Musique – Sortie des albums «Fàttaliku» et «Fds» : Omar ressasse le passé et anticipe l’avenir


Son engagement n’est en rien d’ordre mercantile. En effet, cela fait des décennies que Omar Pène est au chevet de la société en dénonçant ses tares et exaltant ses bienfaits. C’est le moment de le «Fàttaliku» (souvenir en wolof). Dans cet opus, Baye Pène administre une piqûre de rappel tout en faisant danser. Il a aussi dédié un album aux Forces de défense et de sécurité (Fds).
Par Malick GAYE – Dans l’océan d’amour charnel auquel la nouvelle génération d’artistes, esclaves du tout pour le tout et dans l’immédiat, immerge de force les amateurs de mbalax, des sommités comme Omar Pène devrait sortir des opus chaque 6 mois pour garantir ne serait-ce que la diversité. Mieux, le père du Super Diamono reprend le micro pour ressasser les souvenirs du passé et pour certains, la belle époque. Fàttaliku est un album de 7 titres dans lequel Baye Pène, comme l’appellent affectueusement ses fans, a du se casser la tête pour choisir parmi ses 600 classiques, quelques morceaux pour célébrer les 50 ans du Super Diamono. Il s’agit des tubes Adama Ndiaye, Massata, Sa dom, Jokko et Gaïndé. Qui sont accompagnés par Lutax et Sokhna si, deux nouveaux titres. Hier, une séance d’écoute a été organisée avec la presse. La première information à retenir c’est qu’en 50 ans de carrière, le Super Diamono n’a pas pris de ride. Pour autant, la musique ne s’est pas cantonnée au passé. Bien au contraire. C’est dans un mbalax sophistiqué et dépouillé que Baye Pène a choisi d’administrer une piqûre de rappel comme pour dire qu’il est toujours là. Mais le plus impressionnant, dans cet album, est l’impression d’être dans une compétition entre les musiciens, et la voix de Baye Pène contraste avec ce qui faisait du leader du Super Diamono l’artiste qu’il est. En effet, connu pour son engagement, Oumar Pène avait l’habitude de choisir une musique dans laquelle sa voix est audible afin de mieux faire passer son message. Pour Fàttaliku, il a trouvé un compromis. C’est du 50-50. Dès les premières notes, il est difficile de se retenir tant le choix des instruments et leur union sont savamment pensés. Le seul regret : c’est en choisissant de revisiter certaines classiques, Omar Pene prend le risque de sortir ses fans de leur zone de confort. Adama Ndiaye, la version originale, est tellement ancrée dans la mémoire collective qu’y ajouter une modification est un sacrilège. Il est évident que beaucoup de fans vont préférer la version classique. Pour les deux nouveaux morceaux, Omar Pène, fidèle à sa ligne de conduite, fait un discours élogieux sur la femme et interroge la société, le tout dans une musique accessible et surtout dansante. Après avoir écouté l’album, on comprend pourquoi certains artistes l’appelle «Grand». Ce n’est nullement une question d’âge, mais plutôt de talent et de savoir-faire. Comparée à la tendance, sa musique est une bouffée d’oxygène pour ceux qui s’estiment offensés par une nouvelle génération d’artistes qui confond la musique avec la mal-bouffe des fast-foods.
Hommage aux Fds
Faut-il le préciser, c’est un double album que Omar Pène vient de sortir. Le deuxième, non moins important, est Fds. C’est un remerciement et un encouragement aux Forces de défense et de sécurité du Sénégal. Après leur avoir rendu hommage à la fin des années 90, Baye Pène revient cette fois en dédiant à chaque corps, un titre. Mais attention, Fds ne «se danse pas, mais il s’écoute». «J’avais déjà fait Soldat. Pourquoi ne pas aller plus loin en y associant la gendarmerie, les sapeurs et la police. Il se passe beaucoup de choses dans la sous-région. Nous sommes à l’abri de ce que vivent nos voisins. J’ai voulu qu’on reconnaisse ce que les Fds font pour nous. Elles nous protègent», a-t-il expliqué tout en précisant que les paroles ont été écrites par les Fds. «Il y a le concept Armé-Nation. Elles ne font pas que la guerre. Elles participent au développement du pays sur le plan sanitaire. C’est le moment de leur rendre hommage. C’est elles-mêmes qui ont écrit les paroles. Si on chante en français, on ratisse large. Pour faire comprendre aux autres que nos Fds sont là. Je touche du bois. Nos militaires ont une autre vision du développement que les voisins», a-t-il ajouté.
mgaye@lequotidien.sn


