Moussa Samb Daff, directeur de l’hôpital Dalaal Jam : «Ceux qui n’avaient pas pris de risque vont se contenter de 50 mille francs»

Directeur, il y a une partie du personnel qui vous accuse de discrimination. Qu’est-ce qui se passe réellement ?
Pour être honnête avec vous, tout au début de la pandémie, nous avons lancé un appel à candidatures, notamment le chef de service des soins infirmiers qui avait demandé qui était volontaire pour travailler au Cte. En ce moment, il n’y avait pas d’argent ni de motivation, c’était dans le cadre d’un volontarisme simplement. Par contre, ils n’ont pas senti la nécessité d’être volontaires, on leur reconnaît ce droit sachant qu’ils sont tous en service commandé. Et lorsque le président de la République, dans sa maniabilité, a décidé de donner une prime aux travailleurs de la santé, le ministère de la Santé a demandé une liste des gens qui travaillent dans le Cte sachant que tous les fonctionnaires et les contractuels avaient déjà une prime de 50 mille francs Cfa. Aujourd’hui au niveau de l’hôpital Dalaal Jam, la liste officielle était de 82 contractuels. Mais nous avons estimé devoir enrôler une trentaine d’agents qui sont là, à qui également l’hôpital dans son budget a donné 50 mille francs Cfa pour chacun.
Maintenant, ceux qui avaient pris le risque, la volonté de travailler dans le Cte, le ministère a demandé qu’on lui donne une liste des agents qui y travaillent. Et quand on a donné cette liste, on a constaté effectivement que le ministère avait donné une motivation supplémentaire. Avec cette motivation supplémentaire, il y a des gens qui ont 150 mille francs Cfa et d’autres qui ont 50 mille F Cfa. Et cette liste de mars et avril a été corrigée au mois de mai. Ceux-là qui avaient 50 mille vont se retrouver à 150 mille francs Cfa parce qu’ils ont couru des risques. C’est heureux que leur volontarisme soit à la limite un peu rémunéré. Alors ceux-là, qui n’avaient pas pris de risque et qui ont certainement raté le train de l’histoire, vont se contenter de ce manque de volontarisme et se retrouver avec leur 50 mille francs Cfa. Et cette liste-là aussi, n’a pas été confectionnée par le directeur. Mais elle a été confectionnée par un médecin qui travaille au niveau du Cte. Alors dire qu’il y a un parti-pris relève véritablement d’un manque de reconnaissance et de vérité.
Par rapport à la prise en charge des malades du coronavirus au Cte, on nous signale qu’ils disposent de chambres qui ne sont pas équipées de clim, ni de ventilo encore moins d’une télé. Et récemment, c’est un malade qui a acheté 100 ventilos pour les offrir à l’hôpital. Alors que vous avez un budget de 2 milliards de francs Cfa du Covid, est-ce que c’est normal ?
Je précise que ce n’est pas 2 milliards, mais 1,5 milliard de francs Cfa pour le Cte et la construction d’un centre pour le Cte. S’agissant des conditions des malades, j’ai des audio des patients, qui ne cessent de me remercier et de me féliciter. Maintenant des bonnes volontés peuvent se lever et dire qu’on va vous offrir telles choses, comme de l’eau, des fruits ou des ventilateurs. C’est dans ce cadre qu’une bonne volonté s’est levée et nous a donné des ventilos. Puisque nous sommes en période de chaleur, quand on a entendu ça, on s’est levés pour dire il faut qu’on fasse des efforts. Et on a encore acheté une centaine de ventilateurs qu’on a mis dans les chambres. Cela prouve simplement que nous sommes à l’écoute des préoccupations, et des travailleurs et des malades. C’est normal, la pandémie nous a surpris tous, là où ils sont internés, à l’époque c’étaient des locaux qui n’avaient pas été occupés. Donc avec les cloisonnements qu’il y a eus, pour des raisons de sûreté et de sécurité, c’est normal, mais l’essentiel c’est d’essayer d’apporter des réponses à leurs préoccupations.
Il y a des agents qui se plaignent des longues heures de travail et l’absence de motivation ?
Il n’y a aucun agent qui travaille ici sans motivation. Personne ne peut travailler 24H, ce n’est même pas humain. Il y a un système de garde et ils ont tous 50 mille de prime de motivation. Il y a la motivation de l’hôpital, mais également les heures supplémentaires qui sont payées une fois tous les six mois. Nous sommes à la fin du premier semestre et les états de paiement sont au niveau de l’agence comptable et ils vont percevoir leur dû sachant que quand vous faites garde également, vous avez un repos compensateur, ce qui n’est même pas normal. Soit vous avez les heures supplémentaires, soit vous avez un repos compensateur. Donc comme je vous l’ai dit dès le départ, il y a des gens qui sont ici de l’intérieur et qui n’aiment pas peut-être le succès de l’hôpital Dalaal Jam. Mais comme je l’ai dit ils ont raté le train de l’histoire alors que nous sommes déjà partis.