevé que la boîte, en une année, a consommé plus de 600 millions de francs Cfa en fonctionnement, et ils voudraient comprendre comment cela a pu se faire. Déjà, le fait que la direction exécutive «consomme» environ 18 millions de Cfa par mois reste à travers la gorge de plusieurs adhérents et ils voudraient aussi y voir clair.
D’autres par contre n’ont même pas voulu attendre cette prochaine Ag pour claquer la porte. Ainsi, hier en fin d’après-midi, Le Quotidien a reçu confirmation de la démission du Pdg de la société de sécurité Sagam. Abderrahmane Ndiaye dit dans son courrier, adressé au président du Club des investisseurs, que «notre organisation ne peut être utilisée pour des intérêts particuliers dont nous n’avons pas connaissance, et dont nous ne sommes pas partie prenante». Le nom du Pdg de la Sagam est tellement prestigieux que ses actes ne peuvent passer inaperçus. Mais Le Quotidien a appris qu’il n’est pas le seul à avoir claqué la porte depuis hier.
Akilee se révèle en fin de compte, en cette période de Covid 19, un véritable cas importé qui infecte le Cis et le pousse en salle de réanimation.

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