Le Collectif des concessionnaires du nettoiement du Sénégal (Ccns), qui réclame plus de 17 milliards d’arriérés de salaires, a lancé un ultimatum à l’Etat du Sénégal. À deux semaines de la Tabaski, le Collectif menace d’arrêter tout ramassage de déchets. Autrement dit, ce sont les poubelles qui déborderont.Par Ousmane SOW

– C’est toujours la même rengaine : À deux semaines de la Tabaski, le Collectif des concessionnaires du nettoiement du Sénégal (Ccns) brandit la menace d’une paralysie totale de ses activités. En cause : plus de 17 milliards d’arriérés de paiements, représentant 7 mois de services rendus et restés impayés. Une situation devenue, selon eux, « intenable » et qui pourrait déboucher sur une suspension pure et simple de la collecte et de la mise en décharge des déchets solides urbains sur l’ensemble du territoire national. Face à la presse, hier,  le collectif a lancé un ultimatum à l’État. Si rien n’est fait d’ici le jeudi 29 mai, ils arrêteront les prestations. « Le Collectif des concessionnaires du nettoiement du Sénégal, informe les ménages et usagers du système de nettoiement du pays, et avec regret, que ses prestations de collecte et de mise en décharge des déchets solides urbains risquent d’être interrompues sur l’étendue du territoire national, dès le jeudi 29 mai 2025 », a déclaré Boubacar Diallo, secrétaire général du collectif. Malgré les engagements pris par les autorités pour régulariser la situation, ils estiment qu’aucune mesure concrète n’a été prise. « Tous les engagements pris par les autorités dans le sens de régler nos factures impayées couvrant plus de 7 mois de prestations, ne sont toujours pas tenus », fustige Boubacar Diallo. La coupe est pleine. Le collectif dit ne plus pouvoir continuer à préfinancer une activité aussi lourde, alors que leurs propres employés sont sans revenus depuis plusieurs mois. «Nous sollicitons toute la compréhension des populations usagers et ceci, malgré tout le lot de nuisances et les risques sanitaires susceptibles d’être engendrés par de telles perturbations », a-t-il poursuivi.

C’est surtout l’approche de la fête de Tabaski qui cristallise les tensions. Pour les concessionnaires, la situation est d’autant plus inacceptable que leurs agents n’auront pas les moyens de célébrer dignement cette fête. « En cette veille de Tabaski, nous avons compris que l’État et la Sonaged ont priorisé leurs salariés au détriment de nos salariés. Et en toute logique, nous allons nous aussi et malgré nous, utiliser le peu d’argent qui nous reste d’ici la fête, pour payer les salaires de nos employés qui ont besoin de Tabaski comme tous les Sénégalais », a dénoncé Boubacar Diallo. Même son de cloche du côté de El Hadji Bara Sall, membre du collectif, qui dénonce une situation difficile.

«Depuis 7 mois, nous sommes sans salaire. Et ce n’est pas normal à l’approche de la Tabaski », fulmine-t-il. « Un père de famille qui travaille pendant un mois sans recevoir de salaire, c’est une grande difficulté vis-à-vis de sa famille. On nous doit 7 mois pour une valeur de 17 milliards environ», précise-t-il, avant de rappeler que le collectif a saisi les autorités à plusieurs reprises. «Le 20 mai dernier, on a saisi le ministère par courrier, on est en attente de réponse. On a même écrit une lettre au Premier ministre mais, on est encore en attente de réponse », a-t-il déploré.
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