Moustapha Diakhaté appelle les députés à voter non contre le projet de loi d’habilitation donnant les pleins pouvoirs au Président Macky Sall pour agir contre le Covid-19. L’ancien président du groupe parlementaire Benno bokk yaakaar soupçonne des velléités de «légalisation de la dictature» au Sénégal.

«Projet de loi d’habilitation : et si Macky Sall voulait abolir la démocratie et l’Etat de droit ?» Moustapha Diakhaté voit des «abus «présidentiocratiques»» dans le projet de loi d’habilitation qui doit être adopté ce matin en plénière par l’Assemblée nationale et autorisant le président de la République, à prendre, par ordonnances, des mesures relevant du domaine de la loi pour faire face à la pandémie du Covid-19. «Adopter tel quel le projet de loi d’habilitation en y maintenant la sécurité, la continuité et le fonctionnement optimal de l’Etat serait une grave menace sur la démocratie et l’Etat de droit», a prévenu hier dans un communiqué l’ancien président du groupe parlementaire Benno bokk yaakaar. L’animateur du courant Manko taxawu sunu Apr appelle les Sénégalais à ne pas laisser le coronavirus «accoucher d’une dictature». Moustapha Diakhaté de s’expliquer : «Il faut confiner la loi d’habilitation dans le seul cadre budgétaire de la riposte contre le coronavirus et ses effets économiques, sociaux et sanitaires. Le Sénégal n’est pas confronté à une guerre civile ou à une insurrection mais à un péril sanitaire, social et économique. Il s’agit d’une pandémie aux conséquences désastreuses nécessitant une mobilisation de ressources financières à la hauteur des défis et enjeux actuels et à venir.»
S’il trouve «acceptable» l’exposé des motifs de la loi d’habilitation, l’ancien député indique cependant que son champ d’actions est d’ordre «économique, budgétaire, social, sanitaire relevant du domaine de la loi des Finance 2020». Diakhaté d’ajouter : «C’est pour cette raison que le projet de loi d’habilitation pose problème lorsqu’il étend son application à «la sécurité, à la continuité et au fonctionnement optimal de l’Etat», domaines qui relèvent de la Constitution ou qui sont déjà pris en charge par le législateur dans d’autres lois existantes». Il invite les députés à rejeter le projet de loi parce que le Président Macky Sall n’en a pas besoin «à moins qu’il ne veuille légaliser la dictature du régime politique sénégalais».