Le rap s’est incrusté au Camp pénal de Liberté 6. Le mouvement se bat contre la «double peine» imposée par la pandémie sanitaire. Pour les détenus, c’était Noël avant l’heure.Par Malick GAYE

– C’est un jour pas comme les autres. En prison où les secondes s’égrainent à la même vitesse qu’une voiture sur l’autoroute en heure de pointe, disposer de 4 tours d’horloge de spectacle comique et musical n’a pas de prix. C’est le cadeau que l’Association «Guédiawaye hip-hop» a offert aux détenus du Camp pénal de Liberté 6. Le 16 décembre passé, c’était Noël avant l’heure pour ces prisonniers. De Pps en passant par Iss814, sans oublier Akbess et Leuz Diwane G, c’était un concert avec la crème du rap, que les détenus ont favorisé. Quand certains s’agrippaient aux violons, d’autres s’étaient amassés dans la cour. C‘était un spectacle dans le spectacle.
Les rappeurs, sensibles à la condition des détenus, ont fait preuve de générosité en offrant montres, tee-shirts et autres accessoires non prohibés par l’Administration pénitentiaire. C’était fort émotionnellement, comme le message de Malal Talla, le président de l’Asso­ciation «Guédiawaye hip-hop». «C’est difficile, la vie. Mais pour autant, ce n’est pas une raison pour être dans le mauvais chemin. L’homme, c’est celui qui est endurant dans l’épreuve. Certes, parmi vous il y a des gens qui sont là par erreur, mais je parle aux récidivistes. Vous n’avez pas le droit d’être ici. Préparez-vous à être des citoyens modèles, à la sortie», a déclaré Malal Talla.
Ce spectacle, qui lance les festivités de «Guédiawaye by rap», revêt un cachet particulier, cette année. En effet, organisée habituellement pour colorier la journée des détenus, cette édition a trouvé en la pandémie, une raison supplémentaire. En effet, contrainte d’appliquer les mesures restrictives afin de protéger les détenus contre le Covid-19, l’Adminis­tration pénitentiaire applique une «double peine». «Les détenus purgent leur peine et en même temps, on leur a refusé des visites à cause du covid-19. C’est pourquoi nous avons jugé nécessaire de venir réconforter les prisonniers», a expliqué Malal Talla.
mgaye@lequotidien.sn