S’il y a encore des points à éclairer, le gouvernement salue une convergence de vues avec le Fmi, après sa rencontre avec sa Directrice générale. Si les discussions avancent pour signer un nouveau programme «rénové», aucun horizon n’est fixé. 

Le chemin est encore long pour sceller un nouveau programme, mais les sourires s’affichent sur les visages des dirigeants sénégalais à Wa­shington. Lors des Assemblées générales des institutions de Bretton Woods, la délégation gouvernementale, conduite par Cheikh Diba, a rencontré la Directrice générale du Fmi, Kristalina Georgieva, pour approfondir les discussions en vue de la conclusion d’un nouveau programme. «Cette rencontre a permis de constater une convergence de vues sur les prochaines étapes, notamment la tenue d’une réunion du Conseil d’administration, dans la phase suivante du processus, afin de statuer sur le misreporting et d’approuver un nouveau programme», annonce le ministère des Finances et du budget, dans un communiqué rendu public hier. Selon lui, «les échanges ont abouti à des engagements réciproques». Et dès la finalisation des échanges au niveau technique, le Sénégal et les services du Fmi «avanceront conjointement vers la soumission du dossier au Conseil d’administration», rassure le Mfb.

Pour affiner les projets, Cheikh Diba annonce une mission du Fmi à Dakar dès la semaine prochaine, pour parachever les discussions en cours à Washington. «Les parties se sont engagées à ouvrir une nouvelle page dans le partenariat entre le Sénégal et le Fmi», insiste M. Diba.

Après la rencontre avec la Directrice générale du Fmi hier, Kristalina Georgieva, à Washington, les «missionnaires» de l’Etat multiplient les signaux pour pousser l’institution financière à «presser le pas», comme l’avait demandé le Président Faye dans un entretien sur France 24. Abdourahmane Sarr, ancien de la boîte et tête de file du système économique du pays, met un coup de pression : «Le Sénégal a fait le choix de la transparence et de la discipline macroéconomique. Il a fait ce choix car la vérité est que la première ressource d’un pays n’est pas l’endettement, mais la confiance», insiste le ministre de l’Economie dans un post publié sur sa page Facebook. D’après M. Sarr, «le Fmi a un rôle à jouer de ce point de vue, car c’est un bien public qui peut donner gage de confiance face à un leadership politique crédible».

Cela suffira-t-il pour accélérer la cadence du Fmi ? Dans un langage diplomatique, qui ne fixe pas d’horizon, Mme Kristalina Georgieva a salué une «rencontre productive» avec le ministre sénégalais et son équipe. Elle a indiqué que les négociations sur «un nouveau programme soutenu par le Fmi, destiné à promouvoir la stabilité macroéconomique et la croissance inclusive, sont bien avancées et vont s’intensifier dans les prochaines semaines».

Sonko cherche une alternative
Cette évolution marque un signal moins alarmiste pour le gouvernement, pressé de décrocher un partenariat renouvelé avec le Fmi pour consolider sa stabilité financière et soutenir son développement. Cette signature permettra d’éloigner les nuages, surtout que la note souveraine du pays a été dégradée il y a quelques jours par Moody’s, annonçant une situation plus difficile. Même si le Premier ministre essaie de constituer une alternative locale. En Conseil des ministres hier, Sonko assure que des options ont été prises dans le cadre de la Loi de Finances initiale 2026 «avec le renforcement des synergies entre l’Ape (Appel public à l’épargne) et les autres instruments financiers existants, afin de construire une architecture financière cohérente et robuste». Et aussi, dit-il, la hiérarchisation des projets structurants éligibles à un financement endogène, à travers les ressources du Plan de Redressement économique et social et surtout «l’institutionnalisation de l’Ape comme instrument régulier de financement interne, adossé à des projets-cibles, à fort impact économique, social et territorial». «Dans le cadre de la Lfi et de la programmation budgétaire des investissements, certains projets stratégiques et prioritaires ont été sécurisés sur ressources internes, en attendant la finalisation des négociations avec les partenaires. Cette orientation marque une refondation profonde de la gouvernance de l’investissement public, visant à immuniser les projets catalytiques, essentiels au développement et à la transformation économique du pays, contre les risques inhérents aux financements extérieurs tels que la lourdeur des procédures et les suspensions ou annulations liées aux chocs exogènes», se projette le Premier ministre.
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