Pour pallier les problèmes qui gangrènent le secteur de la musi­que et trouver de pistes de solution, le site Musikbi a convié ce mardi, le ministère de la Culture, la Sodav, les producteurs, promoteurs, chanteurs, musiciens… à l’atelier sur l’industrie musicale au Sénégal qu’il a organisé. Au sortir de cet atelier, qui marquait également les 2 ans de la plateforme Musikbi, Moustapha Diop, l’administrateur général de Musikbi, en a dégagé les points saillants. Il s’agissait au préalable, de réfléchir sur 3 points que sont la distribution, la production et la promotion. «Au niveau de la distribution, l’un des problèmes phare c’est le revenu sharing. La part des opérateurs de télécommunication, c’est trop. C’est vraiment trop. Certains opérateurs demandent 70% juste pour transporter un sms. C’est ridicule», a remarqué M. Diop. Ailleurs au niveau de la production, ce dernier a relevé deux gros problèmes. «On s’est rendu compte que les producteurs n’étaient pas assez bien formés. Au niveau de la formation il y a à faire. Et l’autre élément important, c’est la lutte contre le piratage. Les gens ne vont pas investir de l’argent sachant que derrière cela ils ne seront pas capables de vendre. Que cela soit au niveau digital comme physique (Cd) il faut que les autorités encadrent ces ventes et interdisent les ventes de pirates qui sont devenues presque normales», préconise-t-il.
Pour ce qui est de la promotion, l’administrateur général de Musik­bi porte les revendications des acteurs, à savoir, entre autres : «Un traitement plus normal et plus équilibré des œuvres dans les médias, qui permettrait plus d’investissements.» Sur ce point de la promotion, M. Diop identifie que l’aspect digital est aussi problématique : «Aujourd’hui on vit digital. Ce serait important d’avoir plus de formation sur cet aspect. Que les gens aient une connaissance plus approfondie de la connaissance du marketing digital. C’est vital aujourd’hui dans le cadre des ventes», a-t-il fait savoir.

Un défi d’organisation
En 2 ans d’existence, les fondateurs de Musikbi ont pu se rendre compte de l’inorganisation notoire qui prévaut dans le secteur de la musique et qui l’empêche d’évoluer. Fort de ce constat, Musikbi a tout comme les autres acteurs de la scène musicale, réfléchi sur le défi d’organisation qu’il considère comme l’axe phare. «On ne se voile pas la face. Il y a beaucoup de problèmes. Le secteur serait plus productif, plus performant, s’il était organisé. L’organisation est déterminante. Tant qu’il n’y aura pas d’organisation, il y aura des pirates. Vous aurez beau distribuer, investir dans la promotion et dans plein d’autres choses, vous ne pourrez pas être performant. Il faut un écosystème stable, clair, défini pour que chaque partie s’en sorte», confie-t-il. Pour tirer leur épingle du jeu et bénéficier de retombés de leur activité, il faut nécessairement une meilleure structuration. Et cela ne se fait ni en un seul jour ni par une seule personne. Il s’agit, selon Mous­tapha Diop, d’un combat mutuel qui s’échelonne sur plusieurs mois, voire plusieurs années.
La grande conclusion qui a été retenue à l’issue de l’atelier a donc été de se mettre ensemble et de tenir tous les 3 mois ce type d’atelier pour résoudre les problèmes. Peut-être qu’on jettera ainsi les bases d’un système cohérent où le statut de l’artiste, ceux du producteur et des différents métiers de la musique sont clairement définis. «Sans ce statut, rien n’est possible. Il faut savoir qui est l’artiste, quels sont ses droits», a tenu à souligner Moustapha Diop. Le ministère de la Culture a pour sa part, annoncé une réflexion pour une licence d’organisateur, de producteur de spectacle.
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