L’autre jour j’ai vécu une expérience louable et républicaine : l’élection du délégué de quartier de l’Unité 9 des Parcelles Assainies. Deux candidats étaient en lice et il y avait tout ce qu’il fallait pour rendre une élection démocratique, transparente et crédible : les représentants des candidats dans le bureau de vote, des isoloirs, des bulletins de vote à l’effigie des deux candidats, une urne transparente, des listes des électeurs consignés dans des registres confectionnés par la mairie, un tampon portant la mention «a voté» apposé devant le nom de l’électeur qui signe avant de tremper son doigt dans l’encre indélébile.
A l’heure de la fermeture du scrutin, des scrutateurs sélectionnés au hasard ont précédé au dépouillement des bulletins et au comptage des voix en présence des deux candidats, des représentants de la mairie et de quelques personnes. C’est l’unique moyen imposé aux Parcelles par son maire, Moussa Sy, pour désigner les délégués de quartier de sa commune.
Pourtant la loi donne aux maires le pouvoir discrétionnaire de nommer les délégués de quartiers de leurs communes, mais Moussa Sy a, lui, volontairement renoncé à cette prérogative, afin d’éviter toute contestation dans le choix des délégués. Pour lui, le passage par les urnes donne aux délégués de quartier une plus grande légitimité aux yeux de leurs mandants.
Cette expérience est à saluer et à encourager. J’estime que c’est par là que nous devons passer si nous voulons inculquer une culture citoyenne et démocratique à la population. Personnellement, je félicite et encourage le maire Moussa Sy, car je pense que c’est là une démarche à la fois patriotique et républicaine. Je ne suis pas du même bord politique que lui, mais en tant que républicain, je salue cette initiative que j’apprécie à sa juste valeur. A mon avis, tous les maires doivent suivre cet exemple qui devrait être appliqué jusqu’au plus bas de l’échelon quand s’il s’agit de désigner des représentants de la population dans tous les domaines.
S’il est vrai qu’ils sont au service de la population comme ils le prétendent et le clament sur tous les toits, nos hommes et femmes politiques devraient s’atteler à insuffler une culture citoyenne, démocratique et républicaine à leurs militants et à mettre l’intérêt national au-dessus de leurs intérêts partisans. Là encore, Moussa Sy s’est souvent fait remarquer par des prises de position qui allaient à l’encontre des intérêts de son parti d’alors (?), le Pds. Ce fut le cas le 23 juin 2011 lors de l’examen du projet de loi instituant le ticket présidentiel et le quart bloquant, voulu par le Président Abdoulaye Wade. Pendant que l’opposition manifestait devant l’Assemblée nationale et dans les rues avoisinantes, Moussa Sy, alors député du Pds, s’est vaillamment et bruyamment opposé au vote de cette loi, prenant plusieurs fois la parole pour dénoncer l’iniquité du projet. Son discours faisait écho à celui de son collègue Me El Hadji Diouf. Ce jour-là ils ont porté haut le flambeau pour empêcher ce qui allait être une dérive du pouvoir libéral. Tout ceci pour dire que nous avons besoin de femmes et d’hommes politiques républicains, patriotes, soucieux des intérêts réels de la population, prompts à renoncer à leurs privilèges et/ou intérêts partisans pour le bien du pays et de la population.

Amadou Abdoul SAKHO
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