Amadou Makhtar Mbow a été inhumé hier au Cimetière musulman de Yoff, après une cérémonie de levée du corps durant laquelle des hommages unanimes sur ses qualités ont été faits.

 

Par Justin GOMIS – L’esplanade de la Mosquée omarienne était noire de monde. Tous les citoyens du pays, tous rangs confondus, ont tenu à rendre un ultime hommage à Amadou Makhtar Mbow, décédé mardi à l’âge de 103 ans. Si les gens sont étreints par la douleur, ils préfèrent insister sur l’œuvre monumentale de l’ancien ministre de l’Education nationale, de la Culture et de la jeunesse, et Directeur général de l’Unesco. Le Premier ministre, accompagné des ministres des Forces armées Birame Diop, de la Justice Ousmane Diagne, de l’Intérieur et de la sécurité publique Jean-Baptiste Tine, de l’Hydraulique et de l’assainissement Cheikh Tidiane Dièye, a fait un témoignage élogieux sur le disparu : «Je suis là pour représenter le président de la République qui, comme vous le savez, est hors du pays. Mais il m’a chargé de transmettre ses sincères condoléances à la famille éplorée et surtout de l’informer de son intention de venir présenter ses condoléances à la maison. Avec le décès de Amadou Makhtar Mbow, le Sénégal perd un de ses plus dignes fils, lequel a consacré toute sa vie à se battre pour la construction de modèles aussi bien de développement que sociétal pour son pays, le Sénégal, et qui s’est battu toute sa vie pour faire rayonner l’image de son pays et de l’Afrique à travers le monde.»

Décédé à 103 ans : MBOW, UNE VIE CENT FINS

Ancien ministre de la Culture sous Me Wade, nommé hier ministre-conseiller à la Présidence, Amadou Tidiane Wone a fait le portrait d’un «homme rassurant, un homme apaisant, qui a donné du Sénégal l’une des meilleures images au monde». Il dit : «Il a brillé à la tête de l’Unesco, mais surtout il nous aura honorés par sa fermeté face à des puissances qui voulaient écrire l’histoire du monde à leur manière. Il a résisté, il a produit de l’intelligence et du sens pour l’humanité dans cette organisation qui appartient à tous, et notamment aux pays les plus démunis qui ont tant de choses à écrire, mais qui n’ont pas l’occasion de le faire.»

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En écho, Dr Awa Mbow dessine le même portrait de son père. «A l’occasion de la célébration de son centenaire au Musée des civilisations noires, Amadou Makhtar Mbow disait à ceux qui étaient venus le fêter, je cite : «Je ne sais pas combien de temps j’ai encore à vivre, mais j’ai consacré toute ma vie à essayer de faire du bien avec cette épouse-là à ma droite.» Son épouse, ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, ainsi que toute sa famille et tous ses proches peuvent attester qu’il a été un homme bon et aimant dont la vie riche et exaltante fut dédiée à penser et à faire du bien. Sa disparition marque la perte pour l’humanité d’un être lumineux qui a dignement marqué son époque et durablement influencé le monde.»

Amadou Makhtar Mbow et le Nomic : Un combat pour la démocratisation de l’information

Il faut savoir que la prière mortuaire a été dirigée par l’mam de la mosquée, Seydou Nourou Tall, en présence de Thierno Madani Tall, khalife de la famille de Thierno Mountaga Ahmad Tall de Dakar, conformément aux dernières volontés du disparu. Beau-fils de M. Amadou Makhtar Mbow, Amadou Kane, ancien ministre de l’Economie et des finances, révèle : «Il est important pour nous d’honorer ce dernier souhait de Amadou Makhtar Mbow qui avait voulu que sa prière mortuaire se fasse à la Mosquée omarienne. C’est ce qui explique que cette cérémonie soit tenue ici, dans la mosquée, malgré les travaux qui sont en cours. Par ailleurs, une des volontés du défunt était qu’on perpétue son travail à travers sa fondation pour les savoirs endogènes.»

Amadou Makhtar Mbow, décédé dans la nuit de lundi à mardi à Dakar, à l’âge de 103 ans, a été inhumé hier au Cimetière de Yoff. Ce qui clôt le roman de sa vie rempli de chapitres au service de l’humanité.

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