Mouvement national des enseignants : L’eldorado dakarois
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Lors du lancement de la Commission nationale consultative de mutation des personnels enseignants, les ministres de l’Education nationale et de la Formation professionnelle ont présidé les travaux qui vont se pencher sur les demandes d’affectation du personnel enseignant. Au total, 26 mille 277 enseignants dont 708 pour le ministère de la Formation professionnelle, ont déposé leur candidature, soit 84 mille 104 demandes formulées. L’activité entre dans le cadre de la gestion équitable et de la valorisation du statut de l’enseignant.Par Badé SECK –
Les ministres de l’Education nationale et de la Formation professionnelle ont lancé, hier à Saly, les Assises de la Commission nationale consultative de mutation des personnels enseignants communément appelées Mouvement national.
Une tradition qui entre dans le cadre de la gestion équitable et de la valorisation du statut de l’enseignant.
Les présentes assises constituent un moment fort dans l’agenda des ministères en charge de l’Education et de la Formation professionnelle, car elles sont observées attentivement par la communauté éducative en général, les enseignants en particulier. Cette année, au total 26 mille 277 enseignants dont 708 pour le ministère de la Formation professionnelle, ont exprimé leur souhait de changer de poste. Globalement, le nombre de vœux formulés par les enseignants s’élève à 84 mille 104 en 2024 contre 74 mille 020 en 2023. Et, il est à préciser que chaque agent peut émettre jusqu’à quatre postes d’affectation souhaités.
Pour le ministre de l’Education nationale, ces candidatures sont révélatrices du succès indéniable de l’activité auprès des personnels enseignants, tous corps confondus ; d’où l’importance du respect scrupuleux des obligations de transparence, d’objectivité, de neutralité et d’impartialité auquel sont assujettis les agents publics. «Concernant le secret des délibérations, je voudrais me féliciter des efforts réalisés ces dernières années et vous exhorter à persévérer dans cette voie et à continuer à travailler dans une atmosphère empreinte de collégialité, de sérénité, de cordialité et de respect. La réussite du présent atelier est à ce prix», invite M. Guirassy. Il poursuit : «Il faudrait à la fin du processus, dans le cadre du dispositif de suivi-évaluation et à travers une démarche prospective, plurielle et féconde, parvenir à un examen rigoureux et critique de l’activité pour assurer sa consolidation, son amélioration et sa pérennité.»
Les enseignants ont profité de la cérémonie d’ouverture du Mouvement national pour porter quelques plaidoyers relatifs à leur carrière professionnelle. Le porte-parole du G7 a indiqué que cette année encore, la commission se tient dans un contexte marqué par la fermeture des postes dans le Mirador dans de nombreuses académies, notamment dans celles de Thiès et de Dakar, lié au déficit criard d’enseignants. «Et face à cette situation, préconise-t-il, la solution n’est pas de rationaliser le Mouvement national, ce qui engendrerait d’autres crises, mais plutôt de recruter de manière régulière et conséquente un nombre suffisant d’enseignants par voie de concours.» Amadou Ba renchérit : «Le non-recrutement d’enseignants est aujourd’hui à l’origine de la baisse de niveau, du fait des réductions horaires dans beaucoup de disciplines et de redéploiements abusifs de collègues, certains se voient changer de poste involontairement d’année en année dans une même académie.»
Les syndicats les plus représentatifs des enseignants ont plaidé pour la mise à jour des textes liés à la prise en charge, qui seraient, à leur avis, désuètes. Egalement, ils ont formulé quelques recommandations : le respect strict des heures légales de travail pour cette commission, «ce qui nous épargnerait une fatigue inutile» ; l’implication de tous les acteurs à toutes les étapes du processus du Mouvement national ; le traitement équitable et l’harmonisation dans la prise en charge des membres des commissions au niveau des Ief et Ia, et ce, à l’échelle nationale ; le respect des délais souscrits dans la feuille de route du Mouvement national ; la tenue d’un mouvement régional et non académique dans la région de Dakar caractérisée par l’existence de trois académies ; et enfin la compétition pour le poste d’intendant basé généralement sur le clientélisme politique. En réponse aux différentes préoccupations des enseignants, Moustapha Mamba Gurassy a indiqué que la valorisation de la profession enseignante demeure le premier levier pour une transformation systémique de l’éducation. «Des enseignants de qualité, qui ont une bonne formation initiale et continue, bien motivés et engagés, et dont le rôle et la place dans la société sont bien perçus, constituent un intrant de qualité pour une école performante», a-t-il lancé à l’endroit des syndicalistes.
Moustapha Mamba Guirassy a indiqué que les assises interviennent aussi dans un contexte de changement, voire de transformation systémique, suite à l’élection, à la magistrature suprême, de Bassirou Diomaye Diakhar Faye.
Pour ce faire, il a rappelé que dans le sous-secteur de l’éducation, cette situation a induit l’adoption d’une nouvelle vision, celle de faire évoluer le système éducatif vers une société éducative inclusive et efficiente pour enfin former à l’horizon 2035, un citoyen bien adossé à son socle endogène de valeurs africaines et spirituelles, tout en étant préparé aux défis du développement, des sciences et technologies, du numérique et de l’Intelligence artificielle.
Le ministre de la Formation professionnelle a salué la collaboration avec les partenaires syndicaux pour leur apport riche et varié à la gouvernance du secteur. Moustapha Ndieck Sarré a assuré que les deux départements s’engagent à poursuivre la coopération avec les syndicats d’enseignants pour l’émergence d’une école performante.
bseck@lequotidien.sn