Président et fondateur du parti de centre gauche l’Alliance démocratique Péncóo, Moussa Tine ne partage pas le fait que le gouvernement n’ait pas présenté sa démission au président de la République au lendemain des élections législatives anticipées. Cette démarche est «un mauvais signal pour le président de la République, ainsi que pour le Premier ministre». Aux yeux de Tine aussi, l’exercice qui consiste à afficher sa position devient de plus en plus difficile au Sénégal. Ce dernier s’offusque des critiques contre les idées d’autrui sans que ceux qui les critiquent ne comprennent le fond de la pensée de ceux qui sont à l’origine de ces idées. Il évoque aussi, dans son intervention, certains «couacs» liés à l’installation de la 15ème Législature, tout en affichant l’espoir que ces difficultés soient résolues à jamais.Par Amadou MBODJI – 

Le réaménagement du gouvernement sans se plier à la procédure attire l’attention de Mous­sa Tine. Le président-fondateur du parti politique Alliance démocratique Pencoo en parle à travers les lignes qui suivent.
«Escamoter la démission du gouvernement au lendemain d’élections législatives, en annonçant juste que le président de la République a renouvelé sa confiance au gouvernement, est un très mauvais précèdent à la fois pour le président de la République ainsi que pour le Premier ministre, surtout dans le contexte actuel. La démission de courtoisie, qui est une coutume, a une fonction pacificatrice du jeu politique et de mise en cohérence des institutions. Le mot coutume ici n’a pas un sens littéraire, il a une signification et une valeur juridiques», souligne-t-il.
Il est habituel de voir le gouvernement démissionner à l’issue d’élections, selon une tradition républicaine. Or, ce lundi, quelques heures après l’élection du président et du Bureau de l’Assemblée nationale, le Premier ministre, Ousmane Sonko, est sorti du bureau du chef de l’Etat pour annoncer un réaménagement du gouvernement avec l’entrée du député Pastef Abass Fall et la sortie du ministre El Hadji Malick Ndiaye, élu président de l’Assemblée nationale.

«Il est difficile de parler présentement au Sénégal…»
Par ailleurs, Moussa Tine, dans une note transmise à Senego, constate la difficulté à émettre ses idées au Sénégal, fusse-t-il pour défendre le régime en place. Les gens ne prennent pas le temps de comprendre la position de l’autre que les critiques fusent de partout. «Il est difficile de parler présentement au Sénégal, même lorsque vous dites des choses qui sont en faveur du régime. Les gens ne lisent pas. Ils prennent juste position en fonction de l’auteur de la publication», diagnostique Moussa Tine, à travers une note relayée par Senego.
Revenant sur l’installation de la 15ème Législature, M. Tine y relève des «couacs» en parlant des «bureaux paritaires», avant de finir sur une note d’optimisme. «Ce pays a une histoire et des institutions qui ont traversé tellement de soubresauts. La tendance des décisions rendues par les juges sur la question des bureaux paritaires s’oppose à ce qui a été fait à l’Assemblée nationale lors de la mise en place de son Bureau. La décision du Conseil (constitutionnel) permettra certainement d’unifier la jurisprudence et de régler définitivement la question des bureaux paritaires», enchaîne M. Tine. Le poste de 8ème vice-président «polémique», destiné à l’opposition, est évoqué par Moussa Tine en avançant un argumentaire pour dénoncer la démarche.
«En tous les cas, la majorité parlementaire ne peut nullement se donner un poste de vice-président que ses suffrages ne lui permettent pas d’avoir. C’est comme si un parti qui n’a juste que le coefficient électoral voulait envoyer deux députés à l’Assemblée», atteste Moussa Tine.
Appuyer la presse, une obligation pour l’Etat
L’Etat a l’obligation d’appuyer la presse, selon M. Tine. «L’enveloppe que l’Etat verse à la presse n’est pas une aide, et c’est plus qu’une subvention. En réalité, c’est même une obligation pour l’Etat, une obligation qui découle de la Constitution. En vertu de l’article 8 de la Constitution, les citoyens ont droit à une information plurielle et l’Etat verse une enveloppe à la presse privée pour garantir ce droit constitutionnel à une pluralité de sources d’information. De la même façon, l’Etat verse des subventions aux écoles privées pour garantir le droit à l’éducation», indique-t-il. Avant de conclure en ces termes : «On fait mieux quand on sait pourquoi on fait. Tout le reste est mieux discuté par la suite.»
ambodji@lequotidien.sn