Le mois dernier, le Goethe Institut de Dakar a accueilli l’édition 2017 du Music and More. Elle a été spécialement consacrée aux Femmes d’Afrique et de la diaspora. A cette occasion, l’artiste rappeuse Thaïs  Diarra était à l’honneur avec Fatim Sy et Mamy Kanouté au chant.  Peu avant sa montée sur scène, Thaïs, la rappeuse tout émue de revenir jouer sur une scène sénégalaise, après une période d’absence a annoncé sa joie de venir présenter à son public son nouvel album Danaya. «Pour le concert de ce soir (Ndlr, 17 février dernier), j’ai prévu de rendre hommage aux femmes d’Afrique, de la diaspora et aux femmes qui sont métisses comme moi. J’ai également prévu de m’amuser, de chanter avec elles et de leur rendre hommage parce que j’ai rencontré beaucoup de femmes dans toute l’Afrique qui ont beaucoup d’ambitions, qui sont entrepreneuses. Ce qui n’est pas mis en valeur. C’est aussi l’occasion pour moi de parler aux femmes, et aux hommes aussi, pour leur dire que les femmes sont là, qu’elles font partie du développement de l’Afrique. Quel que soit le domaine, elles excellent, elles ont du potentiel et il faut vraiment leur donner la place à laquelle elles ont droit», avait-elle affirmé.
Il faut rappeler que c’est en 2005, que Thaïs Diarra avait rencontré le musicien-arrangeur suisse, Fred Hirschy (Tumi Molekane, Fredy Massamba, Carlou D, Awadi, Nix), avec qui elle entama une collaboration. Cette complicité musicale aboutit à un premier album solo, Métisse, enregistré entre la Suisse et le Sénégal et dans lequel ils mêlent des instruments africains (kora, balafon) à la neo soul américaine. Influencée par la soul, le hip-hop et la musique mandingue, elle offrait un album métissé, afrosoul, avec des invités de marque comme Awadi, Fredy Massamba, Gunman Xuman et le koriste Nou­moucounda. Dans ses textes, chantés en anglais, français, wolof ou bambara, Thaïs parle de tolérance, d’espoir mais aussi de thèmes plus graves comme l’exil, la persécution ou les diverses difficultés rencontrées en Afrique. Avec cet album elle avait fait l’Afrosoul tour entre la Suisse, les Pays-Bas, le Sénégal, le Kenya, le Rwanda et la Tanzanie. Elle s’était également produite au célèbre Festival Sauti za Busara à Zanzibar en 2015. Mais avec ce retour au pays de la téranga pour un concert dans le cadre de Music and More, Thaïs Diarra a ramené son deuxième album dont la réalisation est cette fois plus importante, avec l’utilisation de cuivres, claviers et une orientation plus reggae, quoique toujours afrosoul. Elle y parle toujours d’espoir et de confiance mais cette fois s’intéresse particulièrement à la femme et à sa place dans la société.

Un message engagé
Peu avant sa montée sur scène, elle avait rencontré en loge la presse nationale pour revenir sur son expérience  de chanteuse  qui lui a fait réaliser à quel point les femmes, dans le monde entier, commencent à s’affranchir et à se libérer. «Lorsque les femmes s’élèvent, c’est toute la nation qui s’élève avec elles», avait mentionné Thaïs Diarra qui avoue utiliser sa musique pour s’engager à la cause des femmes. «Je passe des messages qui sont apolitiques. En créant l’album, j’ai créé parallèlement un réseau de femmes qui ont déjà une certaine expérience, dans le domaine de la mode, de la photo ou dans le domaine artistique en général pour qu’on se réunisse ensemble, qu’on monte des projets et qu’on les mette en lumière ; pour pouvoir aider la couturière, la femme qui a envie de monter son salon, et peu importe si elles n’ont pas le talent, les moyens ou les contacts qu’il faut pour faire tout cela… », a-t-elle encore expliqué. L’auteur de It’s all love a également rendu hommage aux artistes sénégalais qui l’ont révélée au public. «J’ai commencé ma musique ici à Dakar en collaboration avec les artistes africains et sénégalais, Didier Awadi et les autres. Ce sont eux qui m’ont révélée au public sénégalais. Le Sénégal sera toujours une partie de ma musique, une partie de mes projets, et je compte bien faire d’autres collaborations dans l’avenir aussi», avait-t-elle dit.
Pour ce concert, Thaïs Diarra était accompagnée par Noumoucounda à la kora, Fred Hirschy à la basse, Barnabé du Togo à la batterie et à la guitare René Chalome du Bénin. Elle avait interprété plusieurs titres dont : Africa Dièye, Kanou, Tribal entre autres.  Pour le public, la gastronomie allemande était aussi à l’honneur avec la complicité de Melo pâtisserie et une expo photo de Sandy Haessner et Fatoumata Diabate.
arsene@lequotidien.sn