Ancien braqueur, aujourd’hui chantre évangélique, le jeune artiste camerounais Vansy vient de sortir son premier Ep intitulé «Me voici», un album de 8 titres lancé le 20 juin 2025. A travers un genre musical actuellement en vogue en Afrique : l’afro-gospel, Vansy trouve enfin un refuge. Il crée de la musique pour soigner les âmes, en commençant par la sienne.Par Ousmane SOW – 

«Me voici», c’est le titre de l’album que le jeune artiste camerounais Vansy vient de mettre sur le marché. Bale­maken Kombolo Philippe Grégoire alias Vansy a présenté à la presse internationale son premier album, composé de 8 titres. Des morceaux qui célèbrent Dieu tout en abordant la réussite, les bénédictions matérielles, ainsi que des thèmes personnels ou moralisateurs. Un projet aussi introspectif que spirituel, miroir d’un parcours de rédemption hors du commun. Né à Yaoundé au Cameroun, Vansy a sombré très tôt dans la délinquance. Cigarettes, drogues douces, amphétamines, séjours au commissariat… bref, le jeune homme multipliait les dérives. Mais un jour, sa vie bascule. «J’ai commencé à avoir des visions, je croyais que c’étaient les effets des drogues, mais ma mère m’a expliqué que c’était un appel divin», confie-t-il avec émotion, lors d’une conférence de presse en ligne regroupant des journalistes et professionnels de l’industrie musicale dont Morry Touré, Lamine Ba ou encore Eustache Agboton. Sa mère, fervente chrétienne, l’a toujours encouragé à aller à l’église. «Ma mère, elle a chanté à l’église. Elle me le conseillait souvent, mais ce n’était pas dans mes priorités», admet-il. Pourtant, un jour, il décide d’y aller seul, sans en parler à personne. «Après trois ans dans l’église, j’ai fini par dire à ma mère que j’étais sur place. Elle était heureuse, elle a dit Gloire à Dieu.»
Alors, durant ces années de retraite spirituelle, Vansy découvre la musique gospel et trouve enfin un refuge. Il troque la rue pour l’autel, la violence pour le chant. «Cet Ep parle de ma dévotion à Dieu. Quand je dis Me voici, c’est comme si je disais à Dieu : me voilà, je me livre entièrement à Toi», explique-t-il. S’il reconnaît avoir été marqué par l’afro avant de se tourner vers le gospel, Vansy assume son choix hybride. «Avant que je ne fasse le gospel, je faisais déjà dans l’afro. Et quand j’entre dans le milieu gospel, je change complètement mon style musical. En réalité, l’afro-gospel n’est pas le style dans lequel je fais. Mais pour cet Ep, on s’est dit avec mon équipe, pourquoi ne pas tenter l’afro-gospel. Et puis, dans le prochain Ep, on va faire autre chose», prévient-il. Cependant, ce choix artistique est aussi stratégique, car Vansy a voulu s’adresser à un public large. «Le public visé, ce sont d’abord les chrétiens, mais aussi tout le monde. Parce qu’en réalité, ma musique, c’est l’Evangile. Je veux qu’elle touche tout le monde, les musulmans, les bouddhistes, les non-croyants. Je veux parler à tous. Je chante ma musique sur l’espoir», affirme-t-il avec foi. Conscient des difficultés du gospel au Cameroun, il refuse cependant de se laisser freiner. «Le gospel au Cameroun, ce n’est pas vraiment comme dans certains pays. C’est un style risqué ici, mais je me lance quand même à cause de ma foi en Dieu et par le travail avec l’équipe, ça va donner quelque chose de positif», dit-il. Et de préciser : «Cet Ep parle de ma dévotion à Dieu. C’est un geste de rédemption. Donc, je dis clairement à Dieu me voici, je me livre complètement à Toi, parce que je sais que c’est Toi qui gères ma vie», explique-t-il avec une foi sans ambiguïté. Toutefois, le message d’espoir qu’il veut transmettre ne s’arrête pas à la musique. Son histoire a été adaptée en téléfilm, Tranche de vie, une œuvre inspirée de ses années sombres. «Il n’y a personne qui est trop perdu pour ne pas être retrouvé. Moi, j’étais perdu. Aujourd’hui, je vis avec Dieu», affirme-t-il. Ce film, comme sa musique, veut dire à chacun qu’une transformation est possible. Pour Vansy, la musique est un outil d’évangélisation. «C’est ma technique à moi. Certains prêchent avec la parole, moi, c’est avec la musique», conclut-il. Un cri du cœur devenu mélodie. Un pari osé et profondément habité.
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