De «Retour en enfer», Mamadou Lamine Maïga étale son expérience en 10 titres. Son album est sorti ce vendredi. C’est un partage d’expérience pour la jeune génération de musiciens, arrangé par Papis Konaté et Pape Dembel Diop.

Frêle et chétif avant d’aller en Italie, c’est un Mamadou Lamine Maïga qui respire la forme qui a fait face à la presse ce vendredi. Après son Retour de l’enfer, l’artiste étale son Expérience sur 10 titres. Cet album, deuxième du genre après sa cure de désintoxication, est une invite au partage d’expérience. «La musique est actuellement malade. On avait l’habitude, pour confectionner des albums, de travailler des mois durant. Maintenant, ce n’est plus le cas. On peut faire 100 morceaux en une journée. Il y a un problème de temps. Je veux partager avec la nouvelle génération notre façon de faire de la musique de qualité», a d’emblée expliqué Maïga. Ainsi, l’ancien membre du Super Diamono a rendu hommage à Youssou Ndour, Mous­tique Ndiaye et Mbagnick Diop Souche. «Je n’ai pas l’habitude de chanter des personnes pour leur argent. Depuis les années 80, je suis ami avec Mbagnick Diop, tout le monde le sait. Youssou Ndour m’a permis d’interpréter le Japal, car je l’avais fait un jour à Thiossane. En sortant cet album, j’ai senti le besoin de l’interpréter et je l’ai fait. Pour Moustique Ndiaye, ancien chanteur décédé en octobre, son fils porte mon nom. Donc ce n’est pas pour l’argent. C’est plutôt un feeling», a expliqué Maïga. Avant de revenir sur les motivations réelles de cet opus. «J’ai constaté que nous ne jouons pas notre musique. J’ai voulu, par cet album, dire à la nouvelle génération que nous avons les ressources humaines et le talent pour faire de la bonne musique. Cette dernière ne peut se faire sans rigueur. La confection de cet album m’a pris 3 mois. On a fait des ateliers avant d’aller répéter pour enfin enregistrer en studio», a-t-il déclaré. Sans pour autant s’aventurer à qualifier la musique sénégalaise actuellement, Maïga a fait preuve d’expérience pour parler avec la jeune génération de musiciens. «Même si vous êtes riches, il faut être humbles et aller vers les aînés pour partager leurs expériences» a-t-il invité la jeunesse. Comme pour confirmer Maïga, Papis Konaté et Pape Dembel Diop, les arrangeurs de l’album, ont souligné le professionnalisme de Maïga. «Il n’est pas négatif. C’est un plaisir de travailler avec lui. Ce qui m’a le plus plu dans cet album, c’est qu’on a pris le temps de bien le travailler», a reconnu Papis Konaté. Dembel, pour sa part, s’est émerveillé du talent de Maïga qui n’a pas pris une ride en plus de 30 ans de carrière. «Il fait partie de la vieille garde. Mais les jeunes ne l’ont pas encore dépassé. Il n’a pas voulu faire un single pour s’aligner sur les exigences du marché. Il s’est servi de lui-même pour donner un exemple à la société sénégalaise. Et on devrait le payer pour ça», a soutenu l’arrangeur. Qui, faut-il le mentionner, estime qu’il «y a trop d’informations et de juxtapositions dans la musique sénégalaise. Et Maïga est dans le contrecourant de ce qui se fait».
Pour le moment, Ex­pé­rience n’est disponible qu’en version physique, pandémie oblige. Mais il n’est pas exclu de le voir sur les plateformes de téléchargement. Pour ce qui est de la promotion de l’opus, Maïga explique qu’il va faire la même chose que Youssou Ndour et autres. Des sessions live sont prévues. Elles seront diffusées soit à la télévision ou sur les réseaux sociaux. In­terpellé sur l’opportunité de sortir un produit en période de crise, il préfère voir le verre à moitié plein. «Les gens auront le temps de vraiment écouter l’album, car c’est mon objectif. Je veux partager mon expérience», a-t- déclaré.