Il avait démarré une belle carrière musicale avec des prestations sur de grandes scènes à Dakar et Nouakchott. Les aléas de la vie vont l’obliger à mettre en veilleuse cette carrière. Aujourd’hui, tel un phénix, il s’apprête à renaître de ses cendres. Son tout nouvel album est une ode au Walo de ses origines et à ses fils.

A Dagana, on ne le présente plus. Les populations, précisément les mélomanes, peuvent reconnaître sa voix mélodieuse les yeux fermés. Alassane Ndiaga Diop dit Lass est un artiste musicien polyvalent. Il valse sur toutes les sonorités. Bien qu’il ait démarré par la danse avec le roi du mbalakh Youssou Ndour en 1983 lors d’un podium à Dagana avant de virer dans la musique. Il était âgé de seulement 13 ans. Originaire du Walo, province jadis prospère située à l’embouchure du fleuve Sénégal qui le sépare de la Mauritanie. Cette contrée est encore très connue historiquement à cause des femmes de Nder, ces résistantes sénégalaises à l’esclavage qui ont préféré se sacrifier collectivement en se donnant la mort pour ne pas tomber entre les mains d’esclavagistes maures et de la Linguère Ndatté Yalla Mbodj, la dernière grande reine et héroïne de la résistance à la colonisation française dans l’Afrique de l’Ouest du 19ème siècle. Lass n’a plus rien à prouver dans son milieu. En attestent les tournées qu’il a effectué en Gambie en 2002, période durant laquelle il a fait sa première sortie musicale. Avant de se produire à nouveau à Dakar, plus précisément au centre culturel français, où du haut du podium il arrosait le public de ses belles mélodies en 2008. La même année, il s’est rendu au festival de Jazz Nomade à Nouakchott avant fouler une seconde fois le sol mauritanien en 2009 au festival de Jazz de Nouakchott.
La quarantaine révolue, Lass n’a pas que de bonnes notes à son arc. Enfant unique, il a très tôt goûté au chagrin de la perte de parents dont son père arraché à son affection quand il n’avait que 8 ans. Poursuivant son bonhomme de chemin après le deuil de son pater, il sera confronté une seconde fois à des situations difficiles. Notamment, une maman malade face à un jeune enfant qui évoluait dans la musique. Ainsi, prit-il la décision de mettre en veilleuse sa carrière pour se consacrer à sa mère. Obligé de trouver du job, même si c’est pour devenir journalier, l’essentiel c’était de trouver de quoi payer les ordonnances et autres analyses d’une génitrice sans soutien.
Sa passion sous l’éteignoir, il consacra ainsi plusieurs années à celle qui l’a mis au monde qui, hélas, finira par rendre l’âme à l’âge de 100 ans. Passé le deuil de ses 2 parents, Lass a décidé de reprendre le micro afin de poursuivre sa passion. Son premier single est consacré à son terroir natal le Walo titre éponyme. Un morceau fétiche à travers lequel il véhicule un message aux fils du terroir établis un peu partout au Sénégal comme dans la diaspora. Le message est une invite à un retour au bercail et d’investir dans l’agriculture, l’élevage, compte tenu des terres fertiles dont dispose la localité mais aussi investir dans la pêche.
A travers ses notes musicales, hommage est rendu à un fils du terroir qui en fait la fierté. Notamment, l’ancien ministre de l’Energie et du pétrole, Matar Cissé, une digne personne qui œuvre grand pour ses frères et sœurs. «Quelqu’un qui ne se lasse jamais d’apporter aide et soutien aux Walo-walo sans broncher», selon lui. Le challenge de Lass aujourd’hui c’est de porter le drapeau de son terroir natal sur les podiums internationaux, après bien sûr, avoir ratissé large au niveau national.