C’est un groupe qui fait marcher ce qu’il fait. Metz Foundation, un trio venant du Luxembourg, a fait belle impression. Le groupe se contente de reprendre des classiques qu’il adapte à ses influences. Une recette qui va plaire à plus d’un.Par Malick GAYE (Envoyé special à Saint-Louis)

– «Les vieilles marmites font les bonnes sauces.» Ce n’est pas un adage qui se vérifie à tout moment et en toute circonstance. Il fallait se calfeutrer dans les sièges poussiéreux de la Place Baya pour s’en rendre compte. Metz Foundation s’y est produit en clôture du concert In d’ouver­ture du Festival international de jazz de Saint-Louis. L’alchimie du trio fondé en 2022 est digne des groupes qui capitalisent plus de 4 décennies d’expérience. Pour cette 33ème édition du Festival, ceux qui ont misé sur Saiko Nata, en se basant sur la fibre patriotique, pour vibrer, ont tapé poteau ! Bien que la prestation du Ssénégalais ait été correcte dans l’ensemble, c’est le groupe luxembourgeois qui a rendu la plus belle copie de la soirée. La recette ? Un son brut, électrique et dansant inspiré de la tradition afro-américaine et de l’impro­visation, tout en intégrant des textures sonores modernes. Expliqué ainsi, le rendu de Metz Foundation peut paraître élitiste ! Mais ce n’est point le cas. Sur de la musique moderne, le trio parle aux esprits, et ce dialogue se voit sur le corps. Qui ne peut rester stoïque tant la musique fait vibrer. Le saxophoniste Cyril Metz, accompagné de Alfredo Giménez (Espagne) à la batterie et Tuomas Ruokonen (Finlande), avec Joël Metz (Luxembourg), utilise Pharell Williams pour tenir en haleine le public. Feel good est revisité à la sauce jazzy. Le trio s’accorde même le luxe d’improviser. Le spectateur sait que c’est du Pharell Williams, mais n’en a pas le cœur net car à chaque moment, un des instrumentistes y ajoute une note qui fait naître une nouvelle musique. La belle performance du groupe se lit dans les yeux des festivaliers. Qui, comme d’habitude, sont divisibles en deux groupes parfaitement identifiables : les passionnés ou habitués de la scène d’un côté et les non-initiés de l’autre. Le journaliste culturel Alassane Cissé a même cru entendre du Tourécounda dans la prestation de Metz Foundation.

Metz Foundation est né de la rencontre, à Rotterdam, du saxophoniste luxembourgeois Joël Metz, du bassiste Espagnol Alfredo Giménez et du batteur Finlandais Tuomas Ruokonen dans le cadre de leurs études. Leur passion commune pour la musique improvisée et leur volonté d’explorer des sono­rités modernes les poussent à former ce trio. Le groupe se distingue par un style électro-jazz audacieux, mêlant des influences afro-américaines (jazz, funk, groove) et des sonorités électroniques et expérimentales. Ils s’inspirent notamment des albums Casting for Gravity et Blow de Donny McCaslin, tout en développant un répertoire original qui reflète leurs diverses influences culturelles. Metz Foundation place la fusion culturelle au cœur de sa démarche. Chaque membre apporte ses influences musicales, créant un son collectif qui marie la tradition du jazz à des éléments modernes comme le rock progressif, le funk et les textures électroniques. Leur objectif est de produire une musique à la fois accessible et expérimentale, capable de faire vibrer les publics sur des scènes de jazz comme dans des contextes plus festifs. Ils ont un album sur le marché. Propulsion 2 est disponible sur internet. Cet opus met en avant leur capacité à créer des compositions originales tout en restant ancrés dans l’impro­visation.
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