L’histoire contemporaine du Sénégal retiendra et écrira dans ses annales, en lettres d’or, les facettes de la vie et l’œuvre de Mourchid Ahmed Iyane Thiam.
Descendant direct et khalife de Mame Massamba Thiam (1670-1760), précurseur de la culture arabo-islamique en Sénégambie, maître incontestable des pères fondateurs de plusieurs foyers religieux au Sénégal, il a consacré toute sa vie à la cherche des moyens pour consolider l’unité de la Nation sénégalaise dans sa diversité.
Après avoir mémorisé le saint Coran auprès de son père Tafsir Khaly Thiam de Taïba Tafsir Moustapha Thiam, il est allé, de 1951 à 1956, faire une partie de ses humanités auprès de l’éminent érudit de Léona Niassène de Kaolack, en l’occurrence Mame Khalifa Niasse (1879-1959), fils aîné du grand Hâlim, un exégète de renommée et un fervent combattant pour la cause d’Allah : El Hadji Abdoulaye Niasse (1844-1922).
Mourchid Ahmed Iyane Thiam a quitté Kaolack pour aller poursuivre ses études arabes auprès de son homonyme Mourchid Ahmed Iyane Sy de Saint-Louis, de 1956 à 1959.
Amoureux du savoir pointu, il décida, pour approfondir ses connaissances religieuses et sa formation en langue arabe, d’aller au Maroc où il s’est inscrit au lycée El Azhar de Casablanca, de 1959 à 1961, puis au lycée Maghreb arabe de Rabat, de 1961 à 1964, où il décrocha son Baccalauréat ; ce qui lui avait ouvert les portes de la prestigieuse Université Mouhamed V de Rabat, de 1964 à 1968, d’où il est sorti avec une Licence en Sciences politiques.
Connaissant le rôle qui l’attendait, il a effectué, entre 1968 et 1970, un stage de perfectionnement en langue française à l’Université Libre de Bruxelles.
Il est parmi les premiers arabisants qui se sont inscrits à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam), entre 1976 et 1978.
Pour son parcours professionnel, il fut successivement :
Professeur arabe au lycée Faidherbe de Saint-Louis, de 1970 à 1973,
Conseiller technique au ministère de l’Enseignement supérieur, chargé des bourses arabes,
Conseiller technique au ministère des Affaires étrangères, de 1978 à 1985.
Monsieur Thiam a occupé plusieurs postes diplomatiques à l’étranger, il fut nommé entre 1985 et 1989 premier conseiller auprès de S.E l’ambassadeur Babacar Diop, père de Docteur Malick Diop de l’Afp, à l’ambassade du Sénégal à Rabat, Maroc, le même poste qu’il occupera au Caire, de 1989 à 1991 avant d’être nommé Conseiller technique à la Médiature de la République, de 1991 à 1992, date de sa retraite administrative.
Sur le plan culturel, Monsieur Thiam est le président de l’Union culturelle musulmane du Sénégal, de 1978 jusqu’à son rappel à Dieu. Il était premier adjoint au secrétaire général de la Fédération des associations islamiques au Sénégal, présidée par Cheikh Abdoul Aziz Sy Al Amine (1928-2017), premier adjoint au secrétaire général de la Ligue des oulémas du Maroc et du Sénégal occupé par oustaz Barham Diop (m. 2014) de 1985 à 2014.
Il ressort, en parcourant la vie et l’œuvre de Mourchid Iyane Thiam, qu’il s’était engagé très tôt à épouser une vie salvatrice pour le peuple sénégalais via trois grandes initiatives :
L’organisation des semaines culturelles sur la vie et l’œuvre des grandes figures islamiques au Sénégal :
Cheikh Ahmadou Bamba en 1977,
El Hadji Oumar Al Foutiyou Tall en 1979,
El Hadji Malick Sy en 1982,
El Hadji Abdoulaye Niasse en 1986,
Serigne Ahmed Sakhir Mbaye en 1988.
La création de la Commission nationale de concertation sur le croissant lunaire dans laquelle siègent les représentants des khalifes généraux et des foyers religieux.
La création du Conseil supérieur islamique du Sénégal (Csis)# en 2007, qui a été reconnu le 18 juillet 2008 et porte le Ninea n° 004180684.
Compte tenu de l’importance de ce projet, il avait reçu les félicitations du chef de l’Etat Maître Abdoulaye Wade par la lettre n° 00492 en date du 22 janvier 2009.
La présidence d’honneur du Conseil était placée sous le patronage du Président Abdoulaye Wade, sa Majesté Mouhamed VI, Roi du Maroc et des khalifes généraux. La première Assemblée générale ordinaire du Conseil s’est tenue le 1er juin 2013 à l’Institut islamique de Dakar.
Le bureau exécutif présidé par Mourchid Ahmed Iyane Thiam est composé de 11 adjoints représentants de tous les foyers religieux respectivement : Ahmed Badaoui Mbacké de Touba, Cheikh Mahi Ibrahima Niasse, l’actuel khalife de Médina Baye, Cheikh Tidiane Tall de Louga, Cheikh Bou Mouhamed Kounta de Ndiassane, Cheikh Mansour Abdou Aziz Dabakh de Tivaouane, Cheikh Mamadou Rokhya Seck de Thiénaba, Cheikh Seydina Issa Laye de Yoff, Cheikh Alpha Ba de Worou Mahdy, Serigne Babou Amir de la Jamâhatou ibadou rahmane, imam Mbaye Niang, Chérif Cheikh Tidiane Aïdara de Banghère.
Le Secrétariat national était présidé par Cheikh Makiou Tall, l’ambassadeur Mamadou Diouf de Bargny et Cheikh Oumar Ngalla Diène de Dakar.
Le fonctionnement du Conseil était confié à dix (10) commissions : Commission de fatwa présidée par Professeur Seydou Diouf de l’Ucad, Commission de zakat présidée par Professeur Khadim Mbacké de l’Ifan, Commission de l’économie et de finances présidée par Serigne Cheikhouna Bara Mbacké de Touba, Commission des Affaires sociales et des fêtes musulmanes présidée par Monsieur Bamar Guèye de l’Ong Jamra, Commission de la culture et de la formation présidée par Docteur Abdou Rahmane Kane de l’Ucad, Commission de l’environnement présidée par Docteur EL Hadji Ibrahima Thiam, Commission presse et communication présidée par Professeur Abdoul Aziz Kébé de l’Ucad, Commission de la femme présidée par Sokhna Mousli Kounta de Ndiassane, Commission de la jeunesse présidée par Sidi Khalil Aïdara de Sébi Koroto, Commission dahwa et prédication présidée par tous les imams et prédicateurs du Sénégal.
Mourchid Ahmed Iyane Thiam a écrit plusieurs livres parmi lesquels on peut citer :
Mille arguments entre les prédicateurs et les Tyrans en 1997,
La prière sincère adressée au Seigneur le Clément en 1998,
Les versets et les Hadiths sur l’éducation, sans date.
Islam : Justice et humanisme (ouvrage de 350 pages écrits en 2004, préfacé par Serigne Mansour Sy Borom Daradji (1925-2012), le 12/05/2004, dans un poème de 32 vers et édité en 2020).
Il faut signaler que ce livre a été initialement préparé pour présenter sa candidature à la troisième édition du Prix mondial du président de la République tunisienne Zine el-Abidine Ben Ali pour les études islamiques en 2005.
Il a également écrit plusieurs articles dont :
«L’évidence sur le conflit sénégalo-mauritanien» en 1989,
«La prédication pour la sincérité dans les relations et les comportements», publié dans la revue de la Ligue mondiale islamique en 1994.
L’homme du croissant lunaire a participé avec succès au Concours international sur la culture, organisé par la Ligue mondiale islamique en 1982.
En conclusion, nous nous rendons compte que Mourchid Ahmed Iyane Thiam a servi son pays et sa religion étant un fervent défenseur de l’unité nationale d’une manière générale, mais surtout de l’unité des musulmans et des foyers religieux.
Cependant, il faut noter qu’il avait toute la peine de faire l’unanimité autour de sa personne. Il recevait des pluies de critiques venant de tous bords comme il faisait l’objet d’attaques de ses pairs, mais cela n’a fait que renforcer sa détermination, son abnégation et son engagement pour être au service de la Nation et de l’islam.
Qu’Allah agrée ses innombrables bonnes actions et l’accueille dans ses vastes paradis. Amen !
Dr El Hadji Ibrahima THIAM
1 – www.csi-senegal.org