La musique est sa vie et il s’y adonne depuis son plus jeune âge. «Je chantais dans les cérémonies organisées dans les quartiers, les circoncisions notamment. Je fréquentais beaucoup les griots qui m’ont influencé. Mais contrairement à ce que tout le monde pense, je ne suis pas griot. Je suis mandingue.» Moussa Seydi, connu également sous son nom d’artiste L’enfant Noir, est un jeune chanteur originaire de la Casamance. «Partout où je vais, les gens m’encouragent à faire de la musique», confie-t-il.
En 2011, il a décroché le titre de meilleur chanteur de la région de Ziguinchor grâce à «Vacances à domicile», une émission produite par la télévision Walfadjri et qui visait à détecter de jeunes talents. A l’époque, la chance ne lui avait pas encore souri. « Je n’ai pas pu assister à la finale du concours qui devait se tenir à Dakar. J’étais malade et les gens qui organisaient le concours n’avaient pas donné de frais de déplacement», se souvient-il sans s’épancher sur sa maladie. L’enfant Noir se résout cependant à poursuivre son chemin dans son propre fief. «J’ai continué et je me produisais en Casamance, parfois à l’Alliance franco-sénégalaise de Ziguinchor, parfois au Cap Skirring. Je jouais avec Pape Fall, le saxophoniste de Laba Socé, qui est maintenant décédé. On jouait dans les hôtels de la place. J’avais aussi mon répertoire personnel», explique-t-il.
Et le style de Moussa Seydi n’a rien à envier à celui de certains grands de la scène. Très ouvert, il se laisse surtout emporter par les airs «mbalax, reggae, acoustique, afro, blues. Je fais du tout et je chante en différentes langues, mandingue, wolof, français, anglais» indique-t-il, tout en marquant ses préférences pour l’acoustique et l’afro-mandingue. Et aujourd’hui, malgré son talent reconnu, l’Enfant Noir éprouve du mal à se frayer un chemin dans la musique. Comme noyé dans un îlot de désespoir, il explique pourquoi il n’a toujours pas de produit sur le marché. «J’ai fait des enregistrements», déclare-t-il. Quatre sons enregistrés en 2015 et dans lesquels l’artiste chante l’amour, l’amitié, la musique et rend également hommage à un grand frère qui a beaucoup cru en lui. Mais depuis qu’il tient sa «maquette», L’enfant Noir tarde à trouver producteur.
Cri du cœur
En fait, le cri du cœur de l’Enfant Noir est adressé aux producteurs et aux acteurs de l’industrie musicale. Moussa Seydi se désole de voir que dans le Sud du pays, beaucoup d’artistes sont dans la même situation que lui. «Il y a beaucoup de ressources musicales dans le Sud. Tout le monde chante ou presque et il y a de très belles voix, des artistes très talentueux, mais ce qui nous manque, ce sont les producteurs. En Casamance, on manque de soutiens. Les gens qui sont dans l’industrie musicale ne viennent pas dénicher les artistes casamançais pour les produire», fustige-t-il. Il lance alors un appel à ces producteurs. «J’aimerais que les producteurs jettent un œil sur la Casamance. Il y a de très belles choses qui se font là-bas.»
Cela dit, L’enfant Noir poursuit son rêve de musique à Dakar où il est en apprentissage depuis bientôt 2 ans. «J’ai fait le concours de l’Ecole nationale des arts et j’apprends la musique parce que je sais qu’il ne suffit plus d’être doué, mais il faut aussi avoir des arguments convaincants. L’école m’apporte plus d’ouverture et me permet d’avoir plus d’idées», révèle-t-il. Et comme toujours, le rêve est permis. L’enfant de Boucotte chérit l’idée de faire un jour un duo avec deux des artistes qu’il admire le plus : Youssou Ndour et Viviane Chidid.
aly@lequotidien.sn
Bonne continuation Moussa. Tu as beaucoup de talent et j’en sais quelque chose. Du courage, le meilleur reste à venir.
Toutes nos remerciement à Aissatou cet article.