C’est une nouvelle donne dans les mesures de prévention contre le coronavirus. Les autorités sanitaires qui soutenaient que le port du masque était limité aux soignants et aux malades font savoir qu’il «devrait être généralisé». Un changement de discours qui n’est pas seulement propre au Sénégal. En France et aux Etats-Unis, la généralisation du port du masque est maintenant fortement recommandée. Ce qui n’était pas le cas il y a quelques semaines.
Va-t-on vers la généralisation du port du masque au Sénégal comme moyen de prévention contre le coronavirus ? Les propos du directeur de Cabinet du ministre de la Santé sur la Rfm laissent entrevoir cette idée. Hier sur cette chaîne de radio, Dr Aloyse Diouf a fait savoir que «le port du masque doit être généralisé». Arguments à l’appui, il soutient : «Aujourd’hui, tout le monde devrait en avoir. Vous pouvez faire tous les efforts, mais être contaminés par une personne qui tousse ou qui éternue vers vous. J’encourage tout le monde donc à porter des masques.»
Seulement, force est de constater qu’il a été noté une évolution dans la position des autorités sanitaires sur le port généralisé des masques. Jusque-là, le Sénégal s’était aligné sur les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) concernant cette question. L’Oms faisait savoir au début de la pandémie que si l’on est en bonne santé, on ne doit pas utiliser un masque. Selon cette structure onusienne, le masque devrait être utilisé par le personnel soignant et les personnes infectées par le Covid-19 ou qui présentent les symptômes.
Mais avec les nouveaux développements notés dans la transmission de la maladie, le discours au niveau de l’Oms a changé. Vendredi dernier, un responsable de l’organisation, cité par le journal français Le Figaro, «a ouvert la voie à un usage accru des masques, même artisanaux, par le grand public afin de limiter la propagation du coronavirus». D’après ce dernier, «la transmission par voie aérienne du virus pourrait avoir affecté plus d’un million de personnes dans le monde et tué 50 mille personnes depuis les premiers cas en décembre en Chine». Tout en soutenant que les masques médicaux et chirurgicaux doivent être réservés en première ligne aux personnels de santé, Mike Ryan estime que «l’idée d’utiliser des masques recouvrant les voies respiratoires ou la bouche pour empêcher que la toux ou le reniflement projette la maladie dans l’environnement et vers les autres (…) n’est pas une mauvaise idée en soit». L’expert en situations d’urgence à l’Oms déclare aussi : «Il peut y avoir des circonstances dans lesquelles l’utilisation des masques, qu’ils soient faits maison ou fabriqués en tissu, à l’échelle d’une communauté, peut participer à la réponse globale et complète à cette maladie.»
Le Sénégal n’est pas le seul pays où la position sur le port généralisé du masque est en train de s’infléchir. En France et aux Etats-Unis, le discours des autorités sur cette question a également évolué. Aux Etats-Unis, les autorités sanitaires conseillent désormais aux Américains de se couvrir le visage lorsqu’ils sortent de chez eux. Il en est de même en France où, d’après le journal Le Monde, «l’Académie de médecine a jugé vendredi qu’il fallait attribuer en priorité les masques Ffp2 et chirurgicaux aux soignants, mais qu’un masque ‘’grand public‘’ devrait être rendu obligatoire pour les sorties pendant et après le confinement».
Au Sénégal, l’on est tenté de se demander si cette nouvelle position des autorités sanitaires n’est pas dictée par la transmission communautaire du coronavirus ? Une autre question en suspens, ce sont les moyens dont disposent les populations pour se procurer les masques, mais aussi et surtout concernant leur bonne utilisation. Une autre paire de manches.