Retour en force du «Flow up», ce festival qui est né de la volonté d’améliorer la visibilité des nouveaux talents, de promouvoir le hip-hop et les cultures urbaines au Sénégal et en Afrique. Signe de la popularité du festival, 1451 candidatures ont été enregistrées pour ce «Flow up» 2022 qui va mettre en jeu 5 millions de francs Cfa, un morceau de 6 titres et un accompagnement pendant une année. La finale est prévue pour le 31 décembre prochain à l’Esplanade du Grand Théâtre national. Mais déjà, le Centre culturel Léopold Sedar Senghor de Pikine bat au rythme des confrontations. Nous avons suivi les quarts de finale qui mettent aux prises des jeunes artistes venus des quatre coins du Sénégal.

Devant la scène du Centre culturel Léopold Sedar Sen­ghor de Pikine, la fosse se remplit peu à peu. L’am­biance est bon enfant, les premiers rangs sont particulièrement animés. Le Mc tente d’enflammer la soirée, même si on est encore qu’au stade des quarts de finale et que le plus gros des spectateurs reste en retrait. Quelques passionnés de hip-hop bougent la tête frénétiquement au gré des rythmes qui s’enchaînent. Avec un public jeune et adepte de rap, mais aussi des professionnels du milieu hip-hop, ils sautent et dansent à la moindre démonstration technique des artistes. Les jeunes rappeurs rivalisent d’ardeur. Dans les étages, ils se préparent tour à tour à affronter le jugement du public et du jury. Un climat bienveillant et décontracté efface tout soupçon d’une compétition dont l’issue pourrait changer leur vie. La pression monte lorsque les artistes sont appelés à passer. Derrière le rideau noir qui les sépare de la scène, plus de place au doute. Dans quelques instants, leur destin se jouera. «Your boys Badou the Wise, je représente les Parcelles Assainies. Aujourd’­hui, je suis là pour la compétition. On a hâte de monter sur scène et de montrer notre talent», se présente-t-il au début de l’entretien. 29 ans, apparence décontractée, allure sereine et démarche décidée, Badou, accompagné de son manager, maîtrise la foule, sait comment capter son énergie pour donner le meilleur de lui-même. Look travaillé, veste colorée et casquette à l’effigie d’un tigre, il a commencé le rap vers 2016. «Ça fait un bail que j’écoute de la musique. Mais en 2016, je me suis dit voilà, c’est le moment. Faut que je m’accroche et que je me batte. Avec mes grands frères, on regardait nos artistes préférés à la télé», se souvient-t-il. Engagé dans le rap, il essaye de transmettre des messages à travers les musiques que les gens peuvent écouter. «Ça commence par la mélodie. Les gens peuvent entendre et partir, mais si tu laisses des mélodies, ils s’accrochent», vante-t-il. Et d’après lui, c’est la meilleure façon de transmettre des messages à des gens qui ne te connaissent même pas. Dans sa musique, révèle-t-il, il y a beaucoup de couleurs. «Ma musique, ça frappe l’œil. Mais quand ça rappe, ça torche sur n’importe quelle prod. J’ambiance bien. Je chante aussi. Je peux mettre des prods où c’est saignant», argumente-t-il sur un rythme enlevé, une présence scénique incontestable, un flow en symbiose avec le beat, une performance captivante qui retient l’attention du début à la fin. Dans son regard, rien ne semble l’arrêter. «Là, je viens de terminer mon projet. Je suis sur deux compétitions en ce moment et mon projet est prêt et il sortira après les compétitions. Ça a été dur pour trouver des producteurs, ça coûte cher. On s’est dit pourquoi télécharger ? Mieux vaut nos propres productions qui correspondent à ce qu’on fait», a-t-il fait comprendre. Revenant sur le clash dans le milieu du hip-hop, il dira que qu’il s’agisse de Ngaaka Blindé ou de Ahlou Brick, il est fier d’eux car, dit-il, au Sénégal, le public mbalax est plus nombreux et ce clash a permis à ce que tout le monde s’intéresse au rap galsen, surtout avec les clips.
Par Ousmane SOW et Florian VIARD