Il y a des hommes qui ne meurent jamais ! Ils ne disparaissent pas car leurs œuvres seront à tout jamais gravées dans la mémoire collective. Le colonel Fallou Wade en fait partie. Celui qui a donné 41 de ses 74 années d’existence à l’Armée Séné­ga­laise a rendu l’âme ce mercredi. Une immense perte pour le Sénégal mais particulièrement pour la musique.

La musique sénégalaise perd un monument. Le colonel Fallou Wade a tiré sa révérence ce mercredi 23 septembre 2020 à Dakar. L’officier militaire est décédé à l’âge de 74 ans. Il laisse ainsi  un riche héritage derrière lui. En effet, si le traditionnel défilé du 4 avril a atteint ce niveau de notoriété, c’est en partie grâce à ce monsieur qui a donné 41 ans de sa vie à l’Armée Sénégalaise. Aux baguettes de la Musique principale des forces armées, le colonel Wade a marqué d’une pierre blanche la célébration de l’accession à l’indépendance du pays. Formé à l’ombre du lieutenant-colonel Jean Avignon, premier chef de la Musique principale des Forces armées entre 1966 et 1978, le Cl Wade est également diplômé du Conservatoire militaire de musique de l’Armée de terre en France. Par la suite, il va effectuer une tournée de concerts sous la houlette de son mentor dans 40 villes de France entre 1970 et 1972. Dans sa biographie, l’on apprend également que le colonel musicien a eu à fréquenter le Conservatoire supérieur de musique de Paris et l’Opéra de Paris pour des études instrumentales (Cor d’harmonie), d’écriture musicale et de direction d’orchestre. Cette expertise va lui valoir de nombreuses distinctions, mais également lui permettre d’être l’auteur de compositions qui ont marqué les esprits comme Ninki nanko ou Diaby diaby.
En 2004, il est choisi dans le jury international mis en place dans le cadre de la conception de l’hymne de l’Union africaine. Au final, c’est également lui qui est retenu pour être l’arrangeur de cet hymne. Quand l’ancien président de la République, Abdou­laye Wade, a voulu créer un hymne de la Renaissance africaine, il écrit les paroles et confie au Cl Wade le soin d’harmoniser et d’orchestrer l’hymne. Ce dont le Cl Wade s’acquitte de main de maître. Alors qu’il tient les rênes de la Musique principale des Forces armées, il fait profiter de son expérience les Armées de plusieurs pays voisins comme la Guinée-Bissau, la Mauritanie, le Niger et le Burkina Faso. Incorporé dans l’Armé le 15 octobre 1965, le Cl Fallou Wade était déjà chevalier dans l’Ordre national du mérite, l’Ordre du lion, l’Ordre national du mérite français et commandeur dans l’Ordre national du lion. Le colonel à la retraite Antoine Wardini a préféré retenir de lui «sa connaissance de la tradition militaire » tout en regrettant une «une grande perte».