Le musicien guinéen, Mboma Barry, auteur de la chanson «Ko touba et oundougal», a été accusé de faire l’apologie du viol et de la pédophilie par plusieurs associations de défense des droits de l’Homme en Guinée. Selon l’activiste féministe, Dr Khaira Thiam, l’artiste aurait trouvé refuge au Sénégal pour ne pas déférer à une convocation de la police guinéenne.Par Mame Woury THIOUBOU –
L’artiste guinéen Mboma est devenu persona non grata au Sénégal où il se serait réfugié pour échapper à ses déboires judiciaires. L’activiste féministe, Dr Khaira Thiam, qui lance l’alerte, explique que l’artiste qui devait faire face aux autorités de l’Office de protection des femmes et des enfants de Guinée (Oprogem), est en séjour à Dakar pour ne pas déférer à une convocation de cet organe. «Saviez-vous que depuis quelques jours le Sénégal abrite sur son sol un chanteur guinéen poursuivi dans son pays pour apologie du viol et de la pédophilie. Il aurait répondu au colonel de l’Oprogem qu’il ne peut déférer à sa convocation du fait de son séjour à Dakar», alerte le Dr Thiam sur Facebook. Les raisons des déboires judiciaires de l’artiste sont à chercher dans ses dernières chansons dont Ko toubba et Oundougal. Selon un article publié sur le site Guinéematin, le musicien est sous le coup d’une plainte déposée par plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme en Guinée. Le journal interroge ainsi Asmaou Barry, présidente de l’Association des professionnelles africaines de la communication (Apac Guinée), l’une des Ong qui ont intenté une action en justice contre l’artiste. «J’avoue que quand j’ai écouté les propos, j’ai eu un sentiment d’indignation en tant que mère et en tant que femme. En tant qu’être humain, je me suis dit que ce sont des paroles déplacées et pire, c’est un appel au viol et à la pédophilie. Surtout que c’est quelqu’un qui a une certaine influence, parce qu’il a des fans qui le suivent, qui l’écoutent, il se permet de passer un tel message. On s’est dit donc que ce n’est pas normal et qu’il fallait bien dénoncer cette situation», confie cette dernière au site guinéen. Dans sa chanson, le musicien utilise un langage salace pour jeter à la vindicte les «filles en mini-jupe». «Quand elles ont 10 ou 15 ans, vas-y. Il faut bien pilonner», chante entre autres, l’artiste guinéen dont les dernières prestations au Sénégal ont eu lieu au Stade Iba Mar Diop de Dakar.
Expulsion ou extradition
«Le Sénégal ne peut pas être un refuge pour délinquant», estime le Dr Khayra Thiam. La psychologue demande en effet à l’Etat du Sénégal de prendre des mesures. «Nous demandons à l’Etat du Sénégal d’expulser cet homme vers son pays d’origine. On ne peut pas avoir déjà du mal à gérer les pédophiles et violeurs sénégalais, être incapables de protéger et aider nos victimes et vouloir s’encombrer de ceux venus d’ailleurs. Qu’il rentre chez lui et réponde à la justice de son pays.» Selon le Dr Thiam, «le viol et la pédophilie sont des crimes». Raison pour laquelle, les autorités devraient prendre leur responsabilité soit en prononçant une mesure d’expulsion contre l’artiste, soit en donnant suite à une demande d’extradition qui serait formulée par la Guinée. «Le Sénégal condamne dans son Code pénal l’apologie d’un crime ou d’un délit. C’est sur ce fondement qu’on avait attaqué Songhe Diouf alors que le viol n’était encore qu’un délit. Le Sénégal a par ailleurs une loi sur l’extradition qui stipule qu’il extrade des personnes qui font l’objet de poursuites judiciaires sur leur territoire d’origine pour des crimes et délits que le Sénégal réprime», explique-t-elle. D’un autre côté, la psychologue indique que le danger de tolérer de telles dérives réside dans la vulnérabilité des jeunes qui écoutent des messages de ce type. «Nous avons une jeunesse qui est vulnérable à n’importe quel message porté par des figures d’identification dont les artistes. Il ne faut pas que ces mêmes artistes profitent de leur statut d’idole pour propager des messages de nature à faire l’apologie du viol et de la pédophilie, ce qui entraînerait les jeunes à commettre ces crimes. Dans un secteur qui subit au Sénégal des attaques répétées des gardiens des valeurs autoproclamés, il n’est pas question que des artistes venus d’ailleurs, rajoutent de l’eau au moulin de ces pseudo-censeurs. Nos artistes sont nos vedettes et nous permettent de nous interroger à travers leurs arts sur les maux de nos sociétés, on doit les laisser créer tout en respectant l’interdiction de faire l’apologie de crimes aussi graves qui ont des répercussions pour la vie entière sur des enfants et des femmes», indique le Dr Thiam.
Face aux critiques, le chanteur avait dans un premier temps présenté ses excuses avant de se fondre dans la nature pour échapper à la convocation de l’Oprogem. Malgré tout, Mboma a été vu tout récemment dans un live Facebook avec un jeune guinéen de la diaspora, Paykoune Sarre, qui serait d’ailleurs son hôte au Sénégal.
mamewoury@lequotidien.sn
Les autorites du senegal doivent livrer ce malade sexuel aux autorites guineenne sans condition.