Après douze ans d’absence, Alune Wade a enflammé la scène de l’Institut français ce vendredi. Le concert magistral livré par l’enfant du pays qui a revisité son dernier album «African Fast Food», a enchanté les spectateurs.
Douze ans après, le bassiste sénégalais Alune Wade est remonté sur la scène de l’Institut culturel Léopold Sédar Senghor. Devant un public enthousiaste, Alune Wade a entrouvert les portes de son univers musical. «Un concert extraordinaire qui n’a fait que confirmer le grand talent de Alune Wade», assure avec un grand sourire le Pr Maguèye Kassé au sortir de ce concert. Pendant près de deux tours d’horloge, le bassiste a régalé le public de rythmes aussi variés que diversifiés. Avec l’afrobeat, le jazz, le blues et autres notes rythmées. «C’est un musicien talentueux et très créatif. Vous avez vu ce qu’il fait avec sa basse ! C’est comme s’il avait des tama», jubile Bouna Ndiaye. Sur la scène, le virtuose a montré toute l’étendue de son talent avec des notes qui ont bercé le public. Par moments, la musique s’est faite douce aussi quand Alune Wade a chanté l’éloignement et la nostalgie. Mais le groove n’est jamais bien loin et les accents de guitare montent alors dans un paroxysme sonore entrainant les spectateurs. Pour le Pr Kassé, plus aucun doute ne plane sur la virtuosité du musicien dakarois. «C’est un virtuose, un musicien accompli qui a une très grande originalité et une créativité sans nom», souligne-t-il.
Le premier concert à Dakar de Alune Wade depuis plusieurs années a été suivi d’un autre à Saint-Louis ce samedi. Selon Moustapha Samb, de l’Institut français, ce concert est exceptionnel. «Ça fait partie de notre action de promotion de la diaspora sénégalaise qui rayonne, qui porte le drapeau du Sénégal ailleurs et qu’il est important de retrouver», souligne-t-il non sans remarquer que le Sénégal a une «diaspora incroyable». «C’est important de les montrer pour que les Sénégalais découvrent leur travail et puissent communier avec eux», dit-il. Auréolé de ses expériences avec de très grands noms de la musique africaine et mondiale comme Ismaïla Lô, Salif Keïta, les Frères Touré Kunda, le grand artiste de jazz Marcus Miller, Paco Sery ou encore le cubain Harold Lopez Nussa, Alune Wade a donné un bel échantillon de sa musique «équitable». «Il a vraiment bien joué et l’orchestre a été au top. C’était millimétré», juge Bouna Ndiaye.
Dans ses errances et recherches musicales, le musicien est resté attaché à ses racines. Ainsi chante-t-il Mame Cheikh Bamba ou encore Mame Fallou Mbacké avant de faire vivre aux spectateurs ses rêves de gloire à Paris. «En allant à Paris, je voulais être connu. Après, je voulais être reconnu par mes pairs», explique-t-il avant d’entonner Nuit des lombards, chanson extraite de son dernier album African Fast Food. Dans la ferveur de cette communion, Alune Wade a exécuté un duo grandiose avec Awadi sur la chanson Mami Wata. Un moment de pure joie pour le public qui découvre également la belle voix de Alune Wade. Et pour finir les choses en apothéose, c’est un groupe de Djembé et d’Assiko qui a rejoint les musiciens qui ont accompagné l’artiste, un Marocain, un Réunionnais, un Camerounais, un Bosniaque et un Cubain sur la scène. «Au Sénégal, si tu ne fais pas trop de tam tam, si tu n’es pas un peu griot sur les bords, tu n’es pas bien connu. Mais Alune Wade est en train de jouer sa partition et c’est aux autres d’aller vers lui», souligne Bouna Ndiaye pour qui le musicien devrait être mieux connu des Sénégalais.