Ne pas tomber dans leur piège

Depuis mars 2021 jusqu’à la Présidentielle de 2024, la société sénégalaise et son espace politique ont bouillonné au rythme des outrances et des transgressions répétées de Pastef et de son leader. L’hydre populiste est montée à l’assaut de la République avec les concours de porteurs d’eau, certains à visage découvert, d’autres encagoulés, disséminés dans toutes les sphères d’influence de la société : des agents de l’Etat, des universitaires, des journalistes, des société-civilistes, des religieux, et j’en passe. Tel un coronavirus, elle s’est répandue dans la société et l’espace politique avec souches et variants. Pendant plus de 3 ans, la fièvre populiste a secoué la marche du pays avec ses éruptions de discordes, de détestations, de divisions, de fracturations du corps social. C’est un pays convalescent qui a émergé de la purge de l’élection présidentielle, où le camp des victorieux, ivre de haine, de méchanceté et de mesquinerie, brandit la cognée du règlement de comptes.
Pendant trois longues années, nos concitoyens se sont étripés, affrontés au gré des caprices, des transgressions, des défiances de Pastef et de son leader. Arrivés aux responsabilités, il ne se passe pas une semaine, un mois, sans que le leader de Pastef n’enflamme le débat public par des provocations, des excentricités, défiant chaque fois les convenances et l’élégance républicaines. L’opinion binarisée, et la frénésie médiatique continue de s’emballer à chacune de ses sorties (coup d’éclat, coup de com’) qui auraient dû être confinées au registre de la diversion. Les sbires et les larbins du régime s’emploient avec un zèle immodéré à assurer le service après-vente d’élucubrations ou de menées étrangères à l’intérêt national et à l’éthique politique. En face, les veilleurs de la République s’épuisent à dénoncer des manipulations grotesques, des reniements révoltants, des libertés prises avec la vérité. Se rejoue sans arrêt le match commencé depuis l’apparition de l’anomalie Pastef.
Ceux qui croient à la République et sont écœurés des dérives du nouveau régime, ainsi que de l’effondrement en marche de notre modèle démocratique, devraient prendre garde à ne pas s’épuiser à accompagner Pastef et son leader dans leur jeu favori, l’outrance, la confrontation et la fracturation de l’opinion. S’ils en ont toujours fait leur carburant, c’est autre chose qu’il faut leur opposer, loin d’un ping-pong stérile qu’ils jouent à imposer. Trois années noires de cette dualité, c’est largement assez. L’heure est à proposer au Peuple sénégalais une espérance, un salut républicain hors du sectarisme pastéfien.
Il est certes important et pour le principe, de débusquer les tartufferies et les tromperies connaturelles au populisme pastéfien, de s’indigner des ignominies et des entorses à l’Etat de Droit qu’ils perpètrent. Il est tout aussi important de reconnaître et de s’abstenir de commenter des frasques qui ne sont que diversion, volonté de masquer une incompétence notoire à traiter les problèmes des Sénégalais, une absence totale de repères pour entamer la transformation du pays. Il importe de refuser l’assignation à réagir et à faire de l’écho aux écarts et enfantillages de Pastef et de son leader. Hier, il s’agissait de se dérober face à ses responsabilités en agitant un complot et une persécution d’adversaires politiques. Aujourd’hui, il s’agit de cacher un échec patent, une incapacité à honorer les promesses populistes d’hier. Il s’agit de détourner l’attention des impasses dans lesquelles le pays s’enfonce sous leurs yeux, de l’ouragan d’incertitudes et d’appauvrissement qui s’apprête à frapper le pays de part en part. Il ne faut pas tomber dans le piège de 5 années de disputes avec eux.
La vérité est que Pastef et son leader n’ont que faire de nos indignations, de nos récriminations, de nos alertes. Les paroles et les actes du leader ne s’adressent qu’à sa meute haineuse et revancharde. Il sait que sa congrégation d’égarés se nourrit d’ennemis imaginaires à humilier, à écraser, à envoyer pourrir en prison. Sa foule haineuse se nourrit d’accusations aussi grotesques qu’invraisemblables contre des concitoyens qu’aucun rapport public, qu’aucune preuve tangible n’a convaincu de quoi que ce soit à ce jour. Pour maintenir la haine intacte, il faut servir une ration régulière d’ennemis et de voleurs à lyncher ! Sa meute haineuse attend et guette le moment où, des citoyens, hier aux affaires ou fortunés finissent dépouillés, pauvres comme Job, sans le sou. Il doit entretenir l’avènement de ce soir funeste ! Sa foule haineuse n’a pas arrêté sa campagne pour marquer un temps de décence alors que la Nation endeuillée pleurait la disparition d’un de ses valeureux fils, Mouhamadou Moustapha Bâ ; il s’est même trouvé en elle des quidams qui jubilaient de cette disparition. Pour maintenir la haine intacte, il faut diaboliser encore et sans cesse le régime auquel ils ont succédé ! Sa meute haineuse abhorre la beauté, la grandeur, l’honneur et la bonté dans toute autre personne que leur leader. Et puisqu’aucune de ces bénédictions ne se trouve hélas en lui, sa foule haineuse les déteste tout court. Elle s’emploie à salir tous ceux en qui la Providence, l’extraction et un peu de mérite ont réuni ces bénédictions. Pour entretenir la haine, la lampe des gens de bien doit aller sous le boisseau.
La meute haineuse fanatisée est hors de portée d’une entreprise de rectification rationnelle. Elle a évincé la raison pour une foi en un homme élevé au rang de phénomène métaphysique. Il ne sert à rien de leur expliquer que confisquer des mandats, intimider, emprisonner ne donnent pas d’emplois à la jeunesse, ne sauvent pas l’université en crise, n’amélioreront pas nos performances économiques, notre redressement productif, n’apporteront pas de points de croissance à notre Pib. Aux démonstrations irréfutables et aux déconstructions des manipulations grossières, le sectarisme pastéfien opposera toujours l’insulte, la vulgarité, l’attaque à la personne, s’il ne vous disqualifie pas au motif que vous avez une aversion contre le grand timonier ou ne l’aimez pas.
L’attachement à la justice et à la vérité commande de distraire du débat public les faussetés, les sophismes et les manipulations que Pastef y a introduits. La responsabilité des républicains est de déporter le débat public sur les sujets de fond, les alternatives aptes à réparer l’amateurisme actuel. Elle est de tracer des chemins d’espérance et d’apaisement pour la Nation sénégalaise, loin du narcissisme des complexés. Que les pastéfiens se branlent à coup de verbiage populiste et de juridisme de gare routière est leur affaire, et grand bien leur fasse ! L’impératif républicain est de mépriser leurs provocations et leurs manœuvres de diversion, d’opposer aux délires narcissiques du Che sénégalais un cinglant : «Et après ? ou, Et alors ?»
Aux égarés, je crie que Moustapha Diakhaté est un otage politique, sa place n’est pas en prison !
Louis Mory MBAYE