La rumba qui bénéficie de la protection de l’Unesco, a été à l’honneur à la deuxième édition de Cinéma 48-Les rencontres du film musical de Dakar, qui s’est ouverte ce jeudi à la Place du Souvenir africain de Dakar. Cette rencontre de trois jours a intégré dans son programme, la session du Salon journalistique «Ndadje», initié par l’Institut Goethe au profit des journalistes culturels. Conférencier de cette formation, Paul Soni Benga, ancien Directeur général de la Drtv, une chaîne de télévision privée congolaise, a évoqué à cette occasion, les déclinaisons, mutations et avantages de la rumba, désormais inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité.Par Ousmane SOW

– La rumba, une passion congolaise qui a fait écho à travers l’Afrique et dans le monde, a été à l’honneur à la deuxième édition de Cinéma 48-Les rencontres du film musical de Dakar, initié par le journaliste culturel, Alioune Diop, en partenariat avec l’Institut Goethe. Paul Soni Benga, l’ancien Directeur général de la Drtv, une télévision privée congolaise, et conférencier de cette session, a retracé dans sa communication, l’historique de cette musique populaire qui provient selon lui, des deux Congo (la République démocratique du Congo et le Congo Brazzaville), avant de partir en Amérique latine. «Après ses influences, elle est revenue en Afrique et a subi des mutations pour devenir une musique un peu saccadée et endiablée. Mais, il y a des séquences qui montrent qu’elle a d’abord été chantée avec des textes à l’époque de la colonisation. Et après, elle est devenue ce qu’elle est aujourd’hui, c’est à dire moderne», a-t-il expliqué sans faire de critiques parce que, dit-il : «Il y a toujours une évolution dans la vie et cette évolution, c’est aux autres d’apprécier si elle est dans le bon sens ou pas.» «Mais ce qui est sûr, cette inscription de la rumba d’aujourd’hui, va peut-être permettre à cette nouvelle génération de se réapproprier les vraies valeurs de la rumba», a-t-il constaté, déplorant que les messages véhiculés aujourd’hui par les musiciens, n’éduquent et ne conscientisent plus.
«L’appauvrissement des textes est réel, depuis que le marché a pris le dessus sur le reste. Il y a très peu de paroles dans les chansons, ce qui crée un appauvrissement des textes et l’inexistence de messages qui, par le passé, éduquaient et conscientisaient. Mais, ils sont maintenant dilués à cause de légèretés de la vie», a signifié Paul Benga.

La rumba accaparée par le monde religieux
Poursuivant sa communication, il souligne que la rumba a aussi une autre déclinaison. «Le monde religieux s’est aussi accaparé la rumba. Quand vous allez dans les églises pentecôtistes, chaque culte est toujours accompagné de musique. Et si vous fermez les yeux, la musique que vous écoutez, vous avez l’impression que vous êtes dans un cabaret», a-t-il dit. Musique et danse à la fois, la rumba congolaise n’est pas seulement une mélodie, des textes, elle va également avec l’esthétique incarnée par les adeptes de cette société des «ambianceurs» et des personnes élégants (Sape). «La rumba continuera toujours à séduire les jeunes africains. Aujourd’hui, on associe la rumba à la Sape. Parfois quand vous allez dans les concerts des Congolais, ils sont bien habillés. Ils ne se contentent pas simplement d’écouter la musique, ils montrent aussi ce qu’ils ont porté», a-t-il fait savoir.
La conférence qui portait sur le thème : «La rumba congolaise sous toutes ses déclinaisons, si la rumba congolaise m’était contée», a été précédée de la projection du film documentaire, intitulé Nganda Edo, le dernier des Bantous de la capitale, qui retrace le parcours de ce groupe de musiciens congolais, dont Edo en était le dernier membre, décédé en juin 2020, à l’âge de 88 ans. Paul Benga, le réalisateur de ce documentaire d’une heure vingt minutes, souligne qu’aujourd’hui, il y a un problème de traçabilité par rapport à l’histoire et au vécu de Nganda Edo. «Nganda Edo, ce sont les Bantous de la capitale, mais aussi c’est la musique rumba qui a été inscrite dans le patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco. Il faut qu’on laisse des traces sur lui, car il avait une histoire intéressante à nous raconter», a-t-il indiqué.
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