L’historien et écrivain Djibril Tamsir Niane est décédé dans la nuit de dimanche à lundi à Dakar. Auteur du célèbre ouvrage « Soundjata ou l’épopée mandingue », Djibril Tamsir Niane était un gardien de la tradition africaine.

L’écrivain et historien guinéen Djibril Tamsir Niane, décédé dans la nuit de dimanche à lundi à Dakar, a fait connaitre la civilisation et l’histoire africaine, a souligné le président de l’Association des écrivains du Sénégal, Alioune Badara Bèye. Djibril Tamsir Niane est décédé à l’âge de 89 ans des suites d’une longue maladie. Spécialiste de l’Empire du Mali, Djibril Tamsir est né en Guinée. Il a fait ses études secondaire à Dakar avant de poursuivre ses études d’histoire à l’Université de Bordeaux en France, où il obtient une licence et un Des en 1959. Son mémoire portant sur l’Empire du Mali, il collecte auprès des griots, notamment Mamadou Kouyaté, les récits de la tradition orale. C’est à partir de ces recherches qu’il publie en 1960, Soundjata, ou l’épopée mandingue, son ouvrage le plus connu. Ce roman cité parmi les classiques africains est inscrit au programme scolaire, enseigné dans plusieurs universités du monde et traduit dans plusieurs langues.
« L’Afrique vient de perdre un monument. Djibril Tamsir Niane était très attaché au patrimoine africain, il était un gardien de la mémoire africaine. Parce qu’avec son ouvrage Soundjata ou l’épopée mandingue, un classique, il a fait connaitre à ceux qui ne connaissaient pas que l’Afrique avait une telle civilisation et une telle histoire» a dit Alioune Badara Bèye, Président de l’Association des écrivains du Sénégal dont il était membre honoraire. Enseignant à l’Institut polytechnique de Conakry, il rejoint ensuite l’Institut fondamental d’Afrique noire à Dakar (Ifan). Parmi ces ouvrages, on peut citer son premier livre Recherche sur l’empire du Mali au moyen âge (1959), son mémoire de recherche à l’université de Bordeaux, L’Histoire de l’Afrique Occidentale  (1961) coécrit avec l’historien et géographe français Jean Suret-Canale. Il a aussi écrit des pièces de théâtre historiques comme Sikasso ou la dernière citadelle suivi de Chaka publié en 1971 et des recueils de Contes d’hier et d’aujourd’hui (1985) ou Contes de Guinée (2006) qui rendent hommage aux historiens traditionnels de son pays, la Guinée. Il a participé aussi à l’écriture de L’Histoire général de l’Afrique sous la direction de l’Unesco avec l’historien et homme politique burkinabé Joseph Ki-Zerbo.

Une profonde connaissance de l’histoire du continent
Alioune Badara Bèye se rappelle du témoignage du poète-président Léopold Sédar Senghor qui avait beaucoup d’admiration pour Djibril Tamsir Niane. «Léopold Sédar Senghor avait beaucoup d’admiration pour l’écrivain Djibril Tamsir Niane parce que disait-il, son écriture me parle, il a une profonde connaissance de l’histoire du continent», se rappelle Bèye qui fait savoir que Djibril Tamsir Niane a été secrétaire général de la Fondation Léopold Sédar Senghor. Opposant politique au régime de Sékou Touré, ses écrits lui ont valu la prison et contraint à l’exil au Sénégal où il a fait ses études secondaires avant de rejoindre l’université de Bordeaux pour y obtenir un diplôme en histoire en 1959. « Il était un opposant courageux au régime de Sékou Touré, ce qui lui a valu beaucoup de sacrifices », souligne Alioune Badara Bèye. « Djibril Tamsir Niane a inscrit son nom dans l’histoire depuis très longtemps », estime pour sa part le poète Amadou Lamine Sall ajoutant que «Djibril Tamsir Niane a porté la Guinée comme le Bembeya jazz (groupe musical de la Guinée créé en 1961) a porté la Guinée».
Djibril Tamsir Niane était aussi le père du célèbre mannequin Katoucha Niane, un des premiers mannequins noirs internationaux, décédée en 2008 à Paris. Professeur honoraire de l’Université Howard (Etats Unis) ainsi que de l’Université de Tokyo au Japon, Djibril Tamsir Niane, a été en 2019, lauréat du Grand prix africain Yasser Arafat pour la paix et la liberté.
Avec Aps